Départ de Cleveland annoncé pour le GOAT, J.R. Smith : retour nostalgique sur les moments cultes de Gérard dans l’Ohio

Le 21 nov. 2018 à 19:11 par Victor Pourcher

JR Smith
Source image : NBA League Pass

On se lève, on croit que la vie est belle et, bam, ça nous tombe sur le coin de la gueule : c’est un triste jour, une fin de cycle. Dans la rédaction, les drapeaux sont en berne pour saluer les derniers temps d’une ère aux Cleveland Cavaliers : J.R. Smith, plus connu sous le doux nom de Gérard, a été mis à l’écart de l’équipe dans l’attente d’un transfert. Mais ne nous laissons pas abattre et revenons sur ces moments dans l’Ohio qui ont construit sa légende.

Bien plus qu’un simple joueur, Gérard est un éternel show-man, peut-être même malgré lui. Alors que ce soit sur les parquets et surtout ou en dehors, suivre avec attention le parcours du GOAT est l’assurance d’assister régulièrement à des événements fous et incompréhensibles mais résolument cultes, définitivement all-time. Alors on ne va pas se priver de revenir avec nostalgie sur quelques uns des chefs-d’oeuvres que J.R. Smith a pu nous délivrer durant son passage aux Cleveland Cavaliers.

# Gérard n’a pas le temps : 29 points et record personnel dès son quatrième match

La patience n’est pas vraiment une des qualités de Gérard. Il suffit de voir sa sélection de tir à trois-points pour comprendre qu’il préfère shooter dès qu’une ouverture se crée (ce qui signifie, en langage Gérard, dès qu’il a le cuir entre les mains) plutôt que d’attendre la solution parfaite. Dans la vie, il est pareil. Et cette impatience va très vite se traduire sous le maillot de Cleveland, lors d’un déplacement dans l’Arizona contre les Phoenix Suns, le 13 janvier 2015. C’est déjà une lointaine époque : Timofey Mozgov était titulaire côté Cavaliers, Phoenix comptait un bilan positif à l’approche du All-Star Game et Gérard n’avait que trois petits matchs avec Cleveland dans les jambes. C’est le moment qu’il choisit pour sortir une performance dont il a le secret : 29 points et 4 interceptions, à 10 sur 19 au tir dont un classique 8 sur 14 du fond du parking. Y a-t-il plus Gérard que cette ligne de stats ? Certes, peut-être une à 1 sur 15 de loin… mais restons sur ce match, qui restera donc comme sa meilleure partie dans la franchise sur le plan comptable.

# Retour à New York : le alley-oop de la vengeance avec Iman Shumpert

S’il l’a peu montré au fil des années dans l’Ohio, Gérard est un sacré arracheur de cercle. Aux Denver Nuggets tout comme aux New York Knicks, il a régalé en faisant étalage de son aisance en l’air et de sa puissance par ses dunks et alley-oops spectaculaires. Et justement, Gérard retrouvait ce soir là les Knicks qui l’avaient échangés quelques temps auparavant dans un énorme trade à trois avec le Thunder et les Cavaliers : Dion Waiters s’envole pour OKC, les Knicks reçoivent trois contrats non-garantis dont Lance Thomas, et donc les Cavs s’offrent Iman Shumpert et J.R. Smith. Or, il se sentait bien à NYC et nourrit une certaine rancœur envers la franchise qui l’a obligé à passer des nuits folles de Big Apple à l’austérité de l’Ohio. Alors dans ce match, J.R. Smith et son compagnon de galère Iman Shumpert s’arrangent pour se rappeler au bon souvenir de leur ancienne équipe : Gérard part ligne de fond, Shumpert le met en orbite et à l’arrivée, Smith arrache le panier. En voyant la réaction des deux potes et celle du banc, on se doute qu’il y avait bien plus que deux points derrière cette action…

# Hey Jason, comment va la famille ?

Gérard, c’est aussi un mec avec le cœur sur la main, il ne rate jamais l’occasion de taper un handshake avec un vieux pote. Alors quand en sortie de temps-mort il capte son pote Jason Terry sur le banc de Milwaukee, c’est tout naturellement qu’il part le saluer. Seul problème : il y a un match Bucks – Cavaliers qui se joue sur le parquet des daguets ! Petite passe à l’intérieur et panier facile pour l’adversaire du soir. La séquence émotion se transforme immédiatement en bêtisier de Noël pour offrir donner l’une des actions cultes de Gérard sous le maillot de Cleveland. L’amitié avant le jeu, le GOAT est un homme immense et une source inépuisable pour le Shaqtin’ Fool.

