Rodney Hood vit une saison bien compliquée : de grand espoir du Jazz à cireur du banc des Cavs

Le 05 juin 2018 à 13:59 par Hugo Leroi

Rodney Hood
Source Image : Youtube

Le quotidien d’un joueur NBA n’est pas de tout repos. Il peut connaitre la gloire, puis du jour au lendemain se voir cloué sur le banc, peut performer, comme déjouer… Les saisons ne peuvent jamais être écrites à l’avance, et Rodney Hood, l’actuel arrière de Cleveland, l’a bien vu cette année. 

Une petite review de la saison de l’intéressé est premièrement nécessaire pour bien poser les bases du problème dont il est question ici, car problème il y a. Rodney Hood, guard issue de la prestigieuse université de Duke, a été sélectionné en 23ème position de la Draft 2014 par le Jazz d’Utah, pour qui il a joué durant 3 saisons et demi. Utilisé la plupart du temps en sortie de banc par Quin Snyder, il compile un respectable 13 points de moyenne à 37% du parking et 41% au shoot, ajoutés à une bonne défense depuis son arrivée à Salt Lake City. Il démarrait même la saison 2017-2018 en fanfare, à 16,8 pions de moyenne par match, au sein d’un roster complet et candidat aux Playoffs. Rod’ semblait s’épanouir, dans la continuité des saisons précédentes. Seulement voilà : le soir de la trade deadline, les Cleveland Cavaliers font le grand ménage, auquel Utah participera. Le Jazz envoie donc, dans la tempête, Rodney Hood dans l’Ohio, pour récupérer Jae Crowder et Derrick Rose (ce dernier sera coupé dans la foulée). Coup de tonnerre dans le quotidien de Rodney, qui doit faire ses valises pour une autre ville, dans une autre Conférence, pour jouer avec le meilleur joueur du monde. Alors qu’il était considéré comme le potentiel avenir du Jazz suite au départ de Gordon Hayward, c’est le fantastique Donovan Mitchell qui pique sa place et le pousse vers la sortie. Et si certains s’acclimatent plutôt rapidement à la vie de vassal du roi, l’ancien disciple de Coach K, lui, a du mal à se fondre dans l’atmosphère si particulière générée par LBJ :

“C’est très diffèrent. Ça a été dur. La partie basket a été la plus facile. Ce qui ressort en revanche, c’est qu’à chaque fois qu’on perd un match, ils en parlent à la télé le lendemain. Quand tu perds un match, tu as l’impression que le ciel te tombe sur la tête. Quand on gagne, c’est perçu comme normal. J’ai encore du mal à m’adapter à ça…”

Ces mots, rapportés à Mark Spears d’ESPN, font état du mal-être que semble subir Hood, depuis son déménagement. La joie des équipes ultra-exposées… En étant transféré à Cleveland, il est passé, sans palier de décompression, d’une franchise “dans l’ombre” (Utah) à une team scrutée chaque jour de par le monde. En effet, LeBron James oblige, les caméras sont sans cesse à l’affût des moindres faits et gestes du King, ce qui déteint évidement sur ses coéquipiers. La pression vient donc vite, et les obligations de résultats ont sans aucun doute créé un impact négatif sur le mental de R.H. Ses stats avec les Cavaliers en sont la preuve directe : 10,8 points de moyenne, soit 6 de moins qu’avec le Jazz, en jouant seulement deux petites minutes de moins en 21 matchs sous ses nouvelles couleurs. Cette baisse provient surement du fait que chez les Mormons, la gonfle était plus partagée, et certains systèmes étaient crées spécialement pour lui par Quin Snyder. A Cleveland, deux problèmes : Tyronn Lue a plus de systèmes dans le crane que de cheveux dessus, et un certain numéro 23 monopolise (sans irrespect pour son immense talent) le ballon, conscient qu’il est le seul à pouvoir efficacement créer. A Utah, le collectif est bien plus affirmé et privilégié, par rapport au one-man show délivré par James tous les soirs. Rodney est donc frustré, et le fait ressentir, notamment en refusant d’entrer en jeu lors du Game 4 des demi-finales de Conférence Est contre les Raptors. Pour un mec régulièrement utilisé depuis son arrivée dans la Ligue, difficile de se voir proposer de divertir les fans dans le garbage time :

“Je jouais à un excellent niveau quand j’ai été tradé, et je me retrouve à être cloué sur le banc durant des matchs entiers, à ne pas entrer en jeu, pour la première fois de ma vie. Ou à shooter pas plus de deux à 5 fois par match. S’ajuster est la partie la plus difficile. Cela fait partie de mon développement. Je ne serais pas toujours dans cette situation.”

Agent-libre restreint quand viendra l’intersaison, Hood sait que son manque de compétition pourrait lui coûter cher au moment des négociations estivales avec d’autres franchises. Pour son talent, on lui souhaite de retrouver une team qui lui donnera un rôle plus important. Ou d’attendre que Gérard se fasse jeter, ça ne devrait plus trop tarder…

Source Texte : Mark Spears, ESPN