Les terrifiantes coulisses des Lakers : Rich Paul, le bras-droit de LeBron qui manipule la franchise dans l’ombre

Le 29 mai 2019 à 09:39 par Bastien Fontanieu

Rich paul Klutch Sports

Bombe H sur Los Angeles. Pas la première, peut-être pas la dernière. Mais celle-ci a fait beaucoup de dégâts en l’espace de quelques heures. Reporter chez ESPN, Baxter Holmes a envoyé un dossier à scandales sur les coulisses des Lakers, une franchise dont le niveau de dysfonctionnement est tout simplement effarant depuis quelques temps. Partie 2, Rich Paul.

C’est en détail que Holmes, qui couvrait avant les Celtics et s’est déplacé à Los Angeles il y a quelques années, s’est exprimé sur la franchise des Lakers. Un niveau de recherches, de sources, de liaison entre chaque élément trouvé et de rédaction qui nous laisse forcément bouche-bée, tant les accusations sont nombreuses et troublantes. Des accusations qui ne se basent pas sur du vent, puisque bon nombre de membres et ex-membres des Lakers se sont exprimés dans l’anonymat en coulisses, offrant à Baxter suffisamment de came pour créer une telle bombe. Cette deuxième partie se penche sur Rich Paul, le bras-droit de LeBron qui est devenu une des figures les plus respectées et à la fois redoutées du monde des agents. Depuis son arrivée à Los Angeles, et depuis bien avant, Paul tire bon nombre de ficelles dans l’ombre…

Plusieurs morceaux ont été récupérés dans le dossier en question, afin de cibler un sujet qui fait de plus en plus rager les fans de la franchise. Rich Paul, membre de la clique de LeBron depuis des années et donc personnage important autour du King. En ayant réussi à s’en sortir lui aussi grâce à son intelligence, sa malice et sa patience, Paul est devenu un homme écouté dans le circuit des agents les plus influents au monde. Sauf qu’à Cleveland, Rich pouvait agir en douce et ne pas trop se faire gauler. Tandis qu’à Los Angeles, au bout d’un moment, tu te fais rapidement remarquer… Genre à un dîner avec Adam Silver, le patron de la NBA, par exemple.

En novembre, le commissionnaire de la NBA Adam Silver et le partenaire business de LeBron qu’est Maverick Carter depuis de longues années ont déjeuné ensemble. L’agent de LeBron, Rich Paul, était assis à une table avoisinante, et à un moment, il approcha Silver pour se plaindre de ce que faisait Luke Walton avec l’équipe, comme le confirment plusieurs sources ayant eu écho de cet échange. Paul a dit qu’il ne pensait pas voir en Walton le bon coach pour les Lakers. Silver mit ces remarques de côté et demanda à Paul qui serait le bon coach pour les Lakers, selon lui. Paul suggéra Tyronn Lue.

Paul faisait également savoir via différentes conversations tenues à l’écart, incluant celles avec différents reporters, qu’il n’était pas d’accord avec Walton. Paul critiqua la distribution de minutes de Walton à différents joueurs et ses rotations changeantes, ce qui était le résultat de plusieurs blessures et suspensions. Plusieurs membres du coaching staff des Lakers ont eu vent de ces conversations et se sont demandés si l’entretien volcanique entre Magic Johnson et Luke Walton était influencée par Paul.

Cet entretien, on s’en souvient, avait eu lieu quelques matchs après le début de la saison. Alors que Magic avait joué la carte patience tout au long de l’été, le président des opérations basket des Lakers faisait savoir à Walton, propriétaire de 5 défaites sur les 8 premiers matchs, qu’il devait vite se reprendre. Adrian Wojnarowski avait rapporté cet échange à l’époque, et vu les bases qu’installait Rich Paul à Los Angeles, il n’était pas paranoïaque de penser que Magic et Paul échangeaient à ce sujet, que cela s’avère vrai ou faux au final. Il faut dire que le coaching staff des Lakers ne voyait pas l’agent de LeBron pour la toute première fois. Déjà, à l’époque où le King jouait encore à Cleveland, Paul se baladait du côté de Los Angeles pour voir si son client-star pouvait envisager un déménagement dans la franchise aux 16 titres. Le genre de situation qui peut se comprendre quand on visite les rues de la cité des anges, mais qui est nettement plus chelou quand l’agent en question a accès… aux coulisses de la franchise. Là, la parano se justifie facilement par la suite.

