Jerami Grant et Terrance Ferguson, les couteaux suisses du Thunder : lumière sur ces deux soldats dans l’ombre

Le 27 févr. 2019 à 08:43 par Clément Hénot

Grant Ferguson
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Après un départ franchement très crade, le Thunder réalise une très belle saison derrière les inévitables Warriors et les surprenants Nuggets. Troisièmes de la Conférence Ouest, OKC a de nombreux atouts, notamment Paul George qui sort la saison de sa vie après sa jambe pétée, Russell Westbrook qui banalise le triple-double de moyenne ou Steven Adams toujours aussi solide. Cependant, la franchise a également ses sbires de l’ombre qui font un bien fou dans leur registre. Mesdames et messieurs : voici Jerami Grant et Terrance Ferguson.

Les deux zouaves sont extrêmement discrets et n’ont pas des statistiques ronflantes, mais leur apport n’en est pas moins précieux. Jerami Grant, neveu d’Horace et frère de Jerian, est solidement ancré dans le 5 de départ depuis le début de la saison et remplit à merveille son rôle des deux côtés du terrain. Arrivé à Oklahoma City en 2017 en échange d’Ilyasova, en provenance des Sixers qui étaient à l’époque en mode tanking total, Grant, qui n’a que 24 ans, était connu à l’époque comme étant un solide défenseur et un immense athlète, mais également comme un shooteur exécrable. Aujourd’hui, il n’est plus ce genre de joueur avec des moufles en attaque, mais il reste cet alliage de puissance et d’athlétisme pour être le parfait complément de Steven Adams dans la raquette. Grant score aujourd’hui un peu plus de 13 points par match à environ 37% du parking, des stats très correctes qui n’en font pourtant que le 5ème meilleur scoreur du Thunder derrière les inévitables Paul George et Russell Westbrook, puis Dennis Schröder et Steven Adams, mais devant Raymond Felton. Grant a progressé dans l’ombre jusqu’à devenir une vraie menace extérieure, lui qui, par la force des choses a enchaîné les briques par le passé chez les Sixers (il tourne à moins de 32% en carrière), il permet d’écarter encore plus le jeu d’OKC, soit pour laisser le champ libre à Steven Adams dans la peinture, soit pour apporter une menace supplémentaire pour pallier les rares fois ou Paul George oublie son shoot aux vestiaires, et les moins rares fois où ça arrive à Russell Westbrook. En défense, il s’impose comme étant le genre de joueur indispensable à une franchise souhaitant jouer le titre : le chien de garde du Thunder en l’absence d’Andre Roberson, c’est lui malgré les forces de Steven Adams ou Paul George, mais aussi de Terrance Ferguson et son short trop court dans le domaine.

Parlons justement de ce dernier, Ferguson, également propulsé dans le 5 majeur du Thunder depuis la sale blessure d’Andre Roberson. Eh bien à défaut de faire du Andre Roberson, Terrance Ferguson fait du Terrance Ferguson : l’arrière de 20 ans seulement n’est pas ce défenseur d’élite qu’est le boyfriend de Rachel DeMita, capable d’éteindre n’importe quel adversaire, mais il n’est pas non plus ce maçon du coeur enchaînant les parpaings à plus de 3 mètres du cercle. Même si Hamidou Diallo lui a été préféré au Slam Dunk Contest, Ferguson est également un athlète hors-normes pouvant terroriser les cercles à n’importe quelle contre-attaque et un shooteur capable de planter 2-3 banderilles primées s’il dispose d’un peu trop d’espace, chose dont n’est pas capable Andre Roberson. Mais au delà des statistiques qui ne sont pas impressionnantes : 6,8 points à 38,3% de loin, c’est dans l’esprit que le sophomore fait l’unanimité, Ferguson sait très bien qu’il a deux superstars et deux joueurs avec plus d’expérience que lui pour l’accompagner parmi les titulaires, du coup, le numéro 23 reste à sa place, se concentre sur ce qu’il sait faire, ne force rien et travaille dur. Un vrai guerrier que Westbrook a vite pris sous son aile en le conseillant, en bossant avec lui et en lui remontant le moral lorsqu’il est dans le creux de la vague. Ferguson est le 5ème larron de la bande et il le sait, du coup il se contente de jouer simple. Malheureusement pour Andre Roberson, récupérer sa place de titulaire s’annonce bien plus compliqué que prévu. D’autant que les deux zouaves font le taf en défense avec l’aide de Paul George, Steven Adams et Russell Westbrook lorsqu’il ne cherche pas le triple-double, pas étonnant que le Thunder ait actuellement le 3ème defensive rating de toute la NBA.

L’apprentissage rapide de Terrance Ferguson couplé aux progrès flagrants de Jerami Grant nous amènent à souligner la qualité de la formation du Thunder au fil des années. Tout d’abord avec des choix de Draft extrêmement bien placés (on vous a déjà parlé de ce que pourrait donner le trio Durant-Westbrook-Harden aujourd’hui ?) mais également avec des choix un peu plus bas sur lesquels Oklahoma City a également misé pour son développement à court-moyen terme. Notamment Steven Adams qui s’est tout de même imposé comme l’un des pivots les plus solides de la ligue, Andre Roberson qui était peut-être avant sa blessure le meilleur défenseur sur l’homme malgré ses mains carrées, Serge Ibaka ou Jeff Green qui à l’époque apportaient du peps dans leurs registres respectifs. Même Reggie Jackson était un joueur de basket potable à l’époque où il est passé entre les mains de Scott Brooks pour le façonner (on a l’impression que ça date d’il y a 10 piges). Depuis, il traîne sa carcasse comme une âme en peine du côté de Detroit, faisant s’arracher leurs cheveux aux fans des Pistons. Nerlens Noel ressuscite également du côté d’OKC, alors que certains le pensaient perdu pour la NBA. Et si certains échecs sont à signaler (coucou Jeremy Lamb), cela montre une réelle capacité du Thunder à former ses jeunes, même si souvent, leur histoire s’écrit loin d’OKC…

Terrance Ferguson puis Jerami Grant sont donc deux joueurs qui correspondent parfaitement au puzzle imaginé par Billy Donovan qui permet au Thunder d’être troisième à l’Ouest aujourd’hui : des guerriers agissant dans l’ombre, jamais les derniers à se sacrifier pour le collectif, on a déjà vu Grant se chauffer avec Robin Lopez et Ferguson échanger des mots doux avec Ed Davis, puis Evan Turner pour défendre les leurs ou eux-mêmes. On ne parle pas beaucoup d’eux, mais si le Thunder en est là, c’est pourtant bien grâce à eux aussi.