La story d’Élie – Episode #3 : Élie Okobo fait la navette, la vie d’un rookie n’est pas toujours une fête
Le 18 nov. 2018 à 23:53 par Aymeric Saint-Leger
Oh my, here we are. Dans le dictionnaire, à côté du terme “ascension fulgurante”, vous trouverez une photo d’Élie Okobo. Le gamin de Bordeaux, passé à la postérité à la mène avec l’Élan Béarnais, a fait le grand saut le 22 juin 2018, où il a été sélectionné par les Suns à la 31ème position de la Draft. Du talent plein les doigts, des rêves de gosse plein la tête, le jeune frenchie débarque aux States avec l’insouciance de la jeunesse. De quoi lui dédier une rubrique bimensuelle afin de suivre son évolution lors de son année rookie dans la Grande Ligue. C’est parti mon Élie, troisième épisode pour l’entrée dans le grand bain.
# RETOUR SUR SES DERNIÈRES PERFORMANCES
NBA :
- 4 novembre vs Memphis Grizzlies (victoire 102 à 100) : 14 minutes de jeu, 5 points (à 2/6 au tir, dont 1/2 du parking), 2 rebonds, 2 fautes
- 6 novembre vs Brooklyn Nets (défaite 104 à 82) : 13 minutes de jeu, 3 points (à 1/5 au tir, dont 1/3 du parking), 2 assists, 1 rebond, 1 faute, 1 balle perdue
- 8 novembre vs Boston Celtics (défaite 116 à 109) : 11 minutes de jeu, 4 points (à 2/5 au tir, dont 0/1 du parking), 1 assist, 1 rebond, 2 fautes, 1 balle perdue
- 10 novembre @ New Orleans Pelicans (défaite 119 à 99) : 11 minutes de jeu, 8 points (à 2/6 au tir, dont 0/2 du parking), 2 rebonds, 2 interceptions, 1 block
- 12 novembre @ Oklahoma City Thunder (défaite 118 à 101) : 13 minutes de jeu, 2 points (à 1/2 au tir, dont 0/1 du parking), 5 assists, 1 faute,
- 18 novembre vs Oklahoma City Thunder (défaite 110 à 100) : DNP
G League (Northern Arizona Suns):
- 13 novembre vs Santa Cruz Warriors (défaite 115 à 112) : 33 minutes de jeu, 15 points (à 6/19 au tir, dont 3/12 du parking, 0/2 aux lancers francs), 10 assists, 7 rebonds, 2 interceptions, 5 fautes, 1 balle perdue
- 16 novembre vs Agua Caliente Clippers (victoire 120 à 117) : 33 minutes de jeu, 22 points (à 7/16 au tir, dont 2/7 du parking, 6/6 aux lancers francs), 8 assists, 4 rebonds, 3 fautes, 4 balles perdues
Statistiques sur la saison : 11 rencontres disputées (1 fois titulaire), 15,1 minutes de jeu, 6 points (à 37,7% au tir dont 26,9% du parking, 92,9% aux lancers francs), 2,3 assists, 1,5 rebond, 0,3 interception, 0,1 block, 2,1 fautes, 1 balle perdue.
Cela fait maintenant plus d’un mois que l’exercice 2018-19 de la Grande Ligue a débuté. L’heure de dresser un premier bilan pour les joueurs de première année. Loin des Ayton, Doncic ou Young, Élie Okobo fait déjà son petit bout de chemin. Le constat est clair : la NBA est impitoyable. Il faut être à fond tout le temps, être régulier tous les soirs, prendre soin de son corps, ne pas s’éparpiller dans trop de distractions inutiles, garder confiance en soi… Tout cela, Swaggy E est en train de l’apprendre peu à peu.
Après des débuts assez tonitruants (dont un 18 points, 5 rebonds et 7 passes décisives) lors des semaines précédentes, les quinze derniers jours ont été plus compliqués pour notre Frenchie. Après avoir joué autour de 30 minutes sur certaines rencontres, son temps de jeu s’est stabilisé autour de 12, 13 minutes par opposition, notamment lors d’une des rares victoires des hommes d’Igor Kokoskov, contre Memphis. Une victoire soulignée par la papatte gauche from Gironde sur son Instagram.
