Julius Erving encense Ben Simmons : “C’est le genre de joueur qu’on ne voit peut-être qu’une fois dans sa vie”

Le 04 avr. 2018 à 12:28 par Aymeric Saint-Leger

Ben Simmons - Sixers - pari Celtics
Source image : Youtube

Le cabinet de Dr. J, de nombreux malades l’ont traversé entre 1971 et 1987, et en sont ressortis concassés, broyés par la machine physique, le dunkeur hors normes qu’était Julius Erving. Depuis, The Doctor fait un peu moins de consultations, et s’est adouci avec le temps, en passant des troubles physiques aux soucis physiologiques. C’est ainsi qu’il a détecté une anomalie chez un nouveau et tout jeune patient, quelque chose d’assez rare. Le diagnostic tombe : Ben Simmons a l’air d’avoir des yeux derrière la tête.

Lorsqu’on est joueur de basket, c’est important d’avoir la reconnaissance de ses pairs, de toutes les époques, pour être respecté et conforté dans sa position dans la Ligue. Ceux qui font l’unanimité sont ceux qui arrivent à ne pas être comparés à untel, à ne pas être critiqué par d’anciennes générations… Ils sont rares, ceux-là. Wilt Chamberlain ou Shaquille O’Neal en font partie, pour avoir été des monstres physiques à différentes époques. Sinon, c’est bien difficile d’avoir un spécimen qui se détache réellement des autres, surtout dès le plus jeune âge. C’est pourtant la prouesse qu’est en train de réaliser Ben Simmons. À 21 ans, dans sa saison rookie (même si drafté à l’été 2016), il pose actuellement une ligne de stats peu conventionnelle : 15,8 points, 8 rebonds et 8,2 assists en moyenne en 34,1 minutes par match. Lors d’une première saison en NBA, personne n’a été aussi complet, à part Oscar Robertson, avec ses 30,5 points, 10,1 rebonds et 9,7 passes en 42,7 minutes par rencontre. Autant dire que si vous donnez le même temps de jeu à l’Australien qu’à Big O, vous n’avez pas le même nombre de points scorés, mais l’équivalent au niveau des prises et des caviars. Pour son époque, dans les années 60, Mr. Triple-Double était un phénomène, un meneur de 1m96 pour 92 kilos. Tout comme lui, Big Ben est en avance sur son temps : 2m08, 104 bombes, et le gars joue meneur. Un physique de gros ailier-fort, qui drive toute une équipe, avec vitesse, justesse et partage de la balle, dès sa saison rookie. Au début de sa carrière, LeBron ne jouait pas en tant que meneur. Le Fresh Prince, lui, occupait vraiment le poste 1, d’autant que Markelle Fultz a été absent une bonne partie de la saison. Un gars avec de telles mensurations, qui joue vraiment comme un organisateur de jeu toute une saison, avec efficacité, c’est all-time. Pour valider cela, rien de mieux que d’avoir la reconnaissance d’une ancienne gloire de la franchise de Philadelphie. Les références sont Sir Charles, le futur Hall of Famer Mo Cheeks, Allen Iverson, et l’illustre Julius Erving. C’est ce dernier qui est la première vraie grande star des Sixers, et qui vient d’adouber Ben Simmons auprès d’ESPN :

“C’est le type de joueur qu’on ne voit qu’une fois dans une décennie, si ce n’est dans une vie. Il est capable de rendre tout le monde meilleur immédiatement, à chaque fois. Sur le terrain, les gars trouvent des positions ouvertes, ou vont couper vers le panier, ou sont prêts à dégainer, cela vient de ses qualités de manieur de ballon. […] Il a la tête levée, il regarde autour de lui tout le temps. Parfois on dirait qu’il a des yeux derrière la tête, parce qu’il voit et sent un des ses gars courir vers le panier, ou ressortir vers certaines positions ouvertes. C’est juste un joueur talentueux que nous sommes très chanceux d’avoir dans notre équipe.”

Dr. J ne tarit pas d’éloges sur la rééducation de son jeune patient. Longtemps blessé au pied, il n’a pas joué lors de la saison 2016-17, dans le cadre du Process des Sixers. Une sage décision, qui a permis à l’Australien de faire une entrée fracassante en NBA, d’entraîner son équipe avec lui, jusqu’à une qualification assez précoce en Playoffs. Big Ben a beaucoup d’influence sur le jeu de sa franchise, il est loin d’être étranger au revival de Philly. Et ça, Julius Erving le sait bien, et ne se trompe pas. C’est peut-être également une façon de le mettre un peu plus en confiance à l’approche de la postseason, puisqu’on ne sais pas encore si Joel Embiid sera remis à temps pour le premier tour après sa fracture du plancher orbital. Le Fresh Prince a déjà des responsabilités à porter, et l’absence de Jojo risque de lui en conférer encore plus. Ses épaules sont peut-être jeunes, mais déjà larges. Avec plus de 600 rebonds et 600 passes décisives sur sa saison rookie (seul Oscar Robertson fait mieux), il sait déjà comment manier et gérer un jeune squad NBA, renforcé par l’arrivée récente de vétérans. Reste à voir s’il se fera rattraper par la pression de l’événement lorsque cela comptera vraiment. Ceci dit, rien n’est moins sûr, tant le natif de Melbourne a été impressionnant, taille patron sur les 75 rencontres auxquelles il a pris part jusqu’alors. 11 triple-doubles, 36 double-doubles, “seulement” 3,4 turnovers par rencontre pour un rookie, c’est fort intéressant. Et si même Dr. J trouve ça all-time, on ne peut qu’acquiescer. Et apprécier le fait d’être plébiscité par une légende de la franchise des Sixers comme Ben Simmons l’a fait dans le Philadelphia Inquirer :

“C’est lui [Julius Erving] qui a mis cette équipe sur pied, le nom des Sixers est basé sur la façon dont il jouait. C’est incroyable [qu’Erving fasse son l’éloge]. Merveilleux d’entendre ça.”

C’est sûr, lorsqu’on entend ce type de compliment de la part de quelqu’un qui a désormais sa statue devant le centre d’entraînement d’une des plus grandes franchises de NBA, ça fait quelque chose. Ben Simmons est exceptionnel, et Dr. J nous propose un traitement pour que nous nous en rendions compte : canapé, café, yeux bien ouverts, un quart-temps de concentration sur l’Australien, et le génie de ce dernier nous apparaîtra. Julius Erving a parlé, greatness recognizes greatness.

Sources texte : ESPN, Philadeplhia Inquirer