La chronique de Dirk – Episode #10 : Nowitzki célébré, retraite possiblement repoussée, émotions décuplées
Le 03 mars 2019 à 21:45 par Aymeric Saint-Leger
Avoir des quadras performants dans la Ligue, c’est rare. C’est l’heure d’apprécier les derniers moments de ces gloires du jeu, qui ont ravi les fans sur plusieurs décennies. Dirk Nowitzki fait partie de ceux-là. Il entre dans sa 21ème saison NBA, qui pourrait s’avérer être l’ultime baroud du géant. Le meilleur joueur européen de l’histoire qui vit sa dernière danse ? TrashTalk ne pouvait pas rater ça, et va vous permettre de suivre l’année de Tall Baller from the G grâce à une rubrique bimensuelle. Allez, avant d’entonner le chant du cygne, il est temps que Dirk nous régale encore quelques mois.
# RETOUR SUR SES DERNIÈRES PERFORMANCES
- 18 février avec Team Giannis vs Team LeBron (défaite 178 à 174) : 4 minutes de jeu, 9 points (à 3/3 aux tirs, dont 3/3 du parking), 1 balle perdue
- 23 février vs Denver Nuggets (défaite 114 à 104) : 18 minutes de jeu, 3 points (à 1/7 aux tirs, dont 0/3 du parking, 1/2 aux lancers-francs), 5 rebonds, 2 assists, 3 fautes
- 24 février @ Utah Jazz (défaite 125 à 109) : 25 minutes de jeu, 15 points (à 6/14 aux tirs, dont 3/9 du parking), 2 rebonds, 1 assist, 1 interception, 4 fautes
- 26 février @ Los Angeles Clippers (défaite 121 à 112) : 26 minutes de jeu, 12 points (à 3/10 aux tirs, dont 2/7 du parking, 4/4 aux lancers-francs), 5 rebonds, 1 assist, 1 block, 1 faute
- 28 février vs Indiana Pacers (victoire 110 à 101) : 22 minutes de jeu, 11 points (à 4/10 aux tirs, dont 3/6 du parking), 5 rebonds, 3 assists, 3 fautes
- 3 mars vs Memphis Grizzlies (défaite 111 à 81) : 23 minutes de jeu, 7 points (à 2/10 aux tirs, dont 1/6 du parking, 2/2 aux lancers-francs), 7 rebonds, 1 assist, 3 fautes
Statistiques sur la saison : 31 rencontres disputées (4 fois titulaire), 12,9 minutes de jeu, 5,5 points (à 34,3% au tir dont 30,4% du parking, 85% aux lancers-francs), 2,2 rebonds, 0,5 assist, 0,2 interception, 0,3 block, 1,5 faute, 0,3 balle perdue.
Cela faisait bien longtemps que l’on n’avait pas vécu une quinzaine aussi exaltante du côté de Dirk Nowitzki. Alors que nous l’avions laissé coach au Rising Stars Challenge, puis auteur d’une bonne performance lors du Slam Dunk Three Point Contest, l’Allemand a souhaité terminer son week-end full All-Star de la meilleure des manières. Invité exceptionnellement par Adam Silver, en guise de récompense pour sa carrière, l’ailier-fort à la crinière virevoltante n’a pas déçu. Pourtant pas un grand spécialiste de ce genre de rendez-vous, il n’aura foulé le parquet que quatre petites minutes le dimanche soir à Charlotte. Temps court mais performance efficace, Dirkules a fait du sale. Enfin, du très propre : 9 points à 3/3 du parking, sans forcer un shoot alors que la salle toute entière n’attendait que son armé à chaque ballon touché pour s’enflammer, c’est classe. Certains auraient pu s’enflammer et prendre 15 tirs sans crier gare. Pas le Wunderkind, qui bien que filante, a été une des étoiles les plus brillantes en Caroline du Nord.
Une fois les festivités terminées, retour à ce que préfère l’icône des Mavs, la compétition. Et on est loin d’être déçus. Continuité du All-Star Game, ou diesel ayant enfin préchauffé, Tall Baller from the G vient de nous offrir de vraies bonnes perfs. Démunis à l’intérieur depuis le départ de DeAndre Jordan vers la Grosse Pomme, les Mavs cherchent des solutions. Après avoir testé Salah Mejri en titulaire, ou encore Maxi Kleber, une vieille option s’est trouvée à nouveau au goût du jour. Oui, vous ne rêvez pas, Dirk Nowitzki dans le cinq majeur de Dallas en 2019, c’est arrivé. Et ce, à quatre reprises sur les derniers jours. Les résultats ne sont pas exceptionnels, mais probants. Cela donne quand même un record en saison au scoring, 15 points, réalisé contre le Jazz.