Paul représentait l’arrière Kentavious Caldwell-Pope bien avant que LeBron ne signe à Los Angeles. Lorsqu’il fût aperçu dans la salle d’entraînement des Lakers pendant la saison 2017-18, sa présence créa un sentiment de malaise au sein du coaching staff, et ceux autour de Walton qui savaient très bien que les Lakers visaient le client le plus prisé de Rich Paul, LeBron James.

“Il était très clair, pour nous, que Paul analysait les capacités d’entraîneur de Walton, et Luke est tout à fait conscient de cela,” partage un membre du staff qui était présent chez les Lakers pendant cette période.

Initialement, l’idée de Magic et de Pelinka était bonne. Donner davantage d’accès aux agents de joueurs dans les coulisses de la franchise, afin que ceux-ci puissent voir à quel point leurs joueurs évoluent dans de bonnes conditions. Le problème, c’est que dans le cas de Paul, il s’agissait nettement plus de scouting que d’autre chose. Vas-y, pars en éclaireur, va voir ce que cela donne avec Walton et compagnie, et dis-moi ce que cela donne. Impossible d’affirmer que LeBron a tenu ces propos, mais il y a certainement eu une dynamique allant dans ce sens, entre LBJ et son agent. Et en étant conscients de cette éventualité, le management des Lakers représenté par Magic et Pelinka va… comment dire… être extrêmement sympathique envers Rich Paul, en ayant l’été 2018 et LeBron James dans leur viseur. En effet, le cas de KCP va créer de nombreuses interrogations au sein de la franchise, suite à une mésaventure qui aurait dû lui valoir une logique suspension. Malheureusement, quand vous souhaitez signer LeBron dans quelques mois, que son agent rôde dans vos coulisses et qu’il représente également Kentavious, vous devez faire des choix et les Lakers ne vont pas forcément prendre les bons, d’un point de vue éthique.

Cette même saison, Caldwell-Pope était autorisé à s’entraîner avec l’équipe alors qu’il purgeait une peine de 25 jours en prison après avoir violé les termes de la liberté surveillée dont il était sujet après une arrestation pour conduite en état d’ébriété. Cette décision, comme se rappellent de nombreux membres du staff des Lakers, créa des troubles au sein de la franchise. Caldwell-Pope fût autorisé à quitter le centre de détention du Seal Beach Police Department afin de participer aux entraînements ainsi qu’aux matchs des Lakers joués en Californie, dans le cadre d’un programme de travail pour sa remise en liberté, mais il n’était pas autorisé à voyager en dehors de cet état, ce qui lui fit louper un match à Cleveland, un à Minneapolis, et deux à Houston. Au total, Caldwell-Pope manqua 4 matchs pendant sa peine de prison mais il participa à neuf rencontres, en étant titulaire à chaque fois.

“N’importe quelle autre équipe l’aurait placé en congé à motif personnel, ou l’aurait tout simplement suspendu,” s’étonna un membre du staff des Lakers.

“J’ai eu un vrai problème, personnellement, avec cela,” se souvient un membre de l’exécutif de la franchise.

Quelques faveurs ici, quelques faveurs là, attention à ne pas rendre Rich Paul ronchon, soudainement le management des Lakers et donc les décisions prises par Magic Johnson en duo avec Rob Pelinka prenaient une tournure troublante. Faut-il aller jusque là pour obtenir le meilleur joueur de la planète ? Quand on sait qu’au final LeBron a signé aux Lakers, pourquoi pas, mais cela va forcément causer des répercussions dans les recoins de la franchise. Car malin comme il est, Paul ne va pas simplement se contenter de rôder dans les coulisses des Lakers pendant tout ce temps. Les faveurs mentionnées ci-dessus vont devenir multiples et variées, le management de Los Angeles offrant un accès aussi privilégié que flippant à l’agent de LeBron. Le genre de faveur qui peut tirer un trait sur les us et coutumes d’une équipe professionnelle, de ses habitudes et de son niveau d’intimité. Rich Paul, open-bar chez les Lakers ? Y’a un peu de ça.

