Double-triple-double : le jour où Wilt Chamberlain claqua 22 points, 25 rebonds et 21 passes
Le 21 août 2018 à 07:36 par Bastien Fontanieu
Lorsqu’on parle de Wilt Chamberlain, on parle souvent de records au premier abord. L’homme capable de tout faire et de tout repousser sur un terrain de basket a un soir touché la grâce de la polyvalence, en 1968 : comme une histoire de double-triple-double…
Double-triple-double. Double-triple-double ? Double-triple-double. Même dans le vocabulaire utilisé et les termes techniques créés, Wilt avait sa propre case personnelle. Tout au long de son incroyable carrière, le géant a passé son temps à défoncer le plafond du possible, imposant des performances qui nous donnent encore mal au crâne aujourd’hui. Du genre ? Ses 100 points en un match, ses 55 rebonds sur Bill Russell, sa campagne à plus de 50 points de moyenne, ou bien 48,5 minutes par match pendant un an. Ce genre de douceur qui, même si certains mortels ont tenté de se rapprocher, est trop élevée pour notre espèce. Oui, pour encore pas mal de temps, Chamberlain conservera des records cimentés dans la légende. Certains seront dépassés, surtout dans une ère de basket rapide et où les possibilités sont constamment défiées, mais d’autres ne peuvent être approchées. C’est comme si, humainement parlant, on n’arrivait pas à concevoir que quelqu’un soit aussi fort ou dominant le temps d’un soir, le temps d’un match. Et le 2 février 1968, Wilt réalisera un combo que personne n’a touché, et probablement personne ne touchera. Le fameux double-triple-double.
Alors certes, on s’extasie aujourd’hui sur les soirées de certains phénomènes, surtout dans une ère du TD où les joueurs les enchaînent à une vitesse folle, semaine après semaine. Meneurs, arrières, ailiers, ailiers forts ou pivots, tout le monde peut dépasser les 10-10-10 quand on a les munitions en main et le vent dans son sens. Mais les 20-20-20…? Qui peut aller chercher une telle ligne sur un match ? Face aux Pistons de Dave Bing et Dave Debusschere, le géant des Sixers va tout simplement jouer l’intégralité de la partie, ne pas sortir une seule seconde et donc créer un club ultra-VIP dans lequel lui seul réside.
48 minutes, 22 points, 25 rebonds, 21 passes à 9/13 au tir.
Il y a probablement eu des performances du genre dans de sombres recoins lycéens, quand on voit la domination de certains big men et le fait que les contres n’étaient pas tous comptabilisés à l’époque, mais la frontline de Detroit a pris un tarif qu’aucune autre équipe n’a pris et peut-être ne prendra dans l’histoire. Seul joueur à claquer des matchs à minimum 40 points et 40 rebonds, Chamberlain créera donc ce nouveau terme, le double-triple-double, de quoi nous imposer forcément la question suivante. Qui pourrait taquiner la bête, qui pourrait se rapprocher le plus d’un tel accomplissement ? Est-ce si intouchable que cela ? La réponse, et cela va en surprendre plus d’un, nous vient de quelques meneurs qui ont récemment atteint le sommet de la polyvalence.
Magic, Rondo et Westbrook, voilà les trois hommes qui ont failli chatouiller Chamberlain et le seul double-triple-double de l’histoire. De nos jours, en voyant le nombre de triple-doubles réalisés, on n’a aucun souci à envisager un match en 20-20-10, et que ce soit avec les points, les rebonds, les passes, les contres ou les interceptions. Après tout, n’est-ce pas Joakim Noah qui nous a claqué un 20-20-10 avec les points-rebonds-contres il y a cinq ans ? Le plus dur, c’est évidemment la troisième catégorie. Car pour les plus grands joueurs du circuit, scorer 20 points ne représentera pas de vrai problème. Et dans un bon soir avec de nombreux tirs loupés ou des défenses poreuses, on peut atteindre les 20 rebonds ou les 20 passes avec bonheur. Mais que les deux choses se produisent… à la fois ? Il faudrait, avant toute chose, calquer les 48 minutes de jeu de Wilt Chamberlain ce soir-là. Ce qui n’est pas gagné, quand on voit la vigilance des entraîneurs avec leurs stars de nos jours. Si un phénomène tape les 48 et a un coup de bol, qui sait ? Ce fou de Westbrook a bien fait son 17-18-17… en 35 minutes de jeu, qu’aurait-il pu se passer avec un quart-temps complet supplémentaire ? Une chose est sûre, ce n’est pas demain que Wilt sera dérangé dans son club VIP.
Le double-triple-double, en voilà un d’accomplissement statistique que la NBA pourrait revoir, 50 ans après sa toute première apparition. On voulait vous réserver le meilleur pour la fin : regardez à nouveau le tableau, ce n’est pas comme si Wilt Chamberlain était à une passe décisive d’un second DTD… 6 semaines après le premier. Intouchable.