Dirk Diggler qui enchaîne trois rencontres en double digit, c’était du jamais vu depuis mars dernier. Et bien, c’est de nouveau d’actualité, sans lui asséner un temps de jeu abusif. Sur les cinq dernières oppositions, les statistiques nous laissent songeurs : on croirait avoir retrouvé l’ailier-fort d’il y a quelques années. 22,8 minutes de jeu, 9,6 points et 4,8 rebonds de moyenne par rencontre, c’est plus que correct pour un monsieur qui a dépassé les quarante printemps. D’accord, les pourcentages ne sont vraiment pas idéaux (31,4% au global, 29% de derrière l’arc). Mais allez, au diable les pourcentages. Les Texans ne jouent plus rien cette année, donc ce n’est pas comme si c’était grave. Puis, c’est un tel engouement de voir le Wunderkind starter, prendre du plaisir, mettre des points et la plus grosse intensité possible, que quelques paniers ratés sont bien insignifiants à côté de tout ce qu’a été, et de tout ce qu’est encore Dirk Nowitzki.
# LES HOMMAGES SE SUCCÈDENT POUR DIRK NOWITZKI, QUI CONTINUE SON TOUR D’A… HOP HOP HOP, PERSONNE N’A JAMAIS DIT QUE C’ÉTAIT TERMINÉ
Cela fait déjà quelques mois, quasiment depuis le début de l’exercice actuel, que les hommages, témoignages d’affection ou d’amour affluent sous toutes les formes en direction du cœur du Bon Gros Géant. On se souvient d’ovations nourries à l’extérieur, notamment celle offerte par le TD Garden à un Allemand touché par l’attention du public du Massachusetts. C’est bien simple, partout où il est passé Dirk Nowitzki a fait des émules. Tout fan NBA possède son petit souvenir du soir où il a vu jouer cette grande carcasse venue d’Europe. Et si c’est le cas pour le public, les marques de respect et d’affection proviennent également d’autres professionnels dans les atours de la Ligue. Vous n’êtes évidemment pas passé à côté du sublime geste de Doc Rivers en fin de match le 26 février dernier. Prendre un temps-mort, attraper un micro, et demander au public du Staples Center d’honorer Dirkules comme il se doit, c’est fort. Peu auraient osé, peu y auraient pensé, et bien le coach des Clippers a peut-être un sacré caractère, mais il sait faire les choses qui lui semblent juste. Greatness recognizes greatness. Dans cet élan de ferveur, un par un, les joueurs locaux vont checker un Wunderkind touché, presque gêné par tant d’attention et d’amour. Il n’a en tout cas pas manqué de remercier le papa d’Austin pour ce moment magique.
Thanks Doc and Clippers fans! I will always remember this https://t.co/kzVfbt5S4E
— Dirk Nowitzki (@swish41) 26 février 2019
“Merci à Doc et aux fans des Clippers ! Je me souviendrai toujours de ça”
Si ce vibrant hommage a fait le tour de la planète basket ces derniers temps, d’autres passent légèrement plus inaperçus, mais ont une importance équivalente pour démontrer à quel point Dirk Nowitzki est important dans l’histoire de la NBA, et dans le développement de certains talents d’aujourd’hui et de demain (coucou Kristaps et Luka). Joel Embiid s’était confié en interview post All-Star Game pour évoquer celui qu’il décrit non seulement comme un immense joueur, mais également comme un modèle.
“‘Joel, qu’est ce que ça vous fait d’avoir la chance de partager cette soirée si spéciale avec un gars comme Dirk Nowitzki ?’
‘C’était génial. En 2011, quand j’ai commencé à jouer au basketball, à mon premier entraînement, mon coach avait une cassette avec tous les meilleurs Big Men de la Ligue, du passé et du présent. Et il [Dirk Nowitzki] était sur cette cassette. Dès que j’ai attaqué, j’ai vu son move, le one-leg fadeaway. Ça a été mon move pendant longtemps. Quand j’ai commencé le basket c’est le seul que je connaissais, et j’adorais ça. Vous voyez, le dribble, le demi-tour, puis le one-leg fadeaway. J’avais l’habitude de le faire tout le temps. […] Dirk Nowitzki a un énorme impact sur le basketball, surtout sur nous, les Africains, les Européens, les Asiatiques.'”
