Les Sixers visent toujours plus haut : après les Playoffs, l’avantage du terrain est leur objectif
Le 23 mars 2018 à 17:43 par Aymeric Saint-Leger
Actuellement quatrièmes de la Conférence Est avec un bilan de 41 victoires pour 30 défaites, les Sixers sont provisoirement en position d’avoir l’avantage du terrain au premier tour des Playoffs. Quand on regarde en arrière, c’était inespéré il y a peu. Figurer dans le top 4 est pourtant bien l’objectif de Philly, et certains s’avancent même à dire que les 76ers seront une menace lors de la postseason, notamment pour Cleveland.
La longue période de reconstruction des Sixers est enfin en train de porter ses fruits. Le Process est en route, et il est bien lancé. Une nouvelle ère avait commencé en Pennsylvanie à l’été 2012 avec le départ d’Andre Iguodala, après huit années passées dans la franchise. Une année de transition s’est écoulée, jusqu’à l’arrivée de Sam Hinkie au poste de GM de l’organisation, et celle de Brett Brown, disciple de Popovich 1er, roi des Spurs, au poste de coach des 76ers. Le motto du General Manager de l’époque était alors “Trust the Process”. Cela faisait rire beaucoup de monde, avant. L’idée était de galvauder plusieurs saisons, d’avoir des gros choix de Draft, de développer des jeunes, pour revenir des années plus tard au plus haut niveau. À l’été 2013, Nerlens Noel est drafté en 6ème position, cela a donc commencé avec lui, avec du MCW, (dont la saison actuelle est terminée), mais aussi Tony Wroten, Henry Sims, Hollis Thompson et d’autres rigolos jeunes joueurs. Lors de l’intersaison suivante, un certain Joel Embiid est choisi par les Sixers en troisième position. Elfrid Payton également en dixième choix, mais il est vite échange contre le douzième d’Orlando, Dario Saric (belle affaire du Magic). Les deux ne poseront pas un pied au Wells Fargo Center avant deux ans. Dans cet exercice 2014-15, des têtes que l’on voit encore actuellement arrivent, comme celle de Robert Covington. La Draft de 2015, avec Jahlil Okafor et Jean-Pierre Tokoto, on en oubliera l’existence. Celle de 2016, on s’en rappellera. En plus du petit Frenchie TLC, Philly a le premier choix, et décide de faire venir Ben Simmons dans la ville de l’amour fraternel. Il manquera, comme c’est la coutume pour les hauts choix de Draft des 76ers (coucou Markelle Fultz), sa première année. Mais dès son arrivée sur les parquets au début de cette saison, aux côtés d’un Embiid healthy, d’un Dario Saric convainquant, et de J.J. Redick et Robert Covington bouillants du parking, l’avenir de la franchise a pris un tout autre visage. Ça y est, après cinq ans de galère, soit 109 victoires pour 301 défaites, la première étape du Process est en train d’être validé. It’s a long way back, mais ça valait le coup. Avec leur 41ème victoire obtenue hier soir à Orlando, Philadelphie passe symboliquement la barre des 50% de victoires sur une saison. Un bilan positif, on n’avait plus vu ça depuis Iggy. La satisfaction est grande pour toute l’organisation, notamment pour Joel Embiid, qui s’est vengé par l’intermédiaire de son Twitter sur un journaliste dénommé Colin Cowherd, qui avait supplié les Sixers d’abandonner le Process en début de saison :
COLIN COWARD…. Coach deserves a lot of credit #40wins #TheProcess pic.twitter.com/HDFUdh3mKE
— Joel Embiid (@JoelEmbiid) March 22, 2018
“COLIN LE LÂCHE… Le coach mérite beaucoup de crédit.”
Rappelant l’époque où il était volleyeur, The Process s’est fait un malin plaisir de bâcher ses détracteurs. C’est désormais pratiquement sûr, les Sixers vont participer aux joutes printanières. Mais les hommes de Brett Brown ne se satisfont pas de ce premier accomplissement, ils veulent progresser très vite. Comme ils l’ont unanimement dit à Aaron Bracy d’Associated Press à la suite de leur victoire de mercredi face aux Grizzlies, le prochain objectif, c’est l’avantage du terrain au premier tour des Playoffs.
“On est sur le pied de guerre pour obtenir l’avantage du terrain” – Brett Brown
“Nous avançons. Notre objectif c’est d’avoir l’avantage du terrain.” – Joel Embiid
“C’est pour cela que nous jouons. Nous devons nous y accrocher.” – Ben Simmons
Le coach de cette jeune escouade met même en garde ses concurrents, les Sixers vont être dangereux lors de la postseason :
“On a accumulé de la puissance de feu. Si nous pouvons continuer à progresser, à aller vers l’avant, je ne voudrais pas nous jouer [en Playoffs, ndlr]. Nous pouvons être dangereux.”
