1er juin 1979 : les SuperSonics remportaient leur premier et unique titre, retour sur ce jour de gloire à Seattle

Le 01 juin 2019 à 18:58 par Arthur Baudin

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Si les Seattle SuperSonics ne font aujourd’hui plus partie de la ligue, cette franchise est loin de tomber aux oubliettes et en ce 1er juin, c’est l’occasion idéale de lui rendre hommage. Pourquoi ? Parce que Seattle a remporté son seul et unique titre un 1er juin, en 1979 plus exactement. Allez, on remonte les chaussettes et on revient plusieurs décennies en arrière, afin de se plonger dans les Finales entre les Seattle SuperSonics et les Washington Bullets. Une série d’une rare intensité où des joueurs all-time se sont filés des gifles, et notamment dans la peinture.

Nous sommes le 1er juin 1979 à Washington. Le Capital Centre se prépare à abriter les cris de 19 000 spectateurs en transe. En effet, ce soir-là, le match 5 des Finales entre les SuperSonics et les champions en titre, les Washington Bullets, se joue. Les habitants de la capitale ne demandent qu’une seule chose : le back-to-back. Et ça, ils en ont les moyens compte tenu de leur effectif. D’abord, on retrouve l’homme qui a réalisé des débuts tonitruants en NBA en 1969 : Wes Unseld. Et oui, être rookie de l’année et MVP de la saison régulière, tout ça sur sa première campagne dans la Grande Ligue, ça s’appelle dominer. Depuis, le pivot de 2m01 (oh shit) s’est calmé et en 1979, il produit 10,9 points et 10,8 rebonds par rencontre. Alors oui, c’est très potable mais ça reste loin de ses premières saisons (13,8 points pour 18,2 rebonds sa première année). Néanmoins, il est bien entouré avec Elvin Hayesl’un des joueurs les plus sous-cotés de tous les temps, qui tourne à 21,8 points et 12,1 rebonds en 1979. Une raquette très solide donc avec The Big E en ailier fort et Unseld qui refait la peinture. Les types sont de véritables hommes de main, chaque ballon doit retomber dans leur gosier. Pour être clair, Wes est le douzième meilleur rebondeur de l’histoire de la NBA, et Hayes le quatrième. Ajoutez à cela le quadruple All-Star Bob Dandridge, qui tourne à plus de 20 points de moyenne en 1978-1979, ainsi que des joueurs de qualité comme par exemple l’extérieur Kevin Grevey, et vous obtenez une bien belle équipe. Mais le squad de Washington est mené 3-1 par une équipe de Seattle également bien garnie. La philosophie de jeu du coach Lenny Wilkens se base sur un Big Three bien à l’ancienne : Dennis Johnson, un arrière scoreur et très dur sur l’homme, Jack Sikma, l’intérieur qui est chargé de faire l’éboueur contre les meilleurs dans ce domaine, et Gus Williams, un nabot d’1m88 gros intercepteur, meilleur marqueur de la série et qui déglingue les feuilles de match. Ils sont en mission à Washington pour décrocher le premier titre de l’histoire de la franchise.

L’entre-deux est lancé dans une grosse ambiance, on remarque tout de suite que le basket pratiqué en 1979 est évidemment bien loin de celui d’aujourd’hui. Pas de ligne du parking, on fait donc un barbecue collectif dans la raquette. Pour le backcourt, c’est tout un art de tourner autour de la peinture et de décocher un tir en suspension à mi-distance. Le plus souvent ça fait filoche à l’image de Gus Williams et Dennis Johnson qui peinent à être muselés par leurs vis-à-vis. Bob Dandridge quant à lui, alterne entre tirs extérieurs, drives assassins et jeu dans les petits périmètres. Concrètement, on va pas se mentir c’est un sacré bordel, mais excitant à regarder. Un vrai combat entre les intérieurs et Jack Sikma s’en sort très bien notamment avec une claquette dunk sur Elvin Hayes dans la fin du premier quart-temps. Mais ce dernier martyrise le grand blond en attaque. Les joueurs de la capitale sont devant et mènent 30 à 19, la salle est en ébullition. Le second quart-temps se déroule sous forme de question-réponse, on se rend coup pour coup et les Bullets mènent 51-43 à la pause. Jack Sikma fait un véritable chantier et assure très bien le rebond défensif. L’arrière de Washington Phil Chenier peine à trouver son rythme et déglingue la planche à 1/7 au tir, ainsi les joueurs en vert rattrapent peu à peu leur retard et ne sont plus qu’à trois petits points au début du dernier quart-temps. Et sous l’impulsion de Dennis Johnson dans ce dernier acte, Seattle passe en tête et mène 95-91 dans la dernière minute du match suite à un tir en suspension de Dennis. Sur la possession suivante, Gus Williams se jette comme un chien sur Larry Wright, mais fait faute et Washington est dans le bonus. Le meneur est à 0/2 aux lancers-francs jusque-là mais ne tremble pas et ramène les Bullets à deux points des Sonics, avec 38 secondes à jouer. L’action qui suit rentre dans la légende de Seattle puisqu’on assiste à un cafouillage dans la raquette après un shoot raté de Johnson, le ballon est ressorti sur Gus Williams et les Bullets sont obligés de faire faute. Le meneur réussit ses deux lancers, offrant le premier titre aux Sonics. Qu’il fait froid au Capital Centre.Finales 1979 G5

Cet affrontement est aujourd’hui un peu tombé dans l’oubli comparé à la considération qu’il devrait avoir. Idem pour certains joueurs. Parmi eux, Gus Williams, qui a clairement marqué ces Finales de son empreinte même s’il n’a pas été nommé MVP (c’était Dennis Johnson), terminant à 28,6 points par rencontre à 49% au tir. Une performance ultra-clutch pour un dernier tour de Playoffs. Il totalise 1 638 interceptions en carrière et son maillot a été retiré par la franchise. Également Jack Sikma, capable d’aller prendre 17 rebonds sur la tête de deux éboueurs all-time. Bah ouai, white men can jump. Il en est de même pour les Wes Unseld, Elvin Hayes… Des grands joueurs qui sont présents dans des classements all-time, mais qui sont rarement mentionnés aujourd’hui. Cette finale, elle date évidemment et elle s’est déroulée quelques années avant la rivalité entre Magic Johnson et Larry Bird, qui a permis à la NBA de véritablement décoller. Tout ce qui s’est passé avant, c’est un peu la préhistoire quoi. Pour info, trois acteurs de ces Finales sont aujourd’hui intronisés au Hall of Fame : Wes Unseld, Elvin Hayes et Dennis Johnson, en attendant peut-être Jack Sikma qui est dans les 13 finalistes pour cette année.

Quelle confrontation entre Bullets et SuperSonics, deux franchises qui n’existent plus sous ces noms-là aujourd’hui mais qui ont marqué la ligue, avec des grands joueurs qui méritent sans doute plus de reconnaissance. On peut dire que c’est une finale sous-cotée, autant au niveau du jeu que de ses acteurs.

Source texte : Basketball Reference