Tourbillon façon Kings : le départ de Dave Joerger, l’arrivée de Luke Walton, c’est l’heure de faire le point

Le 16 avr. 2019 à 01:57 par Bastien Fontanieu

Luke Walton Vlade Divac Kings
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Nombreuses furent les annonces faites lors des sept derniers jours, mais peu ont étonné autant de monde que celle de voir Dave Joerger se faire virer par les Kings, puis Luke Walton débarquer dans la foulée à Sacramento. Entre choc, réflexion et premières conclusions, on fait le point sur une semaine… so Kangz.

Et allez, here we go again. Les soupirs pouvaient être entendus des cinq coins de la France ce jeudi, lorsque le management de Sacramento décidait de renvoyer Joerger après avoir vu son équipe réaliser la meilleure saison de la franchise depuis plus de 10 ans. Des soupirs, mais aussi des têtes qui secouent, et des mains calées dans les cheveux. Comment peut-on virer ce type ? Voilà la question qui rebondissait sur les lèvres de la plupart des observateurs en sortie de news. Qui est étonné par autant de stupidité chez les Kings ? Voilà l’affirmation qui faisait le même chemin, la perche étant aisément tendue aux fans suivant la NBA. Et quelque part, comment leur en vouloir. Comment nous en vouloir, tout autant étonnés de voir une telle annonce tomber. Après des années d’instabilité, de décisions controversées et de blagues faites sur leur dos, les Kings restaient et restent une des cibles les plus faciles de toute la Ligue. Attendez de voir Sacramento enchaîner deux ou trois bonnes choses, et vous les verrez déconner à plein tube dans la foulée. Il suffisait d’observer les supporters voyant leur équipe réaliser un grand début de saison pour se rappeler d’une réalité un peu triste, ces quelques mots étant susurrés à l’ombre du karma : y’a un moment où ça va partir en couilles, on le sait d’avance. Du coup, on profite. Et cette saison fût bien celle du profit, avec 39 victoires, un meilleur bilan que quelques gros clients de la Conférence Ouest, un jeu excitant, un Golden 1 Center en feu et de l’optimisme débordant. Oui, pour la première fois de la décennie passée, les fans de Sacramento pouvaient apprécier un projet sur la durée et s’émerveiller devant un groupe prometteur. Et c’est bien là, forcément, que les réactions narrées ci-dessus prennent tout leur sens. Qu’elles sont compréhensibles, justifiables. Difficile de croire qu’un coach qui vient d’offrir à une ville et aux fans du monde entier une telle dose de kif puisse se faire botter le cul vers Pole Emploi. Tout autant difficile, pour chacun d’entre nous, de ne pas tomber dans la punchline facile, qu’il s’agit d’une décision 100% Kings et labellisée Vlade Divac. Mais l’effort en vaut la peine.

L’effort, c’est celui de redonner une chance à Divac et son crew, comme nous y reviendrons un peu plus tard. Déjà, il faut revenir sur le renvoi de Dave Joerger, qui reste choquant pour nombreux d’entre nous. Dans cet excellent résumé de Jason Jones sur The Athletic, on peut retrouver de nombreux éléments qui, maintenant qu’on regarde en arrière, peuvent justifier en partie la décision du Père Vlade. En commençant par la façon d’opérer avec le jeune effectif local. Quelques exemples ? L’utilisation de Marvin Bagley, drafté en 2ème place il y a un an. Celle de Harry Giles également. Celle de Bogdan Bogdanovic, ou de Buddy Hield, qui aurait pu être transféré avant la saison. La gestion des vétérans, autre point d’une grande importance. Ce qui s’est passé avec Iman Shumpert en première partie de saison, puis Harrison Barnes dans le dernier virage. Lorsqu’on regarde globalement la saison des Kings, il est tendu d’affirmer que Joerger a été infect avec ses joueurs et maladroit avec son groupe. Quand tu mènes cette équipe jusqu’à la 9ème place de la Conférence Ouest, si ce n’est pas du pur taf de coaching, on ne parle pas du même sport. On peut tout à fait avoir un désaccord sur des points purement techniques, de l’ordre de rotations, de stratégies offensives et défensives, de joueurs mis en avant, mais on ne peut pas exiger des résultats nettement meilleurs que ceux proposés par Joerger ces 7 derniers mois. Et c’est là qu’on en vient peut-être au plus central des points expliquant l’éviction de Joerger : la méthode Divac et sa place dans la hiérarchie de Sacramento, qui peut créer bien des questionnements. Dans l’article de Jason Jones, il est notamment rapporté que Joerger voulait Luka Doncic plutôt que Marvin Bagley à la Draft. Joueur pour joueur, on peut comprendre l’envie du coach des Kings. En terme de fit au sein de l’effectif ? C’est autre chose. Et le débat peut rester entièrement ouvert. Mais ce premier point dans la façon de penser le projet local et la façon de jouer est un symbole de ce divorce qui était en fait en attente depuis bien plus longtemps qu’il ne paraissait.

