Si les Pelicans ont battu de l’aile cet été, ils pourraient bien (encore) surprendre la NBA la saison prochaine

Le 07 août 2018 à 13:25 par Fabien Passard

Pelicans
Source image : NBA League Pass

Secouée par les départs de deux de ses quatre All-Stars dès le début du mois de juillet, la Louisiane va devoir digérer la nouvelle rapidement et faire confiance à de nouveaux éléments pour encadrer la doublette Davis – Holiday, qui sévit sans vaincre sur les parquets depuis 2013. Exit Rondo et Cousins, welcome Payton et Randle. Suffisant pour faire le back-to-back en Playoffs ?

(R)évolution

C’est peu dire que la free agency 2018 était redoutée par les fans des Pelicans, et pas parce que Jordan Crawford et Ian Clark étaient sur le marché. Non, non, ce qui faisait trembler Pierre le Pelican, c’était évidemment les cas de Rajon Pierre Rondo et de DeMarcus Amir Cousins, dont il était bien difficile de savoir s’ils envisageaient plutôt un départ ou bien croyaient dans le projet audacieux monté par Dell Demps depuis plus d’un an. Les deux têtes de cons All-Stars n’ont, au moins, pas fait traîner les choses et nous ont offert une gueule de bois all-time le mardi 3 juillet, alors qu’on venait de prendre l’uppercut de la signature de LeBron James aux Lakers un jour avant. À quelques heures d’intervalle, RR d’abord puis DMC ensuite se sont fait la malle en Californie, le premier à L.A. pour rejoindre sa bitch LeBron, le second débarquant dans la baie de Saint François, rejoignant la dernière franchise dans laquelle on l’imaginait aller vu le salaire auquel il pouvait prétendre ailleurs : les Warriors. Le même jour, on apprenait successivement que Julius Randle allait croiser le meneur à l’aéroport, faisant le chemin inverse, et qu’Elfrid Payton retrouvait son Etat d’origine, où il est né et où il a évolué en High School, à Lafayette. Bon, si les deux arrivées ont pu mettre un peu de baume au cœur aux plus français des ricains, elles sont clairement passées au second rang dans les jours qui ont suivi la double bombe. Et ne parlons même pas de la prolongation de Ian Clark…

Une page, courte certes, mais sacrément prometteuse, se tournait à NOLA, dix-huit mois après le trade retentissant ayant permis l’arrivée de Boogie et un an après la signature discrète et ô combien maligne de Rajon Rondo pour un an au SMIC. Si le départ du pivot a fait bien plus parler que celui du meneur, c’est pourtant ce dernier qui pourrait faire bien plus de mal au roster d’Alvin Gentry, lui qui a tant apporté au jeu des Pelicans la saison dernière, claquant un 8-8-4 des familles en 26 minutes de moyenne, à un pourcentage costaud au shoot pour le lanceur de briques qu’il est (47%). Mais ce qui a surtout impressionné, c’est sa capacité à hausser son niveau de jeu et son leadership en postseason. Mode Playoffs Rondo activé = Blazers sweepés et sweep évité face aux Warriors. En outre, il a semblé libérer Jrue Holiday. Décalé au poste 2 quand Rondo était sur le terrain, The Jruth a profité pleinement des espaces créés par son collègue sur la base arrière pour enquiller 19 points de moyenne, record en carrière pour le joueur de 28 ans. Nommé dans la All-Defensive First Team de la saison pour la première fois, Holiday a véritablement retrouvé son niveau de All-Star, et on a hâte de voir s’il peut le confirmer avec Elfrid Payton à ses côtés, qui était plutôt imaginé en back-up de Rondo par le front office initialement… Plus costaud et plus fort en pénétration, Holiday devrait continuer à jouer arrière la plupart du temps, laissant la gonfle au p’tit nouveau, loin d’être dégueu à la passe. Entre Orlando et Phoenix, Tahiti Bob avait compilé 13 points, 6 assists et 4 rebonds de moyenne à 49% au shoot dont 33% du parking. Un profil différent de Rondo, distribuant moins le ballon mais se chargeant de faire monter la marque himself plus souvent que son prédécesseur. En tout cas, si le doute sur la qualité de son rendement offensif est présent, celui sur l’énergie défensive qu’est capable de mettre le joueur de 24 ans n’est pas permis.

Quelles attentes peut-on avoir des Pelicans version 2018-19 ?

On parlait de l’apport défensif que devrait permettre l’arrivée de Payton notamment à l’équipe de Gentry, une question qui doit se situer au cœur du travail au training camp des oiseaux. Car, si la saison dernière a été en tous points réussie sur le plan des résultats, avec une sixième place dans la rude Conférence Ouest acquise à la sueur du front sans le bandeau de DMC et un premier tour de PO magistralement passé face à Portland, tout n’était pas parfait dans le jeu, défense en premier. Avec 110,4 points de moyenne encaissés, les Pelicans avaient la 29ème place de la Ligue dans ce domaine, seuls les Suns ont réussi à faire pire ! Compensée par le fait d’avoir la quatrième force de frappe de l’autre côté du terrain, juste derrière le haut du panier de l’Est et de l’Ouest, la “performance” est presque passée inaperçue. Mais sans les 28 points par match de Cousins, il va falloir trouver une autre solution pour gagner des matchs. Et le recrutement de Payton comme de Julius Randle semble s’inscrire dans cette direction, ce qu’a laissé entendre Dell Demps au micro de NBC Sports il y a quelques semaines, vantant les mérites de ses deux nouvelles recrues.