Bien sûr, Brett Brown surfe sur la hype actuelle de Philadelphie, qui vient d’enchaîner cinq victoires. Certes, il prêche pour sa paroisse. Malgré tout, il n’est pas le seul à y croire dur comme fer. Lors de la mi-temps du match entre Toronto et Cleveland mercredi soir, Chauncey Billups et Paul Pierce, présents sur le plateau de Rachel Nichols d’ESPN, ne débattaient pas du match en cours, mais bien d’un éventuel premier tour entre Cavaliers et Sixers (Philadelphie était sixième à l’Est à cette époque, Cleveland troisième). Le moins que l’on puisse dire, c’est que The Truth semble convaincu que les 76ers peuvent poser des problèmes au King et ses sbires :
“Ce serait une série super dure. Ce qui est sous-côté actuellement, ce sont les ajouts que les 76ers de Philadelphie viennent de faire. Ils ont pris Ilyasova, et Belinelli. Ces gars ont prouvé qu’ils pouvaient aider une équipe à gagner pendant les Playoffs.”
Chauncey Billups, en désaccord, annonce alors que les Cavaliers gagneraient la série 4 à 1, puisque les Sixers ont “appris en perdant ces dernières années”. L’ancien franchise player de Boston n’est pas vraiment d’accord :
“Ils sont jeunes, ils ont faim… Cleveland peut sortir dès le premier tour s’ils jouent Philadelphie. Vous l’aurez entendu de moi en premier.”
C’est un show à l’américaine, à la télévision nationale, lors de la mi-temps d’un match important. The Truth a profité de cette tribune pour faire une annonce audacieuse. Si on regarde les matchs de la saison régulière, Cleveland a remporté les deux premières confrontations assez facilement, une fois à domicile, une fois à l’extérieur. Ceci dit, les Sixers sont partis l’emporter à la Q Arena 108 à 97, le 1er mars. Le momentum jouerait donc en faveur de Philly. S’ils venaient à se rencontrer lors du premier tour des Playoffs, le match du 6 avril, au Wells Fargo Center, serait déterminant pour prendre un avantage psychologique sur son adversaire. Nous n’en sommes pas encore là, puisqu’aujourd’hui, la franchise de l’Ohio se trouve en troisième position à l’Est, juste devant leurs homologues de Pennsylvanie. Il y a seulement un match d’écart entre les deux écuries. Ces dernières devraient finir entre le troisième et le sixième spot de leur Conférence, puisque Toronto et Boston sont à distance respectable, et Miami ainsi que Milwaukee semblent avoir un petit train de retard. Cela laisse donc deux possibilités de match-up au premier tour de la postseason : troisième contre sixième, ou quatrième contre cinquième. Cette confrontation est donc envisageable, même si les deux équipes souhaitent finir dans le top 4. Et puis, qui a dit que les deux franchises allaient forcément s’affronter au premier tour ? LeBron et ses Cavs joueront sans doute plusieurs tours lors de ces Playoffs, et les Sixers pourraient jouer les troubles-fête et s’inviter en Demi-Finale de Conférence, si ce n’est mieux. Dans tous les cas, s’ils finissent par se retrouver, la série s’annoncera excitante au possible, entre une jeune team hype et une armada autour du Cyborg. Cela pourrait même être un symbole pour LBJ, lui qui sacralise Ben Simmons comme son héritier au titre de King de la NBA. De là à donner lieu à un passage de témoin ? Sans doute pas. James est au sommet de son art à 33 ans, et l’Australien n’est que dans sa première saison NBA. Ceci dit, il est vrai qu’une confrontation 76ers – Cavaliers, ça détonnerait, cela pourrait créer une belle rivalité. Puis la série ne serait pas forcément si déséquilibrée. Philly a un jeune mais large effectif, ils peuvent compter sur beaucoup de joueurs, et l’expérience amenée par leurs deux dernières recrues, l’ancien de la maison Ersan Ilyasova et Marco Belinelli, pourrait s’avérer utile. Avec l’Italien et le Turc, plus Saric, Simmons, Covington, Redick, Embiid et compagnie, les Sixers peuvent être dangereux pour n’importe qui. Et si l’on en croit Paulo, même pour BronBron.
Les Sixers reviennent de l’étage en dessous du fond du gouffre, et ils sortent maintenant la tête de l’eau. Pour les Playoffs ça sent bon, pour l’avantage du terrain, c’est jouable. Quoi qu’il en soit, cela fera plaisir à toute la ville de l’amour fraternel de revoir son équipe jouer après la fin de la phase régulière. Puis il faut bien avouer qu’on peut commencer à y croire, à ce Process. D’autant plus qu’une confrontation entre les Cavaliers et les 76ers, ça pourrait bien nous donner l’affiche du premier tour des Playoffs. Allez, plus que trois semaines à attendre.
Sources texte : Associated Press, Twitter/@JoelEmbiid, Twitter/@Rachel_Nichols