Joel Embiid en a marre des tirs du parking : on peut dire que le Process en a gros en ce moment
Le 28 déc. 2018 à 19:18 par Victor Pourcher
Quand Joel Embiid est arrivé en NBA, tout le monde était impressionné par ce grand gaillard de 2m13 pour 113 kilos qui, tour à tour, faisait danser ses adversaires, les enfonçait au poste bas, dominait sous les cercles et, surtout, sanctionnait à longue distance. Un spécimen abouti de pivot moderne qui allait rapidement s’imposer dans la Ligue, notamment grâce à son adresse extérieure. Mais Jojo est un grand enfant : retirez-lui sa peinture et il y a moyen qu’il râle un peu.
En ce moment, Joel Embiid semble ruminer. Quelques temps après l’arrivée de Jimmy Butler aux Sixers, il avait déjà pris la parole pour expliquer qu’il n’aimait pas son rôle dans le système. Lui qui est habituellement si chambreur et souriant, ces déclarations avaient de quoi surprendre. Il faut dire que l’arrivée de Buckets, si elle ajoute un All-Star et un game changer dans cette équipe, appelle également de sacrés changements dans la hiérarchie et des ajustements tactiques. Ceci dit, pas de panique hein, quand le pivot de Philadelphie est grognon, il continue de noircir les feuilles de stats : 26,5 points, 13,3 rebonds et presque 2 blocks par rencontre. Mais Jojo en avait encore gros en sortant du match contre Toronto, et confiait à Tim Bontemps d’ESPN son désamour pour le tir à trois-points et son changement d’état d’esprit dans sa sélection de tir :
“Je n’aime pas shooter à trois points. Je le fais seulement à cause du spacing que nous avons, et que je dois les prendre de temps en temps. Je dois être au large pour permettre aux gars d’être ouverts en attirant l’attention sur moi. […] Ce n’est pas parce que je suis à trois points que je dois prendre les shoots, même si je suis ouvert. Je pense que j’ai eu quelques occasions cette nuit [contre Toronto] et contre les Knicks où j’aurais pu shooter, mais j’ai posé un dribble et pris un tir à mi-distance. C’est comme cela que je me sens bien, et ça marche.”
C’est clair, le pivot s’écarte en traînant des pieds et des paluches. Mais dans une équipe de Philadelphie où toute la production extérieure repose dans le poignet de J.J. Redick et ses 7,6 tentatives de loin en moyenne (et quel poignet hein, 44% de réussite), Brett Brown doit bricoler pour éviter les embouteillages à l’intérieur entre le pivot, les drives de Ben Simmons et les isolations de Jimmy. Alors pour équilibrer le tout, c’est Joel Embiid qui s’occupe de roder au-delà de la ligne à trois points. Et en regardant les matchs du pivot, on pourrait penser qu’il aime ça, tant on peut le voir prendre des shoots parfois difficiles de loin. Eh bien, pas du tout, nada, keutchi. D’abord, cause ou conséquence de ce désamour, sa courbe de réussite du parking a dramatiquement chuté : 37% lors de sa saison rookie, 31% en tant que sophomore et… à peine 28,5% cette année. Ce qui est étonnant, et qui vient confirmer l’impression visuelle du début de saison, c’est que son volume de tirs à distance a légèrement augmenté. Réaction mécanique lié à son statut ou excès de gourmandise ? Probablement un peu des deux. Quoiqu’il en soit, Joel Embiid semble en pleine prise de conscience : attendez, je broie toutes les raquettes de la Ligue (54% de réussite à deux points) et je galère du parking, y a un truc à faire non ? Pour le pivot, le déclic est récent, et dans les stats, on peut le situer à la taule reçue par les Spurs : Joel Embiid était totalement passé à travers avec 0 sur 6 de loin. Résultat, aucune tentative sur les deux matchs suivants, pour deux larges victoires et deux mixtapes de Jojo face aux solides Raptors et aux Knicks (moins solides ceux-là). En tout cas, nous, on sera loin de lui en vouloir s’il décide de se concentrer sur son entreprise d’annihilation des raquettes, tant il régale dans ce domaine. Par contre, il faudra quand même se demander, un jour, qui d’autre que Redick pourra scorer du parking aux Sixers ? Et le premier qui nous sort qu’il a vu les échauffements de Ben Simmons et qu’il va devenir un shooteur fiable, c’est direct une pièce dans le Hello Kitty…
Joel Embiid est un peu grognon. Et que je n’aime pas ceci, et que cela me soûle… Mais le pivot continue de faire le taff et aimerait simplement se calmer sur les tirs extérieurs, lui qui semble en difficulté dans ce domaine ces derniers temps. La mailloche sous les cercles, le trashtalking au poste bas, les moves pour faire danser l’adversaire : c’est tout ça qui fait vraiment vibrer celui qui a toujours avoué s’inspirer grandement de l’immense Hakeem Olajuwon.
Source texte : ESPN