Kevin Durant assure que le ciel a toujours été bleu dans le vestiaire des Warriors : depuis dimanche, y’a pas de doute
Le 01 mai 2019 à 10:04 par Benoît Carlier
Après un début en mode diesel, Kevin Durant est rapidement devenu inarrêtable dans ces Playoffs. Le mode MVP des Finales a été activé et personne n’a l’air capable de l’arrêter. Surtout pas toutes les critiques qui ont été faites à son sujet.
Le Slim Reaper aura mis deux matchs avant de réellement se mettre en route lors de cette postseason. Après des Game 1 et 2 compliqués face aux Clippers d’un Patrick Beverley qui ne le lâchait pas d’une semelle, toutes proportions gardées puisqu’il a quand même inscrit respectivement 23 et 21 points sans passer en-dessous des 50% d’adresse au tir, le numéro 2 de Draft a passé la deuxième sans que rien ni personne ne puisse vraiment le stopper dans son carnage. Les statistiques depuis ce changement d’état d’esprit ? 38,3 points, 5,5 rebonds et 5,1 assists à 52% au tir et 42% du parking en six matchs. Pourtant, KD refuse de parler de revanche ou d’attribuer cette belle série aux critiques qui sont sorties dans les médias ou sur les réseaux sociaux. S’il y a eu un déclic, c’est dans sa tête et nulle part ailleurs comme il l’a expliqué au micro d’Anthony Slater de The Athletic.
“Pas vraiment. Je pense que vous avez tous profité de moi. Vous avez tous décidé de me critiquer. Pas mes coéquipiers, seulement les gens de l’extérieur. Les gens me critiquaient en décortiquant tout ce que je faisais. Je n’étais pas énervé. Je l’aurais été il y a quelques années et ça n’aurait sûrement pas terminé comme ça. J’avais juste l’impression que personne ne savait de quoi il parlait. C’est ça le truc avec moi maintenant. Les gens ne peuvent pas vraiment me critiquer sur mon jeu alors ils cherchent d’autres choses. Avec Patrick Beverley la critique était qu’il était rentré dans ma tête. […] Les gens n’aiment pas ce que je suis, ils n’aiment pas mon approche. Ils n’aiment pas le fait que je ne souris pas et que je ne sois pas aussi exubérant que certains ou que je ne les fasse pas se sentir bien quand ils viennent voir un match. Mais ce n’est pas mon boulot. Mon boulot est de rester concentré sur moi.”
Depuis son arrivée dans la baie d’Oakland, le MVP 2014 n’a pas eu beaucoup de tranquillité. D’abord insulté par les fans du Thunder des 29 autres franchises de la Ligue à son départ, il a ensuite régulièrement dû affronter les critiques avec plus ou moins de tact. L’affaire du faux compte Twitter a laissé des traces et c’est donc davantage la communication du joueur qui est remise en cause que son niveau alors que Steve Kerr vient récemment de le comparer publiquement à Michael Jordan dans les médias. Le numéro 35 est un excellent joueur de basketball, l’un des plus grands de sa génération à n’en pas douter. Mais le switch opéré il y a quelques années pour devenir un faux tough guy n’a pas arrangé les choses. Si quelqu’un a pu suivre l’évolution du produit de Texas plus que quiconque, c’est sûrement Anthony Slater, ancien insider pour The Oklahoman qui a profité du déménagement de Durant pour s’installer avec lui du côté de la Californie. Le temps y est plus sympa et les tornades moins fréquentes, et ça lui a surtout permis de côtoyer le ROY 2008 depuis quasiment ses débuts en NBA au point qu’il devrait probablement écrire un livre un jour à son sujet. Toujours fourré dans les coursives de la Chesapeake Arena à l’époque et de l’Oracle Arena aujourd’hui, il est un des rares journalistes a avoir gagné la confiance de KD, devant prouver son professionnalisme et sa sincérité dans la rédaction de ses articles au quotidien. Un travail compliqué, touchy, que le reporter a parfaitement réussi à faire grâce à son omniprésence mais aussi au respect total de la personnalité du joueur qu’il avait en face de lui. C’est grâce à cette proximité construire au fur et à mesure des années qu’il a ainsi pu se permettre de lui poser une question indiscrète mais ô combien importante sur ce qu’il se passait dans l’intimité du vestiaire des Warriors, quand les caméras et les smartphones des journalistes étaient interdits d’entrée.
“Tout ce que nous faisons est très exposé mais je ne pense qu’il n’y a jamais eu de problème au sein de notre vestiaire. Sans vouloir vous faire offense les gars, mais à chaque fois que vos collègues [de chez The Athletic, ndlr] viennent ici, ils amènent avec eux cette énergie toxique et ils commencent à écrire à propos de cette énergie parce que c’est la manière dont ils se sentent. Mais lorsque vous êtes vraiment dans ce vestiaire, rien de spécial ne s’y passe, on chille. Il y a beaucoup de spéculations sur moi et mon attitude, sur l’endroit où je vais jouer la saison prochaine avec lesquelles certains de ces journalistes essayent de nous distraire puis essayent de me remettre tout ça sur le dos parce que c’est facile. Je le comprends, nous le comprenons. Pour nous, il s’agit juste de jouer au basket.”
On a dû avoir les oreilles qui sifflent dans la rédaction de The Athletic mais l’ailier marque un point. Difficile d’aller le chercher sur l’aspect sportif. Du coup, certains s’engouffrent dans la brèche des rumeurs et des spéculations, pour continuer à parler de cette équipe qui fait autant fantasmer qu’elle peut être détestée par certains. Nous avons ici même déjà relayé des informations sur la prochaine destination du joueur, c’est de bonne guerre et cela sera surtout un élément décisif pour appréhender la saison 2019-20. Mais jusqu’à preuve du contraire KD est un joueur des Warriors et il a l’air très bien parti pour réaliser le threepeat avec ses coéquipiers d’Oakland cette année. L’épisode entre Draymond Green et Kevin Durant a beaucoup fait parler mais le rouleau compresseur des Warriors s’est rapidement remis en marche sans jamais laisser transparaître le doute. La saison régulière a été longue et leur body language traduisait parfois un peu de lassitude mais l’essentiel a été géré avec cette première place à l’Ouest et après un petit toussotement au début de la série contre les Clippers la machine commence à se mettre en place comme ont pu le voir les Rockets la nuit dernière. A Golden State, on est habitué aux critiques et ce n’est pas ce qui les empêche de dormir sur leurs deux oreilles la nuit. Surtout quand on rêve d’un nouveau trophée Larry O’Brien dès qu’on a les yeux fermés.
Il sera toujours temps de parler de la cohabitation de deux stars du calibre de Stephen Curry et Kevin Durant avant la free agency mais tant qu’il s’agit de gagner des matchs pour se rapprocher d’un troisième titre en trois ans, les Warriors font le boulot et on n’a pas grand-chose à leur reprocher. Surtout pas à KD…
Source texte : The Athletic