Mesdames et messieurs, voici l’intégralité de l’affaire Jimmy Butler, dans une semaine chaotique
Le 13 oct. 2018 à 16:17 par Theophile Vincent
Et si on faisait le point ? Jimmy Butler est toujours un membre des Minnesota Timberwolves, après avoir clairement annoncé son envie de départ avant le début de la saison. La direction de la franchise de Minneapolis n’a pas fait le nécessaire et semble compter sur son All-Star pour la reprise puisque Butler s’est pointé à l’entraînement cette semaine comme tout le monde. Visiblement, Bucket est parti en vrille et a foutu un beau merdier. Pour convaincre sa direction de le mettre dehors ? On récapitule tout ça en détail.
Breaking news, la saison officielle 2018-19 de la NBA reprend mardi. Oui, ce n’est pas une blague et c’est dans trois petits jours. Pendant ces trois jours, Jimmy Butler devrait toujours être un membre de son équipe de cœur et figurera probablement parmi les noms du roster officiellement présenté par les Minnesota Timberwolves. La direction de la franchise a semblé très réticente à trader son joueur et n’a pas donné l’impression d’être totalement investie dans sa mission. Vous le savez, le Miami Heat en a eu sa claque et a décidé d’enterrer les négociations devant les demandes excessives des Wolves, qui auraient même demandé le slip de rechange de Pat Riley selon plusieurs sources. Le move de la franchise ressemble à une stratégie brillante pour forcer le joueur à rester encore une saison supplémentaire. Après un recrutement quasiment inexistant, les Wolves ont sûrement peur de se retrouver à poil et tentent le tout pour le tout. Bien mal leur en a pris, car selon Adrian Wojnarowski, le toujours très bien informé reporter d’ESPN, Jimmy Butler a décidé de marquer les esprits à sa façon : foutre le bordel à l’entraînement et viser tous les acteurs majeurs de la franchise, à savoir le coach, le GM Scott Layden, Andrew Wiggins et Karl-Anthony Towns. Le taureau est dans l’arène, on préchauffe pour ceux qui ont loupé la scène.
All-Star Jimmy Butler participated in Minnesota's practice, a session that included him verbally challenging teammates, coaches and front office, league sources told ESPN. Butler was vociferous and emotional at times, targeting Thibodeau/Layden/Towns/Wiggins. Story soon on ESPN.
— Adrian Wojnarowski (@wojespn) October 10, 2018
Jimmy Butler, en plus d’être un sacré two-way player, est passé maître dans l’art de montrer sa frustration. Sevré de basket depuis de longs mois, l’ancien de Chicago a donc fait son retour avec son équipe à l’entraînement pour reprendre en douceur… ou pas. Lors d’une opposition, Jimmy a décidé de foutre la raclée aux titulaires avec le bout du banc des Wolves, sans oublier de trashtalk en beauté le KAT et Wiggins. A chaque duel dans la raquette face au pivot, l’arrière montrait sa hargne et son efficacité en défense, avant de lancer au franchise player : “A chaque fois que je me retrouve contre toi en défense, tu passes la balle.” Avant de se tourner vers son GM et crier “Vous avez besoin de moi, vous ne pouvez pas gagner sans moi !“, laissant toute la salle sur le cul. Humilier les titulaires avec les remplaçants, c’est franchement du génie mais pour ce qui est de l’attitude, on repassera. Une question nous taraude tous : pourquoi Jimmy Butler s’est comporté de la sorte ?