En voilà une petite anecdote sympathique livrée par le Camerounais, sur celui qu’on peut qualifier comme un mentor pour les non-Américains. Coachs, joueurs, personne ne tarit d’éloges pour le Wunderkind. Malgré tout, quoi qu’il se passe, le natif de Wurtzbürg reste toujours égal à lui-même, humble, gentil, attentionné envers les autres. En témoigne ce joli petit instant qu’il a partagé, la veille de la rencontre Mavericks-Nuggets du 23 février, avec une fan de… 92 ans qui rêvait de le rencontrer. Il n’y a pas d’âge pour apprécier les bonnes choses.
Dirk made this 92-year-old fan’s birthday wish come true 😊 pic.twitter.com/Lhr6HBiq3A
— ESPN (@espn) 23 février 2019
Un moment plein de tendresse entre deux personnes du troisième âge, ça n’a pas de prix. Oh que c’est mesquin. Outre les beaux moments, sur et en-dehors du parquet, Tall Baller from the G n’en oublie pas de suivre l’actualité de sa ville, et surtout de ses franchises sportives prenant part à un des quatre plus gros championnats du pays. On le connaît notre Dirkules, il kiffe la NFL. Ainsi, il n’a pas manqué de saluer le retour dans l’effectif des Cowboys de Dallas de Jason Witten. Retraité en fin de saison 2017-18, le tight end va rechausser le plastron après une saison d’inactivité, et revenir à la compétition la saison prochaine. De quoi mettre son homologue basketteur en joie.
Welcome baaaaack @JasonWitten
— Dirk Nowitzki (@swish41) 28 février 2019
Âgé de 36 ans, le numéro 82 des Cowboys, Jason Witten est un historique de la franchise NFL, tout comme Dirk Nowitzki l’est pour les Mavs. Mais dites donc, est-ce que ça ne lui donnerait pas des idées, au numéro 41 ? Hors toute corrélation mathématique douteuse (82/2 = … 41), il semblerait bien qu’un certain Wunderkind ait des envies de continuer. Si l’on conseillait aux fans des Mavs de sortir les mouchoirs, c’était que tout semblait dire que la vingt-et-unième saison de l’Allemand allait être la dernière. Hommages, performances, physique, tout tendait vers la fin. Et bien, Dirk n’en a cure. Suite à de dernières performances correctes, et à un corps qui le laisse un poil plus tranquille qu’à l’accoutumée, il a lâché une petite décla, sans pression. Cela peut paraître insignifiant, mais le fait d’évoquer la possibilité d’une 22ème saison, si son corps le lui permet, afin d’aider les jeunes chevaux à devenir des purs étalons, c’est incroyable, inespéré. L’immense majorité pensait que la carrière de l’ailier-fort en était en toute fin de crépuscule, et bah le Now, le crépuscule il… souhaite le repousser.
Enfin bref, Dirk Nowitzki est en roue libre, il se régale, et balance tout ce qu’il veut, à l’image de ce tweet déroutant.
Not that it bothers me cuz I heard it too many times but is it cool for parents to point at me and tell their kids: look how tall he is???? Can I run around pointing at people telling them how small they are?? Smh
— Dirk Nowitzki (@swish41) 19 février 2019
“Non pas que ça me dérange parce que je l’ai entendu bien trop de fois, mais est-ce cool pour les parents de me pointer du doigt et de dire à leurs enfants : regarde comme il est grand ???? Est-ce que je peux me promener et pointer les gens du doigt en leur disant à quel point ils sont petits ?’
Un peu remonté le Dirk. Il est vrai que ce n’est pas beau de pointer du doigt, et également qu’il serait très drôle que tous les golgoths de la NBA nous désignent de l’index afin de se moquer de notre petitesse. Enfin bon, Tall Baller from the G n’est pas surnommé ainsi pour rien, il est grand, le sait, et compose avec. Ceci dit, encore plus que par la taille, Dirk Diggler est avant tout grand par le talent, il est même en train de devenir immense au niveau des statistiques all-time.
DIRK AU RÉVÉLATEUR DES STATISTIQUES
Lorsque l’on joue autant de temps dans une Ligue, et que l’on a été un franchise player pendant tant d’années, on fait partie des légendes de ce jeu. Dirk est l’un des plus grands par le talent, et cela se vérifie forcément au niveau statistique. C’est ainsi que nous surveillerons tout au long de l’année sa position dans différents classements all-time.