Même si ci-dessus, il vole au-dessus de Mike Conley, dans l’ensemble, ses apparitions sont brèves, limitées. L’impact du numéro 2 des Suns n’était pas des plus tonitruants. Malgré tout, il était back-up d’Isaiah Canaan (ça fait toujours bizarre de se dire qu’Isaiah Canaan a un back-up) à plein temps, puisque pendant une semaine, De’Anthony Melton avait été envoyé auprès des Northern Arizona Suns, soit la franchise de G League affiliée à celle de Phoenix. Si la hiérarchie paraissait déjà bien définie à la mène, rien n’est inamovible, surtout dans une équipe en phase de construction, qui a des résultats peu probants.
# LA CONCURRENCE ET LA G LEAGUE, UNE EXPÉRIENCE FORMATRICE POUR OKOBO
Du fait de ses performances en demi-teinte avec l’équipe première, et du bon comportement de Melton en G League (il a notamment signé un triple-double), les deux jeunes guards ont vu leurs chemins se croiser en début de semaine. Si, depuis la mi-octobre, De’Anthony est coutumier des allers-retours entre les deux squads, c’est une première pour Élie. Mais ne vous méprenez pas, personne n’a vu Okobo trop beau, et cette assignation n’a rien d’une punition, bien au contraire. Il n’y a qu’à voir le point de vue du coach serbe de Phoenix concernant les bienfaits de la ligue secondaire pour ses rookies, qu’il a exprimé auprès d’Arizona Central.
“La seule manière de voir ce que vous pouvez tirer d’un joueur, c’est de le faire jouer. Nous allons faire jouer ces gars [Okobo et Melton, ndlr], et au fur et à mesure de la saison, des décisions devront être prises, à moins que cela se dessine naturellement de par leurs performances. […] Si nous pouvons trouver des minutes pour eux, on le fera. Ils peuvent organiser le jeu de l’équipe, c’est sûr, puisque ils n’ont pas à faire d’actions spectaculaires. Rien de fantaisiste. Juste gérer, organiser le jeu, et jouer dur.”
La hiérarchie n’est donc pas fixe dans la tête de Kokoskov, entre Swaggy E et Melton. En même temps, cela ne fait qu’un mois de compétition, et les deux rookies n’en sont qu’à un stade très peu avancés de leur développement. Ils ont des qualités différentes, qu’ils doivent exploiter. Surtout, ils doivent progresser, comme l’explique le champion d’Europe 2017 sur le banc de la Slovénie.
“Melton est un très bon défenseur sur l’homme grâce à sa longueur et à sa taille. Il peut couvrir beaucoup plus d’espace. Élie est un vrai meneur. Il est un peu meilleur offensivement, Melton est un peu meilleur défensivement. Ils sont jeunes. Ils n’ont pas un rôle défini. Ils se cherchent en tant que joueur dans cette ligue.”
Ils se cherchent, et pour se trouver et emmagasiner de la confiance, la G League peut être fort utile. Si cela peut apparaître comme le bagne pour certains, ou comme une mise au placard, ce n’est pas ce que pense l’ancien Palois, qui, avant même de rejoindre les Northern Arizona Suns, partait avec un a priori positif sur le fait de jouer dans cette entité.
“C’est une bonne chose. Je ne veux pas prendre ça comme une expérience négative. Cela me donnerait du temps de jeu. Cela me permettrait également de m’améliorer. Tu joues, tu es compétitif, et tu t’améliores. […] Je cherche juste à progresser, à être meilleur chaque jour. C’est ce pour quoi je suis sur le terrain, je vais à la salle tous les jours pour travailler, pour être meilleur et pour être prêt lorsqu’une opportunité se présentera”.