Le numéro 23 est probablement très frustré par l’incapacité de ses dirigeants à lui trouver une nouvelle maison. Mais à quoi rime cette démonstration de force, est-elle dans l’optique de dégoûter la direction et la pousser à monter un trade, ou pour annoncer la couleur et réclamer les rennes de l’équipe ? Est-ce pour servir d’exemple foireux à toute une jeunesse ? Peu de temps après cet entrainement musclé, Jimmy Butler s’est exprimé devant les micros d’ESPN et s’est confié à Rachel Nichols. On préfère vous prévenir, c’est un véritable merdier et le joueur a justifié son comportement par un trop plein d’émotions :
“Je n’ai pas joué au basket depuis si longtemps et je suis tellement passionné, j’aime le jeu et je le fais pour aucune autre raison que celle de la compétition, de jouer contre les meilleurs et prouver que je peux m’accrocher. Donc toutes mes émotions sont ressorties d’un coup. Était-ce le bon moyen de le faire ? Non. Mais je ne peux pas contrôler quand je suis en mode compétition. C’est mon amour pour le jeu, ça me rend un peu cru. C’est moi dans ma forme la plus juste, la plus pure.”
En bonne journaliste, Rachel Nichols a poussé l’interview et a tenté de tirer les vers du nez du joueur, pour qu’il s’explique sur les véritables raisons du malaise à Minneapolis. Elle a ainsi tenu à ce que Jimmy s’explique sur la façon dont il s’est comporté avec Karl-Anthony Towns :
“Je suis un compétiteur. Si tu marques contre moi, je te taperai sur les fesses. Tu as pris le meilleur sur moi, mais tu dois le faire à chaque fois. Suis-je dur avec lui ? Oui ! Oui, c’est ce que je suis. Je ne suis pas le joueur le plus talentueux. Qui est le joueur le plus talentueux de l’équipe ? KAT. Qui est le plus doué de l’équipe ? Wiggins. Wiggins a les bras les plus longs, les plus grandes mains, la meilleure détente, la meilleure pointe de vitesse. Mais qui joue le plus dur ? Moi. Je joue dur. Je joue vraiment dur. Je donne de ma personne à chaque putain d’entraînement. Chaque jour pendant les matchs. C’est ma passion.”
Jimmy Butler n’estime pas être le meilleur joueur de l’équipe des Minnesota Timberwolves, les jeunes Karl-Anthony Towns et Andrew Wiggins sont selon lui plus talentueux, ont reçu plus de dons mais ont un problème majeur, ils sont too soft. Après avoir appris son envie d’ailleurs, la franchise s’était empressé de faire de KAT son avenir et son franchise player en lui offrant un contrat mirobolant de 190 millions de dollars sur cinq ans. Une belle preuve de confiance pour le ROY 2016 qui a cependant cette réputation d’être trop timide dans la raquette, pendant que Andrew Wiggins peine à se faire un nom à la hauteur des attentes placées en lui. Jimmy Butler ne ferait que confirmer les craintes de certains à l’égard des deux pépites des Wolves, par jalousie ou vraiment par honnêteté ? La suite de l’interview laisse entrevoir une frustration de la part de Mr. Buckets qui confirme que Tom Thibodeau était au courant de la situation depuis l’élimination de l’équipe au premier tour des Playoffs par les Houston Rockets. A cette période là, Jimmy Butler n’était pas rentré avec le reste de l’équipe, frustré de voir que l’équipe ne jouait pas avec assez de passion sur les parquets. Quatre jours après seulement, le coach était au courant de la situation et peu importe les avances salariales qu’il a pu faire à son All-Star, rien n’y faisait, ce n’était pas une question d’argent :
“C’est le fait de dire ‘on a besoin de toi. On te veut ici. On ne peut pas le faire sans toi.’ Et c’est là dessus qu’on est déconnectés depuis le début. Vous dites une chose et encore, et encore. Je veux dire que j’ai suffisamment appris dans ma vie pour savoir que dire une chose est complètement différent que de l’appliquer. Les actions pèsent plus que les mots, peu importe ce que vous voulez exprimer. Et quand on en est venu à ce point, je me suis dit que je vous avais bien fait comprendre le deal quand je suis arrivé. Je vous ai dit la vérité depuis le premier jour et je continuerai à le faire. Et je l’ai fait. C’est un peu comme une claque dans la figure ? Je ne sais pas comment le prendre, mais ça me fait penser que je ne suis pas si important que ça dans votre organisation. C’est comme ça que je l’ai pris.”
