Jakob Poeltl veut changer de dimension : la pépinière Spurs lui offre un superbe contexte pour progresser 

Le 17 août 2018 à 15:06 par Aymeric Saint-Leger

Jakob Poeltl
Source image: Twitter @utahathletics

Fraîchement débarqué du Canada, dans le cadre du trade entre Raptors et Spurs incluant DeMar DeRozan et Kawhi Leonard, Jakob Poeltl semble s’épanouir assez rapidement dans son nouvel environnement de travail. L’Autrichien au nom difficilement prononçable entre dans sa troisième saison NBA, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il a bien envie de changer de statut. Il est peut-être tombé au bon endroit, au bon moment.

Qui veut un golgoth de 2m13 et 112 kilos ? Quiii en veuuut ? Elle est beeeeelle ma barbaaaaaque ! Le trade entre San Antonio et Toronto a été un des coups de tonnerre de cet été dans la Grande Ligue. Pour bien des observateurs, les gagnants de cet échange sont les Canadiens, puisqu’ils récupèrent Kawhi “The Sound of Silence” Leonard et un bon vétéran en la personne de Danny Green, contre DMDR, un premier tour de Draft 2019 et un jeune petit sophomore. Ceci dit, les Éperons ont tout à gagner. DeRozan est une valeur sûre en NBA, on connaît le talent des Spurs pour drafter des jeunes pépites soigneusement, au premier ou au deuxième tour. Mais surtout, on sait la capacité que le staff des Texans possède, en termes de développement de jeunes joueurs. Faire progresser des talents bruts, des gros potentiels en peu de temps, Pop et ses acolytes, c’est leur dada. C’est exactement ce schéma-là que va essayer de suivre Jakob Poeltl dans le sud des Etats-Unis. Le pivot, qui aura 23 ans au début de la saison prochaine, fait partie de ces jeunes joueurs qui n’attirent pas trop l’attention, mais qui pourraient exploser avec du travail, des bonnes conditions et une exposition face aux cadors de la Ligue. L’Autrichien a exprimé auprès du San Antonio Express News des envies de changement de standing pour sa troisième année professionnelle :

“Je ne suis pas très fier de faire le sale boulot. C’est ce que j’ai fait pendant toute ma carrière de basketteur – faire le boulot. Je fais beaucoup de choses  sur le terrain, comme poser des bons écrans, être aux bons endroits, lire le jeu de mes coéquipiers. C’est mon rôle actuel et je l’apprécie vraiment. Mais je travaille sur mon jeu chaque jour à l’entraînement, et j’essaye de me développer offensivement et défensivement de manière à ce que je puisse prendre plus de responsabilités das le futur.”

Un discours relativement classique. “Je veux m’améliorer offensivement et défensivement”, ouais, comme chaque joueur de basket, merci Jean-Michel Obvious. Cependant, si l’on creuse un peu plus, on sent que le premier Autrichien de la Ligue est tout simplement en confiance, et souhaite acquérir plus de responsabilités. La saison dernière, il tournait à 6,9 points à 66% de réussite, 4,8 rebonds et 1,2 contre en seulement 18,6 minutes de moyenne par rencontre. Des statistiques, qui, ramenées sur un plus gros temps de jeu, sont très sérieuses. Ainsi, le Blake Griffin du Tyrol peut prétendre à un plus grand rôle dans une équipe en transition. Moins d’un mois après ce transfert stupéfiant, il se sent déjà comme un Longhorn au Texas, à tel point qu’il pourrait se développer et progresser à vitesse grand V chez les Spurs. Et ça, il l’a bien compris :

“Pour moi, jusqu’alors, il y a au moins une alchimie naturelle. Je m’entends bien avec tout le monde sur et en dehors du terrain. […] C’est une des choses pour lesquelles je suis le plus excité, juste le fait que cette franchise a une telle histoire de développement de joueurs. Les joueurs, qu’ils restent ici ou partent ailleurs, deviennent vraiment de bons joueurs. Donc je suis vraiment excité par le processus de développement. Cela va être beaucoup de travail, mais j’ai hâte que cela arrive.”

En plus du contexte unique qu’offre la franchise de San Antonio, Poeltl a la chance de pouvoir côtoyer et apprendre auprès de certains des plus grands spécialistes de son poste :

“Pau (Gasol) est un grand joueur plein d’expérience, un Européen de qui je peux apprendre beaucoup. Tim (Duncan) est dans le coin, toujours pour aider lors des entraînements ou autres. Il est évidemment l’un des plus grands, si ce n’est le plus grand ailier fort de tous les temps. Donc oui, il y a plus qu’assez de Big Men de qui je peux apprendre.”

Jakob Poeltl est dans des conditions optimales pour progresser, pour passer un cap. Il peut devenir l’élément qui manquait cruellement à la raquette de San Antonio : un éboueur, un enforceur, qui va aller faire le boulot, prendre des gros rebonds des deux côtés du terrain, amener de l’agressivité, de la taille et des qualités athlétiques. S’il ne souhaite plus vraiment se cantonner à son rôle de “dirty worker”, il devra malgré tout apporter cela, dans un premier temps. A terme, pépère va être de plus en plus intégré dans le Spurs Basketball. L’Autrichien, avec des bonnes mains, et un QI basket intéressant, peut tout à fait correspondre au poste 5 complémentaire à LaMarcus Aldridge, qui pourrait s’intégrer parfaitement dans le système de jeu prôné par Gregg Popovich.

Reste à voir l’utilisation que le nouveau coach de Team USA fera de l’Autrichien la saison prochaine. Il aura sûrement un rôle à jouer dans la saison des Spurs. Surtout, il va se développer auprès des meilleurs, et pourrait rapidement devenir le titulaire au poste. L’opportunité de progresser des deux côtés du terrain, et de l’exprimer, il l’aura sans doute. L’éboueur va devoir continuer à sortir quelques poubelles de l’entrepôt, mais il va également pouvoir travailler en son sein. Jakob Poeltl est motivé, et sera clairement à surveiller. Comme il le dit si bien, “I am going to be in there hustling“.    

Source texte : San Antonio Express News