Pourquoi Russell Westbrook a décidé de ne pas répondre à certaines questions après les matchs du Thunder ?
Le 20 avr. 2019 à 13:28 par Bastien Fontanieu
C’est une des petites histoires qui attire l’attention de nombreux observateurs, sur ce début de Playoffs 2019. Russell Westbrook, qui, en sortie de match et donc en conférence de presse, décide de nexter des questions posées par des journalistes. Mais pourquoi ?
Ceux qui suivent le Thunder depuis quelques années n’ont pas mis longtemps avant de savoir ce qui se passait après chaque rencontre jouée face aux Blazers. Ceux qui regardent la franchise d’un peu plus loin, cependant, apprécieront certainement les lignes suivantes. Fait immanquable de cette première semaine de Playoffs, Russell Westbrook se pointe fringué à sa façon colorée en conférence de presse et répond à certaines questions, tout en esquivant d’autres. Next question, répété telle une cassette, le meneur d’OKC a forcément attiré la foudre sur lui ces derniers temps. Comment est-ce qu’un joueur de la NBA, qui doit respecter le protocole d’après-match contenant une conférence de presse, peut se permettre de dicter le travail de certains médias ? Voilà la question qui était posée, et de manière totalement compréhensible, en voyant la scène se dérouler après chaque match. Cependant, il y a une story derrière tout ça. Une relation en particulier avec un homme, un journaliste, avec lequel Westbrook a entretenu un climat conflictuel depuis des années.
Cet homme ? Berry Tramel.
Vétéran de The Oklahoman depuis une plombe, Berry Tramel est probablement placardé dans la cave du Russell à côté d’une photo de Patrick Beverley et de Kevin Durant avec un maillot des Warriors. Le journaliste, qui a couvert le Thunder au fil des saisons, est connu et reconnu pour avoir eu des positions parfois trop tranchées sur la franchise d’OKC. Mr Unreliable, en hommage à Kevin Durant, c’était lui en mai 2014. Une goutte d’eau dans un océan de tacles mal reçus par Westbrook, et même par le Thunder d’une manière générale. Car Russell n’est pas le seul à penser que Tramel va parfois trop loin. Plusieurs membres de la franchise partagent la position du meneur et ont validé l’attitude du joueur envers le journaliste, ce qui entretient le beef au fil du temps. Chaque année, c’est la même. Steven Adams avait été interrogé l’an dernier par Tramel en sortie de défaite en Playoffs, sur le fait que l’équipe en avait chié une fois que le All-Star était sur le banc. Furieux et assis à côté du pivot, Westbrook avait pris la parole et demandé au journaliste de ne pas jouer à ce genre de jeu, de le critiquer s’il le faut mais ne pas créer le désordre dans l’équipe de Billy Donovan. Le coach d’OKC qui, au passage, a tout de même expliqué ce vendredi soir à Tramel que pour remporter un match de basket… il fallait mettre plus de points que l’adversaire. Le clash est réel entre le journaliste et la franchise. Ce qui explique cette attitude menée par Westbrook. Et quelque part, nombreux sont les observateurs en interne qui pensent que Tramel cherche son quart d’heure de gloire en agissant ainsi. C’est une possibilité, à ne pas mettre de côté.
Mais cela pose tout de même un problème. Un problème d’image d’abord, que ce soit pour Russell comme pour l’organisation représentant Oklahoma City. Un problème de déontologie ensuite, que ce soit pour le Thunder aujourd’hui comme pour les autres franchises dans les années à venir. En effet, au-delà du bad look que Westbrook a en ce moment avec cette situation non-communiquée au grand nombre, il y a un risque. Le risque de voir la NBA débarquer et demander au meneur de changer tout de suite la donne car ce n’est pas ce que la Ligue veut véhiculer, et le risque aussi de voir d’autres joueurs opter pour cette méthode un peu rude mais efficace. Quelle ligne a été dépassée par Tramel, hormis celle de la critique véhémente envers Westbrook le joueur ? Difficile à dire, car nous n’avons pas tous les éléments réunis dans le même dossier. Mais jusqu’à preuve du contraire, le journaliste a souvent mis en avant les exploits de Russell, que ce soit dans sa saison MVP en 2017 comme les précédentes et les suivantes. Il suffit de se balader sur le site de The Oklahoman pour voir une colonne de Barry Tramel, mettant en avant les prouesses d’untel ou d’un autre, dont le Brodie. S’il y a donc quelque chose de personnel, comme Westbrook l’a dit au journaliste en janvier 2015 avec un fameux ‘je ne t’aime pas, c’est tout‘ en sortie de match, il doit bien y avoir des raisons plus profondes que celles du basket. Mais si ce sont les critiques espacées de Tramel qui nourrissent la condescendance actuelle de Russell, alors on est mal barrés. Car le travail de reporter est de parfois critiquer. De manière rationnelle, avec un réel boulot de recherche, des éléments factuels, une logique, de l’équilibre dans la plume, pas trop de personnel mais juste assez pour orienter le débat. Est-ce que Berry est allé trop loin ou a été trop souvent dans la critique ? Peut-être, auquel cas une discussion devrait avoir lieu entre le journaliste et le meneur, ce qui n’a apparemment jamais eu lieu selon ses dires. Est-ce que le Tramel fait juste tout ça pour attirer l’attention ? Peut-être aussi. Mais Westbrook doit-il continuer ainsi, ou plutôt s’élever par rapport à cela et répondre aux questions de manière professionnelle, afin d’obtenir de juste retombées dans le journal local ? Oui. Et ce n’est pas le cas aujourd’hui.
Difficile, et on est bien placés pour le dire, de trancher systématiquement dans le vrai. Un joueur ou une équipe seront parfois critiqués à tort, alors que des détails en interne seront hors de portée. Mais si l’angle reste attaché au basket et témoigne une volonté d’en savoir plus sur les raisons derrière une performance, alors il devrait y avoir une réponse à des questions. Ce n’est un secret pour personne, Russell Westbrook est un guerrier possédant un groupe intime ultra-serré et ne laissant pas entrer grand monde venant de dehors. Mais si le fait de lire ces quelques lignes traduites pousse un jour le meneur du Thunder à ne pas nous répondre, ce sera fort dommage. Pour lui, pour nous, et surtout pour le lien étroit qui doit être conservé entre le sportif et le reporter.