Les terrifiantes coulisses des Lakers : Free Agency et Draft de l’intersaison 2018, de grandes blagues réalisées en cachette

Le 29 mai 2019 à 17:42 par Bastien Fontanieu

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Source image : Montage NBA League Pass

Bombe H sur Los Angeles. Pas la première, peut-être pas la dernière. Mais celle-ci a fait beaucoup de dégâts en l’espace de quelques heures. Reporter chez ESPN, Baxter Holmes a envoyé un dossier à scandales sur les coulisses des Lakers, une franchise dont le niveau de dysfonctionnement est tout simplement effarant depuis quelques temps. Partie 3, la Draft et la Free Agency de l’intersaison 2018.

C’est en détail que Holmes, qui couvrait avant les Celtics et s’est déplacé à Los Angeles il y a quelques années, s’est exprimé sur la franchise des Lakers. Un niveau de recherches, de sources, de liaison entre chaque élément trouvé et de rédaction qui nous laisse forcément bouche-bée, tant les accusations sont nombreuses et troublantes. Des accusations qui ne se basent pas sur du vent, puisque bon nombre de membres et ex-membres des Lakers se sont exprimés dans l’anonymat en coulisses, offrant à Baxter suffisamment de came pour créer une telle bombe. Cette troisième partie se penche sur un moment-clé de la récente histoire de la franchise, l’intersaison 2018 et deux grands moments en son sein. D’abord, la Draft de la fin du mois de juin, et ensuite, la free agency que l’on connaît tous…

Plusieurs morceaux ont été récupérés dans le dossier en question, afin de cibler un sujet qui avait créé de nombreux débats l’été dernier. On s’en souvient encore comme si c’était hier. Les Lakers, qui espéraient signer un gros poisson au mois de juillet, démarraient leur intersaison avec la Draft. Jusque là, pas trop de soucis même si on va voir grâce à cette investigation que le procédé fût tout de même assez intrigant. Pour le grand public, c’est surtout la free agency qui va déchaîner les passions avec un enchaînement de décisions qui va embraser l’été 2018. Rajon Rondo, JaVale McGee, Lance Stephenson, Michael Beasley, des merveilles de la NBA dont les arrivées vont remettre en question la logique des Lakers en interne. Pourquoi avoir créé une telle collection dans le vestiaire de Luke Walton ? Pour répondre à cette question, il faut comprendre les méthodes de Magic Johnson et Rob Pelinka, et on vous laisse imaginer la beauté de celles-ci…

Cette histoire a lieu le 21 juin 2018, lorsque les membres du staff des Lakers se rassemblent au centre d’entraînement de la franchise pour la Draft de cette année. Les Lakers avait deux salles spécifiques installées au sein de leur établissement. Magic et Pelinka se situaient dans une salle, tandis que les exécutifs, scouts et autres membres de l’équipe qui avaient aidé à évaluer les différents prospects de la Draft à venir se situaient dans l’autre, selon plusieurs membres présents à ce moment précis.

Alors que les Lakers s’approchaient de leur 25ème choix au premier tour de la Draft, les membres du staff situés dans la seconde salle s’attendaient à voir la franchise sélectionner Omari Spellman de l’université de Villanova. Un membre des opérations basket affirme même que le staff était excité devant cette possibilité, sachant que Spellman était le joueur le mieux classé sur le tableau des joueurs disponibles à cette 25ème place chez les Lakers, selon plusieurs membres du staff présents à ce moment précis. Au lieu de ça, les Lakers sélectionnèrent Wagner, un intérieur de Michigan. Plusieurs sources disent que dans la salle en question, les scouts et membres du staff étaient choqués de voir le pick de Draft en direct à la télévision.

Pourtant, les Lakers de Magic et Pelinka ont déjà eu du pif par le passé. Josh Hart et Kyle Kuzma sont des sélections étiquetées sous ce management, on ne peut donc pas affirmer que les résultats sont aussi flippants que les méthodes. Le problème, c’est qu’il s’agit ici d’un échantillon, une petite part d’un énorme gâteau, qui symbolise la distance entre les deux têtes dirigeantes de Los Angeles et le reste de leur staff. Prendre la décision finale en se basant sur ses ressentis et sa propre réflexion, c’est le rôle in fine d’un président des opérations basket et de son GM. Il n’y a donc rien de choquant à cela. Mais prendre la décision finale sans consulter les personnes qui ont bossé toute l’année pour ce moment précis, là ça devient tendu. Surtout quand, une fois que les détails de la sélection sont partagés en public, on découvre une logique à l’opposé de celle du poste en question et du travail que cela demande.