Ne cherchez plus, vous avez ici la vraie raison du malaise entre le joueur et l’organisation des Wolves, la vraie raison de ses envies de transfert et de tout ce zouk lors de l’entraînement. Jimmy Butler veut être le leader de l’équipe et a besoin de l’entendre haut et fort par les dirigeants, il a besoin d’amour le petit loup. D’un point de vue émotionnel, mais financier aussi. Car si la NBA est une immense jungle, elle a aussi ses règles, et le joueur le mieux payé doit être le leader, ce qui n’est pas le cas de Buckets. Arrivé dans une équipe jeune, inexpérimentée et destinée à s’imposer progressivement dans la Conférence Ouest, Jimmy pensait être au centre de tous, être le Messie qui accompagnerait la franchise vers le haut. Raté, les chouchous des dirigeants sont les deux énormes potentiels que sont KAT et Wiggins, deux joueurs qui jouent avec nettement moins de passion et au jeu trop mou selon l’ancien de Chicago. On sent le joueur et la franchise dans une impasse, ça doit s’activer dans les coulisses pour trouver une solution mais Jimmy Buckets a cramé la politesse en organisant un meeting avec les joueurs seulement peu de temps après l’entraînement, selon The Athletic :
Sources on @TheAthleticNBA @WatchStadium: Several players spoke up in players-only meeting, but Butler led it, made known his issues with management. His message was similar to one he displayed Wednesday: I run this. He's far too competitive to sit real games. https://t.co/Cwo8OCFY8m
— Shams Charania (@ShamsCharania) October 11, 2018
Une réunion seulement entre joueurs, en laissant tout le management de côté, menée par Jimmy qui aurait annoncé à ses coéquipiers qu’il serait prêt à jouer la prochaine saison à leurs côtés… le tout en désintégrant le management de la franchise, en prouvant son amour pour la compétition mais surtout en annonçant… que c’est lui qui commande. Une réunion où il se serait donc autoproclamé numéro 1 ? Un coup d’état en puissance et il va falloir patienter avant d’avoir un retour sur les réactions du KAT et d’Andrew. Une nouvelle saison avec Jimmy Staline serait probablement très nocif pour la progression des deux jeunots du Minnesota qui n’auraient pas la possibilité de s’affirmer, à moins de faire exploser le vestiaire. Tout ce tintouin serait donc lié à de la jalousie, ou un sentiment de ne pas être compris, ou un gros caprice. Sans doute un peu des trois et c’est pour ça que Butler a décidé de faire du grand sale à l’entraînement, pour prouver à son coach et son GM que le leader naturel de l’équipe c’est lui, et non les deux louveteaux qui sont encore au biberon. La communication ne semble pas être une franche réussite dans le Minnesota, après trop de non-dits, le vase a fini par déborder et voilà que les Timberwolves abordent une nouvelle saison dans une situation bien dégueulasse.
Jimmy Butler veut être le numéro 1 et veut être au centre de toutes les attentions. Certains le traiteront de diva mais son comportement et ses déclarations vont placer ses dirigeants dans une situation extrêmement inconfortable à quatre jours de la reprise officielle de la saison. Cette attitude va-t-elle pousser les dirigeants à se séparer d’un élément perturbateur pour permettre l’éclosion de ses jeunes pépites, ou cette démonstration de force lors de l’entraînement va-t-elle convaincre la franchise de garder un très bon joueur de basket et de le catapulter leader de l’équipe ? Affaire à suivre, car si Jimmy Butler venait à rester dans le Minnesota, ce sera sûrement au tour du KAT de faire un scandale. Chers amis, ce feuilleton nous aura et continuera de nous tenir en haleine jusqu’au bout.
Source : ESPN, The Athletic