Deux semaines après cette déclaration, voilà donc Élie en G League, aux côtés notamment de Jawun Evans. Deux rencontres en quelques jours, 33 minutes de temps de jeu par soirée, l’occasion rêvée de pouvoir s’exprimer. Autant dire que Swaggy E s’en est donné à cœur joie. Le fouetté du poignet gauche est bien là, ça ose prendre un certain nombre de shoots, le tout sans croquer, et face à des adversaires directs d’un niveau plus que correct pour la ligue qui est la petite sœur de la NBA. Et oui, mine de rien, Darius Morris des Santa Cruz Warriors n’est pas n’importe qui. Passé par les Pelicans notamment, il est un fort joueur, qui est souvent à deux doigts de se voir offrir un contrat dans la Grande Ligue, et qui joue les premiers rôles avec les franchises affiliées à celles du championnat chapeauté par Adam Silver. Un défi sympathique pour Okobo, qu’il a relevé en plantant son premier double-double (15 points et 10 passes décisives) ce soir-là. Le duel qui l’opposait à Manu Lecomte ne s’annonçait pas de tout repos non plus. Ce nom ne vous évoque rien, si ce n’est celui d’un des piliers de comptoir d’un PMU de campagne ? Pourtant, le jeune belge provenant de l’université de Baylor est prometteur. Non drafté en 2018, il se retrouve chez les Agua Caliente Clippers, et enchaîne de jolies performances, comme le 24 points et 7 assists qu’il délivre face à notre Frenchie, et ce malgré la présence d’Anthony Bennett dans son équipe (reviens, tu nous manques).
Des face-à-face finalement pas si évidents que cela, desquels Élie Okobo s’est tiré parfaitement. En moyenne sur ces deux rencontres de G League, pépère a tourné à 18,5 points, 9 assists, 5,5 rebonds et 1 interception de moyenne. Clean, propre, même si les pourcentages sont encore approximatifs. Il a même délivré la passe décisive vraiment… décisive pour son coéquipier George King, pour le tir de la gagne contre les Agua Caliente Clippers. Temps de jeu, confiance, application, concentration, le Bordelais fait son taf, et ça paie, puisqu’à l’aube de la rencontre de Phoenix contre Oklahoma City, le gaucher a été rappelé dans le roster principal. De quoi ravir le CM des Suns.
GUESS WHO’S BACK TONIGHT! pic.twitter.com/EtsgRSpr1e
— Phoenix Suns (@Suns) 17 novembre 2018
Le retour d’Élie a été salué par de nombreux fans. Bon, certes, il n’a pas pris part à l’opposition face au Thunder, mais il était sur la feuille. Puis, les performances de Melton en son absence ont été en demi-teinte, pour rester correct et poli. Il n’a pas marqué de points, autant dire que Mr Okobo devrait retrouver du temps de jeu sous peu avec le roster principal. Ce sera cette fois à lui de marquer son territoire, des points au propre comme au figuré, afin de montrer à coach Kokoskov qu’il est au niveau, et qu’il mérite du temps de jeu en sortie de banc. Plus il sera performant, et surtout régulier à ce niveau, plus il y aura des chances de le voir dépasser Canaan dans la hiérarchie au cours de la saison. Enfin, à moins d’une recrue d’ici la trade deadline de février. Bref, peu importe, on ne va pas tirer de plan sur la comète, mais continuer à viser le soleil.
Le jeune cactus fait peu à peu ses armes, et aiguise ses épines au cours des rencontres et méandres que son année rookie dans la plus grande ligue de basket au monde lui permettent de vivre. Il est à fond, impliqué, peu présent sur les réseaux sociaux, ce qui lui permet de se concentrer sur ses tâches, et de ne pas écouter celles qui squattent parfois à outrance la twittosphère. Appliqué à la salle, il s’intègre bien au sein du collectif. Il a le bon état d’esprit, et les capacités. Pour Swaggy E, il ne manque plus qu’à faire son trou, pour prendre racine en Arizona. Tout est en bonne voie après un mois de compétition, pourvu que cela puisse continuer ainsi pour Élie. NBA ou G League, peu importe pour Okobo, tant que le processus de progression suit son cours. Il a le temps, est sous contrat garanti, pas de pression inutile, juste du boulot, et un métier à apprendre auprès de vieux routards et de journeymen chevronnés, afin de se faire sa place et de dominer la concurrence. L’année est bel et bien lancée, pour de bon. Il faut maintenant capitaliser, et ce, dès les prochaines semaines.
