Sundiata Gaines, l’idole des no-names : retour sur l’un des game-winners les plus WTF de l’histoire

Le 18 avr. 2019 à 16:47 par Gianni Mancini

Quoi ? Qui ? Non, ce n’est pas une nouvelle gamme de Sunny Delight mais bien un conte de fée version NBA que l’on va vous conter aujourd’hui. Le nom de Sundiata Gaines ne vous dit peut-être rien mais il donne encore de l’urticaire aux anciens fans des Cavaliers. On parle sûrement d’une des mascottes les plus reconnaissables de ces dernières années, et peut-être au parcours le plus atypique. C’est dire, tant on a vu du plombier passer dans la Grande Ligue.

Vous-vous seriez imaginé lire un papier sur lui aujourd’hui ? Peu probable, et c’est exactement pour ça qu’on le fait. La Grande Ligue est pleine de belles petites histoires à raconter et au rayon des parcours improbables, celui de Sundiata Gates se pose en candidat crédible au MVP. Nous sommes au soir de la Draft 2008, celle où les Chicago Bulls sélectionnent Derrick Rose en first pick, mais également celle où tout le monde snobe ce pauvre Sundiata. Non-drafté, il eut l’idée de se faire la malle en Europe, en Italie pour être plus précis, où il portera dans un premier temps le maillot du NGC Cantu. Déjà, là, on peut déjà voir le type de bases sur lesquelles on est parti. Mais, comme tout galérien qui se respecte, le gamin de New York ne lâche pas ses rêves de NBA et la saison suivante il arrive à se faire drafter… en D-League, oui sinon ce n’est pas drôle. De là, il rejoint le Stampede de l’Idaho, qui comme tout fan avisé le sait, est une équipe remplie de gros cracks. Bon, plus sérieusement, on tient pour l’instant l’archétype du parcours du journeyman, bidesque mais en même temps si attachant. Le destin lui donnera raison, puisqu’après des années de galère, c’est justement cette fameuse saison 2009-10 qui lui permit de sniffer les parquets NBA. Enfin !

C’est par la petite porte, et un contrat de dix jours signé au Jazz, que Sundiata Gaines touchera le rêve du bout des doigts. Un rêve qui atteindra une hauteur vertigineuse un soir de janvier 2010. Pour vous situer le contexte, l’équipe basée à Salt Lake City reçoit ce soir-là les Cavaliers, les ogres de l’Est, accompagnés d’un LeBron James à presque 30 points, 7 rebonds et 8 passes de moyenne, pour un choc au sommet de la NBA. Oui, puisque du côté des Mormons, on parle de l’époque Jerry Sloan, avec un certain Deron Williams en figure de proue d’une équipe qui faisait peur à tout l’Ouest avec un Carlos Boozer encore crédible dans la peinture. Un duel de mastodontes, et c’est bien dur de voir où un petit saltimbanque des parquets pourra se faire sa place dans l’équation. Mais ce serait également bien mal connaître la NBA, qui réserve souvent dans ses laures un rôle de choix aux acteurs les plus inattendus. Et de côté-là, aucun souci car absolument personne n’attendait Gaines ce soir-là. On joue les toutes dernières secondes du match, avec les Cavs qui sont en tête 96-94, remise en jeu à suivre pour Utah. Après une possession assez chaotique, la gonfle arrive, sans doute de façon totalement imprévue, dans les mimines de Sundiata, qui est plutôt bien défendu par Anthony Parker. Bon, tant pis, bien joué le Jazz, c’était bien tenté mai… Quoi ?! Attendez, est-ce que ça vient vraiment d’arriver ?! Bien sûr que oui, Sundiata Gaines plante un buzzer beater d’anthologie, qui plonge logiquement tout un état dans la frénésie totale. Finalement, ça donne une victoire à l’arrachée, 97-96 pour le Jazz, sur le premier trois points de toute la carrière de son journeyman. A n’en pas douter, c’est ce coup d’éclat, aussi poétique que invraisemblable, qui lui valu, une dizaine de jours plus tard, une prolongation de son contrat jusqu’à la fin de la saison. Le reste du parcours sera anecdotique, avec quand même des piges aux Wolves, aux Raptors et aux Nets, avant de reprendre les bonnes vieilles habitudes et aller se perdre en Chine, au Venezuela ou en Uruguay, pour vous dresser une petite liste non-exhaustive qui fait briller les yeux. On ne se refait pas.

En ce jour d’anniversaire, il fallait saluer Sundiata Gaines, qui, même si le passage dans la Grande Ligue aura été court, a le mérite d’avoir eu une apothéose intense dont rêverait un énorme paquet de personnes sur Terre. No pain, no Gaines.