# Gérard à la cantine : bah Damon, pourquoi tu finis pas ta soupe ?

Avec Gérard, on ne plaisante pas avec tout ce qui se boit, que ce soit un bon whiskey ou un simple potage ! Alors ne nous demandez pas quel raisonnement l’a mené à cette action ni quels neurones se sont touchés, peu importe, le mystère rend la chose d’autant plus incompréhensible et donc, d’autant plus belle. Lors d’un rassemblement des Cavaliers pour une petite collation et d’une discussion avec Damon Jones, J.R. Smith pète un câble, se rappelle de ses plus merveilleuses années collège et fait voler son bol de soupe à travers la cantine en direction de l’assistant coach. Le GOAT a gardé son âme d’enfant mais l’organisation des Cavs, qui ne saisit pas le génie de cet homme, le sanctionne d’une suspension d’un match à la suite de ce lancer, dont la légende ne dit pas s’il a été exécuté… à la cuillère. Vous l’avez ?

# Le titre de 2016 et sa célébration : tous à poil et votez pour moi !

La vie ne laisse que peu de place au hasard et le basket sait récompenser ses plus illustres représentants. En 2016, c’est la consécration pour Gérard, qui est un acteur majeur du titre NBA de Cavaliers emmenés par un LeBron James légendaire face à l’armada de Golden State. Warriors blew a 3-1 lead, mais le meilleur reste à venir : J.R. Smith est à l’aube de la plus grosse teuf de sa vie, celle d’un titre NBA. Et même si vous n’aimez pas Gérard (ce qui est déjà pas si loin du blasphème), vous ne pouvez pas nier que si une catégorie statistique évaluait le niveau des joueurs en célébration, il n’y aurait pas assez de Guinness Book pour classer le GOAT. Bien évidemment, il n’a pas déçu lors de la parade du champion : tee-shirt enlevé en un temps record et plus revu pendant un bon mois, photos iconiques par dizaines et une fameuse pancarte appelant au vote pour lui-même en vue des présidentielles américaines. Vrais reconnaissent vrais, et durant la réception des Cavs à la Maison Blanche, le président Obama ne manquera pas de féliciter les champions… et spécialement la chemise du GOAT d’être venue.

# Game 5 des Finals 2017 : le GOAT brille malgré la défaite…

L’année suivante, retour en Finales NBA pour J.R. Smith, de nouveau face aux Golden State Warriors de Stephen Curry. Cette fois-ci, l’écart sera trop grand et les Cavaliers tiendront jusqu’au Game 5 avant de rendre leur titre. Comme d’habitude, LeBron James est énorme dans ces Finales, tournant en triple-double de moyenne avec 33,6 points, 12 rebonds et 10 assists dans la série. Mais dans ce dernier match, un autre Cavalier sort de sa boîte et régale pour tenter de repousser l’échéance : vous l’avez deviné,  il s’agit de notre Gérard national. 25 points à 9 sur 11 au tir dont 7 sur 8 à trois-points au meilleur des moments, les filets de l’Oracle Arena ont sérieusement chauffé. Malheureusement on le sait, cela ne suffira pas pour rééditer l’exploit de l’année passée et pas de parade torse nu ni de campagne présidentielle pour J.R. Smith cet été-là. Mais rien n’empêche de revoir les highlights du match de Gérard avec un petit verre d’Hennessy ou bol de soupe, les deux avec modération : on sait jamais.

# Game 1 des Finals 2018 : un rebond pour la gagne, puis le trou noir

Bande de fourbes, on est sûr que vous l’attendiez avec impatience et le voilà : peut-être LE moment le plus Gérard de Gérard, la quintessence de son art. Rapide rappel du contexte. Dans ces Finales, personne n’ose réellement croire en Cleveland face à des Warriors déterminés à aller chercher leur back-to-back. Kevin Durant est lourd, Stephen Curry est Stephen Curry, Klay Thompson est solide et Draymond Green n’a pas mangé depuis quinze jours. Surtout, de l’autre côté, on ne voit guère que LeBron James pour espérer bouger cette équipe all-time. Seulement voilà, les Cavaliers se lâchent complètement dans premier match et en arrivent à obtenir un ballon pour la gagne. Hill met son premier lancer pour égaliser mais envoie une brique sur le deuxième, Gérard prend le rebond sur la gueule de Kevin Durant (!!!)… Le reste appartient à l’histoire : J.R. Smith, plutôt que de rentrer son lay-up, ressort à toute vitesse de la raquette, LeBron James lui hurle de tirer, Gérard est perdu et lâche le ballon à Hill dans le corner, trop tard. On file en prolongation mais les Cavs ont laissé passer leur chance, perdent le match 1 et ne se relèveront pas : sweep, merci et au revoir. Et Gérard devra faire face à la tempête médiatique : connaissait-il le score ? Savait-il le temps qu’il restait ? Se rappelait-il qu’il était joueur de basket ? Que de questions sans réponse, comme souvent avec lui, mais alors quel plaisir pour les yeux, comme toujours.

Allons, allons, ne soyez pas si triste : nul doute que nous verrons encore beaucoup d’actions du GOAT J.R. Smith. C’est vrai, Gérard chez les Cavaliers, c’était beau et c’est avec une nostalgie mêlée d’affection que l’on se retourne en admirant le chemin parcouru. Salut l’artiste, et surtout, à bientôt !

 Sources : Youtube, CBS Sports