DeMar DeRozan de retour à Toronto c’est ce soir : neuf saisons et 14 413 points avec les Raptors, va falloir honorer tout ça

Le 22 févr. 2019 à 08:50 par Giovanni Marriette

DeMar DeRozan
Source image : NBA League Pass

Ce sera évidemment l’épicentre de la nuit à venir en NBA. Sept mois après avoir été échangé avec Jakob Poeltl à San Antonio contre Kawhi Leonard et Danny Green, DeMar DeRozan sera de retour cette nuit dans une salle où il a absolument tout vécu. Tout sauf une Finale NBA bien sûr, mais ce trou dans le CV devenu une punchline quasi-quotidienne pour la franchise canadienne n’empêchera pas ce postulat : c’est – peut-être, sûrement, le meilleur joueur de l’histoire de la franchise qui passera en ville ce soir, et pour la première fois sous un maillot différent…

Si chaque joueur a le droit à un traitement différent par le public lors de son premier retour sur ses anciennes terres, tout ça est souvent lié à la manière avec laquelle le mec en question a quitté les lieux. Clamer haut et fort son envie de quitter un environnement de lose n’aidera pas forcément (poke AD), faire un barouf incroyable en antenne nationale non plus (hello LeBron), et multiplier les gamineries et autres caprices de starlettes type NRJ 12 reste la meilleure manière de se prendre des cœurs de bœuf dans la tronche à votre retour (Jimmy Butler touch). Mais pour DeMar DeRozan c’est évidemment autre chose. Rien ni personne ne viendra en effet vous dire que l’ancien arrière de Toronto a failli à sa tâche, rien ni personne ne pourra contester l’apport de leur shooteur durant ses neuf années passées au Canada et, surtout, car c’est souvent ce qui compte dans la mémoire des gens, tout le monde a pu “apprécier” la manière avec laquelle celui qui est aussi le meilleur marqueur de l’histoire de la franchise et en pleine force de l’âge a été… dégagé de Toronto, tradé comme un vulgaire role player sans même avoir été averti en amont. Réveillé par une notif du Woj qui t’envoie au Texas et par un SMS de Kyle Lowry affichant simplement WTF, et merci la zone. Voilà comment l’un des plus beaux bouquins de l’histoire des Raptors a pris fin, avec un chapitre d’à peine une demi-page, et c’est donc avec ce statut de mec largué comme un vulgaire José d’Hélène et les garçons que DMDR fera son retour ce soir à la cafèt’ de la Scotiabank Arena, qui en a d’ailleurs profité pour changer de nom cet été, histoire de passer complètement à autre chose.

Alors attention, l’idée de faire pleurer dans les chaumières est ici absente car business is business on le sait tous, et les fans des Raptors sont aujourd’hui – on pense hein – bien heureux de pouvoir compter en leurs rangs un joueur de la trempe de Kawhi Leonard, le double-DPOY ayant ramené avec lui son efficacité en attaque, sa maîtrise défensive et un espèce de mood de winner que l’ensemble du roster semble avoir adopté. Kyle Lowry ? All-Star. Pascal Siakam ? Futur MIP. Serge Ibaka ? Régénéré. La deadline ? Arrivée de Marc Gasol. Le bilan ? 43-16, et un bilan record à 59-23 qui devrait donc tomber sans trop d’emmerdes. Vous l’aurez compris les Raptors n’en sont plus à pleurer le départ de leur ancien sniper boutonneux, et c’est peut-être le moment le mieux choisi d’ailleurs pour causer un peu du guest de cette soirée…

Car si DeMar DeRozan a effectivement (et de manière fort logique) mal vécu cette période de trade sauvage, l’homme ayant de surcroît déclaré l’année dernière être en proie à la dépression, la vraie, il a aujourd’hui mis derrière lui cet été beaucoup trop étrange pour s’adonner à fond à sa nouvelle passion, faciliter le jeu des Spurs en profitant des derniers conseils de l’un des plus grands coachs de l’histoire. Un peu en dedans au scoring (21,4 points) dans une équipe dont il n’est plus l’unique vraie menace, DeMar a su se reconstruire pour devenir ce joueur incontournable dans le système Spurs. Meilleures moyennes en carrière aux rebonds, à la passe et aux contres, toujours une vraie biquette du parking mais demeurant une réelle menace dans le périmètre et un pur attaquant sur le drive, DeMar reste la menace n°1 d’une équipe des Spurs plus solide que ce que la plupart des observateurs auraient pensé… Aujourd’hui septièmes à l’Ouest (33-26), c’est une nouvelle saison prolongée que les hommes de Pop pourraient (devraient) vivre, et l’arrivée cet été de Biactol Man n’y est évidemment pas pour rien. C’est en tout cas ce soir que notre ami aura le privilège de ressentir à quel point les fans de Toronto gardent un bon souvenir de lui, à quel point son départ les a attristé, et c’est également ce soir que l’intéressé devra mettre tous ces sentiments de côté afin de la mettre à l’envers à ses anciens employeurs, comme il avait pu le faire le 3 janvier dernier lors de la visite de Toronto dans le Texas. Pour rappel ? DeMar DeRozan avait ce soir-là réalisé l’un des plus beaux matchs de sa saison carrière, faisant péter à l’occasion le premier triple-double de sa carrière NBA. Et pour un mec sujet à la dépression, disons que la performance reste assez honorable. BG.

Il y aura de l’émotion, des frissons, peut-être quelques larmes, mais il y aura surtout un match de basket, durant lequel deux hommes notamment se répondront coup pour coup pour nous montrer qui a le plus gros (de talent). C’est ce soir à 1h du matin, c’est immanquable, donc ne le manquez pas. Allez, go Carrefour, paraît que les Kleenex sont en promo.