“Quand nous avons terminé la saison l’année dernière, nous avons trouvé notre rythme, notre identité. Sur le papier, tout semble bien. Mais honnêtement, on doit le prouver sur le parquet. Objectivement nous voulons construire sur notre succès de la saison passée. Randle et Payton sont des two-way players capables de pousser la balle en transition.”

Et le discours est loin d’être incohérent. D’un côté, on construit sur les bases de la saison dernière, positive à bien des égards. De l’autre, on essaie de se renforcer dans un secteur qui faisait défaut à… défaut d’avoir pu conserver les deux monstres. Des joueurs à l’aise aussi bien en attaque qu’en défense, c’est précieux pour un roster, et à ce titre Randle et Payton donneront à Coach Gentry des cartes en mains pour faire pouvoir gagner des matchs en n’ayant pas à planter 110 pions à chaque fois. Mais jusqu’à quand ? Car, alors que celui qui était loin de faire l’unanimité il y a encore un an vient de prolonger jusqu’en 2021 sur le banc du Smoothie King Center, ses deux nouvelles recrues ne sont elles liées à la Louisiane que jusqu’à l’été prochain. Risque minimum pris par le front office, mais avenir toujours aussi incertain pour les Pels. Si Jrue Holiday, Anthony Davis, Solomon Hill ou encore la bonne surprise E’Twaun Moore, très adroit derrière l’arc l’année dernière, disposent d’un contrat allant jusqu’en 2020 pour les plus courts, derrière, l’incertitude plane. Ian Clark, Darius Miller, Cheick Diallo, Niko Mirotic et donc Randle et Payton pourraient bien faire leurs valises dès la free agency 2019. L’urgence de résultats guette encore NOLA, qui voit les années de contrat restantes de son franchise player au monosourcil comme un compte à rebours pour les espoirs de premier titre de l’histoire de la franchise.

Quels oiseaux dans le cinq majeur la saison prochaine ?

La second unit des Pelicans évoluera peu, avec l’arrivée d’un nouvel ailier qui prendra le siège de Jordan Crawford, au choix entre Troy Williams, Gerlon Green et Kenrich Williams. Ces trois-là joueront leur peau dans le roster au training camp de septembre. Pour la first unit au poste 3, on se dirige pour le moment vers la continuité avec E’Twaun Moore, à moins que DD ne parvienne à attirer un ailier de plus grande envergure, Bazemore ? Poste 4 : l’arrivée de Julius Randle ne fera pas les affaires de Cheick Diallo, qui avait eu le droit à plus de minutes en sortie de banc après la blessure de DMC. L’ancien Laker sera en concurrence avec Nikola Mirotic pour la coloc’ avec Unibrow dans la raquette. L’Espagnol a le passif de sa très bonne entente avec AD avec lui, Joulious a, lui, la hype de sa jeunesse et de sa très bonne saison avec les jaune et violet. Un sniper fiable pour jouer plutôt small ball avec Miro, un gros poste 4 pour verrouiller le rebond avec Randle, ces deux-là devraient faire balancer le cœur de Gentry la saison prochaine. Du côté des pivots, le simple fait d’évoquer le titulaire serait un blasphème, mais en remplaçant on pourrait avoir Randle à l’occaz’, Diallo pour du vrai small ball, on espère qu’Alexis Ajinça, de retour de blessure, aura l’opportunité de se montrer un peu avant de tester le marché l’été prochain. Si Emeka Okafor est resigné (rien de fait pour l’instant), ça devrait être compliqué pour le Stéphanois cependant. Enfin, sur la ligne arrière, pas de suspense non plus, Holiday et Payton seront, sauf blessure, les deux titulaires. Derrière eux, Ian Clark est là pour tenter de prendre feu au poste 2 en sortie de banc et les jeunes Frank Jackson (sophomore) et Tony Carr (rookie) pourraient se voir offrir quelques minutes à la mène dans le garbage time. On part donc sur un cinq Payton-Holiday-Moore-Mirotic/Randle-Davis. C’est sûr que ça fait bien moins rêver qu’avec Cousins et Rondo mais le départ du premier cité a le mérite de donner de l’air aux finances de NOLA. Dell Demps peut désormais se lancer sereinement à la recherche d’un ailier plus solide que Moore. Si le GM parvient à en attirer un avant la reprise de la saison, les volatiles pourraient de nouveau jouer le top 5 à l’Ouest dès la saison prochaine. Dans le cas contraire, les Pels n’auraient aucune garantie d’accrocher les Playoffs dans une Conférence Ouest toujours plus concurrentielle, mais ils en avaient encore moins au lendemain de la blessure de DMC en janvier dernier, on connaît la suite…

La fin brutale du duo DMC/AD n’a pas pour autant placé les Pelicans sur la liste des espèces en voie de disparition en mai. La saison qui se profile nous offrira une first unit dont l’ossature Davis-Holiday-Mirotic rassure, et dont les apports de Payton et de Randle pourra limiter la casse des départs de Cousins et Rondo. On verra en 2019 pour la suite. En attendant, Dell Demps ne pourra pas partir en vacances l’esprit léger tant qu’un nouvel ailier n’a pas été signé.

Sources texte : NBC Sports, HoopsHype, NBA.com