Des membres du staff et d’autres personnes proches de l’équipe rapportent à ESPN qu’il y aurait ensuite eu une présence accrue de Paul et de son agence Klutch Sports dans la franchise, d’une manière assez étrange de leur point de vue. Par exemple, trois sources internes aux Lakers et connaissant les détails des déplacements de l’équipe racontent indépendamment que Paul prenait l’avion avec l’équipe à de multiples occasions pendant la saison, un acte que de nombreux exécutifs, GM et agents au sein de la Ligue considèrent comme étant inhabituel, pour ne pas dire jamais vu auparavant.

Pauln’a pas nié à ESPN le fait qu’il a pris l’avion avec les Lakers, même s’il a dit qu’il le faisait également lorsque LeBron jouait à Cleveland et Miami. Plusieurs sources consultées, et qui ont pris ces avions avec LeBron lorsqu’il évoluait dans ces franchises, réfutent cette affirmation.

Un représentant des Lakers nous a confirmé que Paul a bien pris l’avion avec l’équipe, même s’il a souligné le fait que cela ne s’était produit qu’une seule fois. Il s’agissait d’un vol traversant tout le pays, et Paul avait rencontré des soucis sur son propre vol. Les Lakers n’ont pas détaillé la date de ce vol, mais ils ont affirmé que Luke Walton avait obtenu la possibilité de refuser la présence de Paul à bord de son avion, possibilité qu’il n’a pas utilisé.

Cela peut paraître anodin ainsi dit. Un agent de joueur qui prend l’avion avec son client, mouais, bon. Le problème, c’est que cela viole en grande partie les règles qui existent au sein d’une équipe. Le vestiaire, c’est le vestiaire. Le groupe, c’est le groupe. Il y a donc des moments où personne d’autre ne doit rentrer dans le cercle, car ce sont ces moments qui solidifient l’équipe et permettent de construire des bases de cohésion fondamentales pour la suite. Comment discuter sereinement quand vous avez un agent à bord de l’avion ? Comment Luke Walton, par exemple, peut demander à Kentavious Caldwell-Pope de venir le voir pour réaliser des ajustements défensifs, car il en a chié sur la rencontre précédente ? En soit, le coach des Lakers peut agir et faire sa tambouille dans son coin, mais impossible de bosser sereinement quand tu sais que derrière ton épaule se trouve un observateur puissant, qui pourra prendre des décisions cruciales dans les mois à venir. Même chose concernant LeBron, comment vouloir qu’une équipe se comporte normalement, que ce soit les coéquipiers comme le staff, lorsque l’agent du joueur est à bord, se marrant avec le King ? Doucement mais sûrement, en se faufilant dans les entrailles de la franchise, Rich Paul va prendre une place énorme, trop importante, créant évidemment une ambiance morose au sein de l’équipe. Preuve étant, ces témoignages qui traduisent parfaitement le sentiment d’insécurité ressenti par certains en voyant le fonctionnement de base d’un groupe en NBA partir en vrilles.

Au sein du coaching staff des Lakers, l’idée selon laquelle Paul voulait que Walton soit viré pris place. Et selon plusieurs membres du staff ainsi que des agents de joueurs spécifiques dans l’équipe, plusieurs athlètes étaient persuadés que Klutch Sports faisait tout son possible pour qu’ils soient transférés en échange d’une superstar. Ce ressenti étant partagé par plusieurs membres de la franchise, un ancien joueur des Lakers a décrit la présence de Paul dans l’avion comme étant “un meurtre de la culture d’équipe”.

“Les entraîneurs savent que Rich essaye de faire en sorte qu’ils soient virés, et les joueurs savent que Rich essaye de faire en sorte qu’ils soient transférés,” a affirmé un agent ayant des liens avec la franchise, ajoutant que la présence de Paul dans l’avion des Lakers était “destructrice.”

Et depuis ? Tout semble se dérouler à merveille pour l’agent de LeBron, qui peut parler au patron de la NBA du fait qu’un entraîneur n’est pas le bon pour sa star, qui peut créer une campagne de communication flinguée autour d’Anthony Davis (un de ses clients) afin de forcer un transfert à Los Angeles, et qui continue à agir de manière borderline, tout ça sous validation du management des Lakers. Certains parlent de la franchise comme étant les Klutch Sports Lakers plutôt que les Los Angeles Lakers, cet aperçu dans les coulisses ne va pas nous permettre de penser le contraire.

Source : ESPN – Baxter Holmes