La story d’Élie – Episode #8 : Élie Okobo prend son envol, la fête à Phoenix devient plus folle
Le 27 janv. 2019 à 18:45 par Aymeric Saint-Leger
Oh my, here we are. Dans le dictionnaire, à côté du terme “ascension fulgurante”, vous trouverez une photo d’Élie Okobo. Le gamin de Bordeaux, passé à la postérité à la mène avec l’Élan Béarnais, a fait le grand saut le 22 juin 2018, où il a été sélectionné par les Suns à la 31ème position de la Draft. Du talent plein les doigts, des rêves de gosse plein la tête, le jeune frenchie débarque aux States avec l’insouciance de la jeunesse. De quoi lui dédier une rubrique bimensuelle afin de suivre son évolution lors de son année rookie dans la Grande Ligue. C’est parti mon Élie, huitième épisode pour l’entrée dans le grand bain.
NBA :
- 16 janvier vs Indiana Pacers (défaite 131 à 97) : 21 minutes de jeu, 4 points (à 1/5 au tir, dont 1/4 du parking, 1/2 aux lancers-francs), 4 assists, 1 rebond, 1 interception, 4 fautes
- 18 janvier @ Toronto Raptors (défaite 111 à 109) : 16 minutes de jeu, 8 points (à 2/3 au tir, dont 1/2 du parking, 3/4 aux lancers-francs), 1 rebond, 2 interceptions, 1 faute, 1 balle perdue
- 20 janvier @ Charlotte Hornets (défaite 135 à 115) : 13 minutes de jeu, 2 points (à 0/2 au tir, dont 0/2 du parking, 2/2 aux lancers-francs), 4 assists, 2 rebonds, 3 fautes, 1 balle perdue
- 21 janvier @ Minnesota Timberwolves (défaite 116 à 114) : 6 minutes de jeu, 4 points (à 2/5 au tir, dont 0/1 du parking), 1 assist, 1 faute, 1 balle perdue
- 23 janvier vs Minnesota Timberwolves (défaite 118 à 91) : 4 minutes de jeu, 0 point (à à/4 au tir, dont 0/2 du parking)
- 25 janvier vs Portland Trail Blazers (défaite 120 à 106) : 28 minutes de jeu, 12 points (à 4/9 au tir, dont 3/5 du parking, 1/1 aux lancers-francs), 1 assist, 7 rebonds, 1 interception, 2 fautes
- 26 janvier @ Denver Nuggets (défaite 132 à 95) : 31 minutes de jeu, 7 points (à 3/6 au tir, dont 1/4 du parking), 4 assists, 3 rebonds, 3 fautes, 1 balle perdue
Statistiques sur la saison NBA: 33 rencontres disputées (5 fois titulaire), 18,1 minutes de jeu, 6,1 points (à 38,3% au tir, 31% du parking, 88,3% aux lancers-francs), 2,3 assists, 1,9 rebond, 0,7 interception, 0,1 block, 2,3 fautes, 1,3 balle perdue.
Fait rare depuis le début de saison, notre jeune Frenchie a pris part à tous les matchs des Suns, sans exception, sur la dernière quinzaine. Cela fait sept rencontres supplémentaires au compteur, à raison de 17 minutes de moyenne lors de chacune d’entre elles. L’utilisation du rookie est cependant variable, puisqu’il peut très bien apparaître seulement 240 secondes lors d’une opposition, comme jouer sa bonne demi-heure. Une feuille vierge contre Minnesota le 23, puis noircie correctement face à Portland le surlendemain, voilà ce qui peut arriver lorsque l’on est un freshman dans cette Ligue, et que le temps de jeu qui vous est accordé fluctue grandement.
Le talent est là, il est palpable, il lui faut juste une fenêtre afin qu’il puisse s’exprimer. Elle s’est ouverte face aux Blazers, et le moins que l’on puisse dire, c’est que le meneur formé aux JSA de Bordeaux en a tiré profit. Une belle pointe à 12 points, avec de bons pourcentages, surtout derrière l’arc, et une feuille de match complète. On peut noter les sept rebonds pris par Élie Okobo, ce qui constitue son record en carrière (voir plus bas).