Classement des marqueurs les plus prolifiques en carrière :
Septième avec 31 358 unités.
Avec 48 points en cinq rencontres, Dirk Nowitzki accélère (tout est relatif). Sous peu, Wilt Chamberlain sera à portée de fusil de l’Allemand, puisque les deux hommes ne sont plus séparés que par 61 unités. Il reste vingt rencontres à disputer pour Dallas. Ce qui signifie qu’avec 3,1 points de moyenne sur chaque rencontre, le BGG finira par dépasser, avant la fin de l’exercice 2018-19, celui qu’il est tant difficile d’aller chercher lorsque l’on parle statistiques. Allez, il va le faire.
Classement du nombre de paniers réussis en carrière :
Neuvième avec 11 094 tirs réussis.
Le Shaq devance encore Dirk Diggler de 236 unités dans ce classement, malgré les 14 buckets inscrits par l’Européen sur la dernière quinzaine. C’est mort pour cette année, mais s’il continue encore une saison, tout les espoirs sont permis pour Dirk Nowitzki.
Classement du nombre de matchs disputés en carrière :
Quatrième avec 1 502 rencontres disputées.
Euh… Dans la catégorie Iron Man, à plus de 1 500 rencontres en carrière, on demande le type qui tient plus sur ses jambes. Difficile de se rendre compte de l’exploit tant les chiffres sont immenses, mais le Wunderkind est désormais le quatrième joueur dans toute l’histoire de la Ligue à dépasser la barre mythique des 1 500 matchs disputés. Avec 1 502 unités, il n’est plus qu’à un souffle de John Stockton et des 1 504 oppositions auxquelles il a pris part. Autant dire qu’au prochain numéro de la chronique de Dirk, on pourrait avoir un podium all-time à fêter.
# LE PROGRAMME DE DIRK NOWITZKI
Deux prochaines semaines :
- 5 mars @ Brooklyn Nets
- 7 mars @ Washington Wizards
- 9 mars @ Orlando Magic
- 11 mars vs Houston Rockets
- 13 mars vs San Antonio Spurs
- 15 mars @ Denver Nuggets
- 17 mars vs Cleveland Cavaliers
C’est un drôle de calendrier qui attend les Mavericks lors de la prochaine quinzaine. Un petit road trip à l’Est, qui les confrontera à trois équipes jouant la qualif’ en Playoffs. Ce sont ensuite trois playoffables de l’Ouest qui attendent Rick Carlisle et ses hommes, avant un dernier petit match de mal classés, contre les Cavaliers. Dallas va jouer tous les deux jours, pas de back-to-back au programme.
L’hécatombe se poursuit par contre. Il y a déjà onze équipes qui ont disputé toutes leurs rencontres de cette saison face à Dirk Nowitzki, soit autant de franchises qui ne croiseront peut-être plus jamais sa route. Avec les matchs des deux prochaines semaines, ce sera le potentiel dernier match face à l’Allemand de Brooklyn, Washington, Orlando, Houston, Denver et Cleveland. Avec la non-présence de back-to-back, on peut espérer que le Wunderkind prenne part à chacune de ces sept oppositions, afin de faire kiffer tous les publics des Etats-Unis.
Le compte à rebours passe lui à M-20 pour la fin de saison des Mavs. Cela devait coïncider avec la fin de carrière du mythique numéro 41, mais rien n’est plus sûr désormais. On peut se prendre à rêver non plus d’un M-20, mais d’un M-102. Et ça, ça donne du baume au cœur.
Plus l’exercice actuel avance, plus Dirk Nowitzki est en pleine bourre. On lui souhaite de terminer la saison plus sur les chapeaux de roue que sur les rotules. Hommages, pas hommages, il s’en bat les roustons. Tall Baller from the G veut continuer à jouer le plus longtemps possible. Tant que l’envie est là, il y a de l’espoir. Si le physique suit, il y a des chances de revoir l’Allemand sur les parquets NBA lors de l’exercice 2019-20. Le temps passe et Dirkules reste, pour notre plus grand bonheur. Pourvu que ça dure. Allez, auf wiedersehen, à dans deux semaines.
Sources texte : YouTube/BasketballHoops, Twitter/@Swish41, Twitter/@espn