Plus tard, Rob Pelinka indiqua à son staff qu’il avait entendu des choses négatives sur Spellman, et qu’il en avait notamment parlé à Josh Hart des Lakers, qui avait évolué à Villanova avant l’arrivée de Spellman. Selon Pelinka, Hart validait les inquiétudes mentionnées. Les membres du staff étaient choqués, et certains affirment qu’il s’agissait là d’un nouvel exemple de décision unilatérale pris par Pelinka et Magic Johnson sans prendre en compte l’avis des personnes importantes qui sont habituellement au centre de ce genre de décision. “Le fait qu’il aille secrètement voir un joueur et donc dans le dos de tout le monde, il est là le problème,” rappelle un membre du coaching staff.

Plusieurs membres du staff ont été jusqu’à voir ceux avec qui Pelinka affirmait avoir parlé, juste pour s’assurer que ces conversations avaient bien eu lieu. Dans ce cas précis, une source proche de Hart dit que les deux hommes ont bien discuté mais brièvement, pendant moins d’une minute, et Hart a partagé le fait que Spellman avait une très bonne étique de travail, mais qu’il avait des doutes sur la condition physique du joueur.

Chaque franchise a ses méthodes, et le but ici n’est pas d’écarter les Lakers du groupe pour les pointer du doigt, juste parce que. On a vu pas mal de managements agir de manière troublante, les Hawks de Danny Ferry par exemple qui ont eux aussi été dans la tourmente lorsque l’affaire Luol Deng sortait des coulisses. Le problème, c’est que comme on peut le voir dans ce grand dossier qui fait boom, le dysfonctionnement touche de nombreux aspects du quotidien de la franchise. On parle à l’instant de la Draft, mais que dire de la Free Agency ? Une fois la signature de LeBron en juillet dernier, les accords qui vont être passés plongeront Los Angeles dans un été de doutes et d’intrigue. Est-ce que ces fortes têtes peuvent cohabiter ? Combien de temps cela va durer ? Et qui peut tenir le navire pendant toute une saison ? D’abord pointés du doigt pour leur recrutement aussi explosif qu’énigmatique, les Lakers – en interne – vont se rendre compte que la façon d’opérer n’est déjà pas très prometteuse. Peut-être, aussi, parce que certaines signatures vont être découvertes… à la téloche. Sympa quand t’es dans les coulisses de la franchise et que tu bosses sur le sujet depuis des semaines.

Suite à la signature de LeBron et avec pour mission de construire une équipe compétitive autour de lui, le management des Lakers va récupérer des vétérans aux humeurs inégales, des joueurs comme Rajon Rondo et Lance Stephenson, JaVale McGee et Michael Beasley. Ces acquisitions étaient critiquées publiquement, bien que Pelinka les défendait personnellement. Et LeBron, qui était consulté sur ces signatures, validait le projet.

Saut que plusieurs membres du coaching staff et des opérations basket disent que Pelinka et Johnson ont réalisé ces signatures en ne demandant que très peu voir aucun de leurs avis, allant même jusqu’à renoncer de rassembler des informations venant de membres du staff qui avaient précédemment travaillé avec certains des joueurs signés. Plusieurs membres du staff disent même qu’ils ont appris ces signatures à travers les médias. Un représentant des Lakers dit cependant que Pelinka et Johnson ont consulté chaque membre du front office mais que la décision ultime resterait entre leurs mains.

“On a eu la même réaction que celle de la planète basket à ce moment, on se demandait qu’est-ce que c’était que ces foutus signatures ?”, témoigne un membre du coaching staff des Lakers. “Non seulement on ne prend pas de bons shooteurs, mais en plus on récupère ce qui reste sur le marché.”

“On était tous très confus,” se souvient un membre du front office. “Tout cela n’avait aucun sens.”

Projet culotté, envie de small ball et de création plutôt que de tout laisser dans les mains de LeBron, si les signatures de l’été 2018 étaient troublantes, elles possédaient une logique que le management des Lakers voulait défendre. Malheureusement, non seulement ça n’a pas marché, mais en plus on voit aujourd’hui comment ce recrutement a été effectué.

Source : ESPN – Baxter Holmes