En back-to-back, il a enchaîné face à Denver, avec un assez propre 7-4-3, et le tout, en étant titulaire. Pour la cinquième fois de la saison, Swaggy E a débuté une rencontre dans le cinq majeur, comme récompense de sa bonne prestation de la veille… Bon, il faut aussi dire que De’Anthony Melton, l’habituel titulaire au poste 1, s’est blessé à la cheville en cours de match face à Lillard et ses potes. Une aubaine pour notre Frenchie.
# ÉLIE OKOBO CATAPULTÉ TITULAIRE, UNE OCCASION DE FAIRE SES PREUVES ET DE S’INSTALLER DURABLEMENT DANS LE CINQ MAJEUR
Être le back-up de De’Anthony Melton à la mène, ce n’est pas très glorieux. C’est comme être le remplaçant de Jean-Michel Random ou de Hasheem Thabeet au pivot. Dans cette situation là, ça ne sent a priori pas très bon. Malgré tout, le hasard (non, pas Thierry) a fait que le pauvre rookie ricain s’est bien amoché la cheville. Il ne devrait pas revenir avant le All-Star Game, il s’agit donc d’une belle grosse blessure, pas d’une simple torsion de son articulation. Cela donne trois semaines à Swaggy E pour en profiter. L’opportunité est là, du temps de jeu va lui être offert, une place de titulaire de temps à autres également. C’est l’heure de marquer des points, de montrer sa progression à coach Kokoskov, afin que la participation d’Élie Okobo à la bonne marche des Suns se pérennise sur le moyen terme.
Il n’empêche que, lorsque l’on regarde attentivement l’ensemble de la saison du côté de Phoenix, il y a un point guard curse qui sévit depuis l’été. Ah oui, vous n’avez pas voulu recruter de gros meneur ? Et bien, cela va donner une hécatombe. Rappelez-vous de Shaquille Harrison, coupé en début de saison parce que quatrième dans la rotation, qui a réussi à retrouver un contrat à Chicago on ne sait trop comment. Pensez aussi à Isaiah Canaan, posé titulaire au poste 1, alors que le bonhomme, bien qu’expérimenté, n’avait joué que back-up la plupart du temps, que ce soit à Houston ou à Philadelphie. Fin novembre, pépère se fait waiver. On a du mal à comprendre les décisions de James Jones, nouveau GM qui a pris ses fonctions en tout début d’exercice 2018-19. Il y a bien eu quelques rumeurs de transfert pour “ramener le meneur à la maisooooon, allez James Jones allez”, on a pensé notamment à du Terry Rozier qui pourrait débarquer dans l’Arizona. Des noms ont été évoqués pour venir renforcer la mène. Le seul qui est arrivé, c’est Austin Rivers. Et autant dire qu’il n’a pas réussi à se faire sa place au soleil, puisqu’il s’est directement fait couper par les Suns. Alors, qui reste-t-il ? Devin Booker. Le projet d’Igor Kokoskov ? En faire un meneur, qui peut à la fois organiser le jeu et envoyer des bombinettes dans tous les sens. Cependant, malgré son grand talent, l’homme aux 70 points n’est pas un créateur naturel pour les autres, c’est un poste 2, point barre. Rajoutez à ça la blessure de Melton, et on retrouve notre Frenchie à la mène dans le cinq majeur. Wouaou, mais comment fait-il ? Quel est son secret ? On a des petites idées.