Si ce n’est pas la Draft 2018, c’est la communication entre Dave et ses jeunes joueurs qui ne plaisait pas à Vlade. Si ce n’est pas la communication entre Dave et ses jeunes joueurs, c’étaient les défaites à la con en deuxième partie de saison. Et si ce n’est pas ça ? Il y avait toujours quelque chose de neuf. Preuve étant, de ce ravin séparant les deux hommes et qui nous offrira probablement des petites perles en coulisses par la suite, les déclarations de Divac en introduisant Walton ce lundi. Pour expliquer notamment sa décision de choisir Luke, entre relations de longue date (ex-coéquipiers chez les Lakers) et façon de penser le jeu d’une manière générale, Vlade nous a quand même sorti qu’il voulait jouer plus rapidement, ‘comme l’an dernier‘, avec Walton. Alors, certes, Sacramento a baissé de rythme sur les dernières semaines de la régulière, mais peut-on parler de la troisième équipe la plus rapide de toute la Ligue cette saison avec une pace de 104…? Joerger jouait vite avec ses Kings, c’est un fait. Peut-être que ça ne shootait pas assez de loin (20ème cette saison), mais pas de quoi en faire un fromage. Ce n’est pas cela qui n’allait pas. L’écart de pensée globale ne pouvait durer, surtout avec Luke Walton disponible puisqu’il venait de quitter les Lakers. Soudainement sur le marché, et immédiatement embauché, Walton était ravi de pouvoir démarrer un nouveau projet, à l’ombre du bordel de Los Angeles et avec un boss qu’il connaît bien. Tout de suite, on a senti l’osmose entre les deux hommes, qui espèrent justement mener cette jeune équipe ambitieuse vers les sommets. Et c’est tout ce qu’on leur souhaite, à eux comme aux fans, après une telle saison régulière. Sauf que le script est désormais écrit et il ne fait que se cimenter avec ce récent enchaînement d’événements. Soit tu es d’accord avec Divac, soit tu dégages. La distance de désaccord semble plus fine que jamais, qu’on veuille l’admettre ou non. Et Luke devra faire avec ça. Il devra faire avec un patron qui, même après une saison remarquable et des jeunes qui ont quasiment tous progressé, peut virer son entraîneur. Il devra faire avec un patron qui, mot pour mot, veut un coach qui pense le jeu comme lui, plutôt qu’un coach qui le challenge dans son mode de pensée, quitte à passer des soufflantes publiques à ses hommes. Et on ne dit pas ça pour faire de Divac un vilain détestable, lui qui a fermé un paquet de bouches dont la notre depuis le transfert de DeMarcus Cousins. On pose simplement les bases nécessaires pour la suite.

Que ce choix soit le bon, évidemment, et qu’on revienne en arrière dans deux-trois ans en se disant qu’après tout, virer Dave Joerger était déterminant pour, on cite Vlade Divac, “passer au level supérieur“. Mais bon courage à Luke Walton, surtout. Car si le coach a du talent et un beau nouveau projet entre ses mains, il s’aventure dans une région où il vaut mieux hocher de la tête devant le boss que de remettre en cause ses convictions. 

Source : The Athletic