# LE PROGRAMME DE SWAGGY E
Deux prochaines semaines :
- 20 novembre @ Philadelphia 76ers
- 22 novembre @ Chicago Bulls
- 24 novembre @ Milwaukee Bucks
- 25 novembre @ Detroit Pistons
- 28 novembre vs Indiana Pacers
- 29 novembre @ Los Angeles Clippers
- 1er décembre vs Orlando Magic
Au vu du très faible bilan des Suns (3 victoires pour 12 défaites), c’est logiquement que Phoenix occupe la dernière place de la Conférence Ouest, et ce, de loin. 12 équipes avec un bilan de 50% ou plus, les Timberwolves quatorzièmes avec 7 succès et 9 revers… Ça sent déjà la cuillère de bois pour les Cactus (#XV d’Italie style). Même si Devin Booker avait assuré aller en Playoffs cette saison, cela semble mal embarqué. De quoi axer à terme la trajectoire de la franchise sur le développement des jeunes pousses. Ce dernier passe par du gros temps de jeu avec les Northern Arizona Suns en G League, mais aussi par un playing time plus restreint mais régulier avec l’équipe première. C’est ainsi que l’on pourrait apercevoir Élie Okobo aux côtés de Booker, Ayton et compagnie dans les deux semaines à venir. Ce sont quinze jours très intéressants pour l’ancien Palois, et De’Anthony Melton, puisque les Soleils vont être opposés à des équipes dont – fait rare – les meneurs ne sont pas les superstars de la Ligue.
Okay, Ben Simmons et Markelle Fultz, c’est costaud. Mais il y a de la place face à Ryan Arcidiacono et Cameron Payne au United Center. Un joli défi face aux Bucks, avec un meneur vétéran en la personne d’Eric Bledsoe, et un jeune en pleine bourre, Donte DiVincenzo. Reggie Jackson et Ish Smith semblent être des match-ups relativement abordables, tout comme Darren Collison et Cory Joseph dans l’Indiana. Un bon moyen de tester un jeune organisateur de jeu est de le confronter aux Clippers. Avec un Patrick Beverley prêt à déchiqueter le moindre bout de textile, et un Shai-Gilgeous Alexander juvénile mais déjà dur au mal, le défi paraît plus compliqué qu’il n’y paraît. Enfin, une des franchises les plus faibles (hors Suns) au poste un se trouve être le Magic. Affronter D.J. Augustin et Jerian Grant, pas d’offense, cela peut donner confiance. Ce sont donc des rencontres et des adversaires directs qui paraissent abordables pour le Bordelais, pas de Westbrook, Curry, Paul ou autre étoile au programme. De’Anthony Melton et Okobo auront probablement chacun leur chance sur cette période, à voir quels seront les choix de coach Kokoskov. Les performances sur le parquet vont parler d’elles-mêmes, en G League ou en NBA. C’est l’heure d’être performant, pour ne serait-ce que conserver un poste de remplaçant d’Isaiah Canaan. Le premier mois de compétition est terminé, la machine est lancée, il faut continuer à bosser et prendre sa chance, profiter de la moindre opportunité pour briller.
Que ce soit lors de passages en G League ou sous les lumières des projecteurs de la NBA, on continue à kiffer la saison rookie de notre Frenchie en NBA. La belle histoire continue de s’écrire pour Mr Okobo, rendez-vous le dimanche 2 décembre pour le quatrième volet de la story d’Élie.
Source texte : AZCentral, Twitter/@Suns, Instagram/Elie_0kb