“T’inquiète le jeune, tu fais en sorte que le Melton là, il se pète un truc, et t’y vas à fond, tu réfléchis pas.” Les conseils de ses compatriotes plus expérimentés ont pu servir à Élie Okobo pour trouver son rôle et sa place dans l’effectif de Phoenix. Ou alors, peut-être que sa force provient de tout autre chose…
Merci #Pullin pour le cadeau! Lourds les caleçons 🔥 On représente le Sud Ouest fièrement 🤙 pic.twitter.com/zxO549i6Mq
— Elie Okobo (@ElieOkobo_0) 13 janvier 2019
Toute personne ayant été sportif et compétitif a ses rituels, ses petites superstitions. Cela peut-être une certaine position lors de l’échauffement, un moment de concentration où l’on se retrouve isolé, ou un vêtement fétiche, comme un caleçon par exemple. Nul doute que le petit prodige qui sort de l’Élan Béarnais va porter les sous-vêtements qui lui ont été offerts par la célèbre marque lors de ses matchs en NBA. Celui avec les cactus est particulièrement réussi, comme un petit clin d’œil à l’Arizona. Espérons que ces boxers puissent devenir les porte-bonheur du numéro 2 des Suns, qui s’adapte de mieux en mieux à la vie américaine. Son anglais est très bon, son style de jeu convient bien à la Ligue d’outre-Atlantique, les éléments sont en train de se réunir afin que cela fonctionne au mieux pour Élie Okobo. S’il se plait au pays de l’Oncle Sam, il n’en oublie pas pour autant son attachement à son pays d’origine, et il le manifeste, portant fièrement les couleurs de la France qui gagne dans le domaine sportif.
Boum. Deux étoiles sur la veste, on ne peut souhaiter à Swaggy E que de gagner au moins autant de bagues dans sa carrière. Pas certain que ce soit sous le jersey des Suns, même si Phoenix est une ville de basket. Comme Babac à son époque, le natif de Bordeaux apporte une french touch chez les Cactus, ce qui n’est pas pour déplaire à l’entourage du Frenchie. Surtout lorsqu’il fait preuve de son talent de cuisinier, de fin gourmet à la française.
We’re hanging out at our @PayPal Sixthman Rookie Social tonight!
First up, @ElieOkobo_0 making Crepes! pic.twitter.com/mHcReG0TfY
— Phoenix Suns (@Suns) 24 janvier 2019
Le mec a du style même quand il fait des crêpes, alors que toi, quand la chandeleur approche, tu crépis ton plafond ou ton sol en voulant faire le malin à tourner les crêpes en les lançant en l’air pour les faire retomber dans la poêle. À l’heure où le All-Star Game s’approche à grands pas, on se doute malheureusement qu’Élie Okobo ne devrait pas être de la partie, ses performances n’étant pas suffisantes pour intégrer le match du vendredi. Cela va être un peu juste pour le concours de dunk (sans blague). Par contre, on serait curieux de le voir aligner les ficelles entre les racks du three-point contest. Il ne faut pas oublier que Swaggy E est un vrai gros shooteur, capable de prendre feu, d’enfiler des paniers à répétition sans aucune conscience. Même les shoots difficiles en fin de possession ne lui font pas peur. Petit à petit, le gaucher tricolore se montre, fait parler un peu de lui même si la hype n’est pas celle d’un Luka Doncic ou d’un Deandre Ayton. Malgré tout, il commence à faire des émules dans le monde de la balle orange.
— Elie Okobo (@ElieOkobo_0) 18 janvier 2019
Pour les jeunes français qui vont commencer à regarder le basket d’ici cinq ans, les références ne seront plus Boris Diaw et Tony Parker. Non, ce sera probablement Rudy Gobert, Evan Fournier, et peut-être bien Élie Okobo, s’il parvient à s’imposer durablement en NBA. Pour cela, il va falloir renouveler les performances réalisées face à Denver et Portland. C’est d’ailleurs face aux Blazers qu’il a amélioré un de ses records en carrière, celui du nombre de rebonds pris en un match. Ok, sept prises, ce n’est pas énorme, mais ce n’est pas si mal pour un meneur. Et autant dire que c’est une chiffre qui pourra s’améliorer à l’avenir. Il en faudra quand même beaucoup pour aller chercher la Stifle Tower ou Jooks.
