Adam Silver est pour la fin du one-and-done : gagner des millions juste après le lycée, paye ton choix sur Parcoursup
Le 11 juil. 2018 à 13:55 par Reda Ghaffouli
Effective depuis 2006, la règle du one-and-done fait depuis jaser dans la Grande Ligue. Entre ses fervents supporters et ses ennemis absolus le débat fait rage, chacun y allant de son petit argument. Mais les partisans viennent de trouver un allié de poids, en la personne d’Adam Silver, le Commissioner et grand patron de la NBA.
C’est l’un des plus gros débats en cours de la NBA. Souvenez-vous. En 2005, un nouveau CBA, la convention collective entre la NBA et l’association des joueurs, avait été conclu. Il prévoyait, entre autres, la fin de l’éligibilité à la draft des joueurs sortant directement du lycée : il fallait être âgé de 19 ans ou avoir terminé une année à l’université pour entrer dans la Ligue. Un changement majeur appuyé par bon nombre d’arguments. Ses défenseurs font alors valoir le manque de maturité de certains joueurs à leur sortie du lycée, un timing mettant parfois à mal l’ensemble de leur carrière. Aussi, les franchises éviteraient des éventuels busts en sélectionnant des prospects certes dominants au lycée, mais loin d’être prêts pour la NBA. On pense notamment à Kwame Brown, premier choix de la draft 2001 à sa sortie de high-school, et considéré comme l’une des pires décisions de l’histoire de la Ligue. Une année à l’université aurait pu permettre d’avoir un meilleur avis sur son potentiel, et de l’autre côté faire gagner le joueur en maturité dans un cadre propice au développement, avec des coachs professionnels et des infrastructures de haut niveau. Mais ce n’est visiblement pas l’avis d’Adam Silver, comme il l’affirme dans une conférence de presse.
“Personnellement, je pense que nous sommes prêts à faire ce changement [supprimer la règle du one-and-done, ndlr]. Cela ne viendra pas immédiatement. Mais j’ai pesé le pour et le contre, sachant que Condoleezza Rice et sa commission [sur le basket universitaire, ndlr] ont recommandé à la NBA que ces joueurs one-and-done aillent directement vers la Ligue et que la communauté universitaire dit, en substance, ‘Nous ne voulons plus de ces joueurs’, je pense que ça fait pencher la balance dans mon esprit.”
L’idée était déjà dans les tuyaux, et cette fois-ci le projet pourrait devenir réalité. Parce que les arguments contre cette règle ne manquent pas. En interdisant aux lycéens les plus talentueux de s’inscrire à la draft, la Ligue les force à aller jouer dans un championnat beaucoup trop faible pour leur niveau, leur faisant “perdre” un an qu’ils auraient pu passer à se développer dans une franchise NBA. On pense notamment à LeBron James, Kevin Garnett ou encore Gérard, qui n’ont eu aucunement besoin d’une pige à l’université pour être performants. Aussi, comme le rappelle Adam Silver, les équipes de NCAA sont de plus en plus réticentes à accueillir de tels joueurs. Elles se retrouvent ainsi régulièrement avec des prospects qui ne viennent que pour une seule saison, ce qui les empêche d’avoir une quelconque continuité dans leur effectif. Idem pour les joueurs : difficile de gagner en maturité et de s’engager pleinement dans le projet de leur équipe s’ils savent dès le début qu’ils ne sont là que pour une saison. Surtout qu’ils sont nombreux. Prenons la Draft 2018 par exemple : sur les dix premiers sélectionnés, huit sont des one-and-done (neuf en comptant Luka Doncic, qui a le même âge qu’eux). Il n’est pas risqué d’affirmer qu’une bonne poignée aurait pu directement intégrer la NBA un an auparavant. Signe d’un système qui s’essouffle, beaucoup de prospects snobent la NCAA pour aller se développer ailleurs. On pense à Emmanuel Mudiay, qui est allé effectuer une année en Chine, ou encore récemment Darius Bazley, un des meilleurs prospects lycéen qui a choisi d’aller se développer directement en G-League. Des choix osés mais compréhensibles : possibilité de toucher un salaire, être complètement concentré sur le sportif (et pas sur des éventuels cours ou obligations universitaires), côtoyer et se frotter à des joueurs professionnels et expérimentés, etc. Pour toutes ces raisons, la règle du one-and-done semble de plus en plus désuète, et devrait pousser Adam Silver à franchir le pas.
Préparez-vous à plusieurs mois, voire années, de débat, tant cette règle divise l’opinion dans le monde du basket américain. Mais avec un Commissioner et une NCAA favorables au changement, on voit mal comment l’interdiction pourrait survivre. Attention cependant au timing : si suppression il y a, elle ne devrait arriver que pour la Draft 2021, le temps de tout bien mettre en place.
Source texte : The Associated Press