Classement des meilleures performances personnelles en nombre de rebonds sur un match pour les Français passés en NBA :
- Rudy Gobert : 25
- Joakim Noah : 23
- Nicolas Batum : 18
- Tariq Abdul-Wahad : 17
- Boris Diaw : 16
- Ronnie Turiaf : 15
- Alexis Ajinça : 15
- Johan Petro : 15
- Mickaël Pietrus : 14
- Ian Mahinmi : 14
- Kévin Séraphin : 14
- Joffrey Lauvergne : 13
- Tony Parker : 12
- Jérôme Moïso : 12
- Evan Fournier : 10
- Mickaël Gélabale : 9
- Timothé Luwawu-Cabarrot : 9
- Rodrigue Beaubois : 8
- Nando De Colo : 8
- Élie Okobo : 7
- Frank Ntilikina : 7
- Guerschon Yabusele : 6
- Yakhouba Diawara : 6
- Damien Inglis : 5
- Axel Toupane : 3
- Antoine Rigaudeau : 2
- Pape Sy : 2
# LE PROGRAMME DE SWAGGY E
Deux prochaines semaines :
- 28 janvier @ Los Angeles Lakers
- 30 janvier @ San Antonio Spurs
- 3 février vs Atlanta Hawks
- 5 février vs Houston Rockets
- 7 février @ Utah Jazz
- 9 février vs Golden State Warriors
Ah, ça y est, les Suns ont décidé d’être cohérents. Les sept derniers matchs ont été conclus par des défaites plus ou moins cuisantes, de quoi se relancer dans la course au first pick. Avec un bilan de 11 succès pour 40 déconvenues, ils sont très largement derniers de la Conférence Ouest. Les seules équipes avec un ratio plus exécrable que celui-ci sont à l’Est. Chicago, New York et Cleveland ont des bilans encore plus rincés que celui de Phoenix. Alors qu’on a passé la mi-saison, ça va se bastonner à grands coups de moins 30 dans le teston à chaque rencontre pour être le plus nul (nul nul nul) de toute la Ligue. C’est d’ailleurs un match entre deux équipes bien éclatées qui va se dérouler le 3 février. Hawks @ Suns, c’est un événement à ne pas rater (pour ceux qui ont des problèmes d’insomnie).
Hormis le massacre annoncé entre Bastien et Alex la bande à Booker et celle de John Collins, le calendrier devrait permettre aux hommes de Kokoskov de perdre de nombreuses oppositions de belle manière. Les Lakers paraissent à peu près prenables en ce moment, et la blessure de Lonzo Ball ne va pas les arranger. Les gold and purple peuvent quand même disposer des Suns à domicile. Pour ce qui est de la suite, ça va être du costaud. Un joli duel attend Élie Okobo face à Derrick White lors de la confrontation face aux Spurs. Il faudra ensuite se coltiner le barbu pyromane et ses copains, puis Ricky Rubio et Donovan Mitchell pour Swaggy E. Des belles parties de plaisir, auxquelles viennent s’ajouter une petite rencontre face aux Monstars Warriors. Stephen Curry sur un plateau pour le numéro 2 des Suns, il y a de quoi s’amuser. Surtout, il y a de quoi apprendre, accumuler de l’expérience, et c’est bien tout ce qu’on souhaite à notre petit Frenchie. Pourvu que ça dure, la belle figure, les fêtes à Bayonne, les soirs sur la Garonne.
Si tout va bien, le temps de jeu devrait être au rendez-vous lors des trois prochaines semaines pour Élie Okobo. Voici une occasion rêvée pour démontrer tout le travail effectué depuis quelques mois, et pour exprimer son talent et laisser parler son poignet de la meilleure des manières. C’est peut-être le premier tournant, le premier vrai moment fort et important dans la carrière de Swaggy E en NBA. Le coche est à ne pas rater, pour pouvoir faire sa place de manière durable dans un effectif qui a cruellement besoin d’un meneur efficace. La belle histoire continue de s’écrire pour Mr Okobo, rendez-vous le dimanche 10 février pour le neuvième volet de la story d’Élie.
Source texte : Twitter/@ElieOkobo_0, Instagram/@elie_0kb, Twitter/@Suns