Wally Szczerbiak : un destin lié à celui de Kevin Garnett, mais sans la bague

Le 05 mars 2018 à 16:10 par Aymeric Saint-Leger

Wally Szczerbiak Minnesota Timberwolves
Source image : Youtube

Avec ses 2m01 pour 111 kilos, Wally Szczerbiak est un beau bébé, avec du talent plein les mains, et une gueule d’ange. L’ailier a passé dix saisons en NBA, la majorité d’entre elles aux Timberwolves. À l’occasion de son 41ème anniversaire, retour sur une carrière écourtée pour celui qui aura été le lieutenant de Kevin Garnett, tout en ayant une relation à la Je t’aime, moi non plus avec le Big Ticket.

Wally Szczerbiak (la prononciation, c’est zurbiak si vous voulez vous la péter, au lieu de dire Szczczczczcerbiak) est né en Espagne, à l’époque où son père, Walter, était une des pièces majeures du Real Madrid de la fin des années 70. Celui qu’on surnommait Wally World a porté le maillot des Etats-Unis à l’époque du changement de millénaire. Déjà très fort au lycée, Wally a passé quatre ans à l’université de Miami, dans… l’Ohio. Il a donc joué quatre ans avec les Redhawks, avant de s’inscrire à la Draft de la NBA en 1999. Il fait partie des plus gros prospects de cette dernière, et est sélectionné par les Minnesota Timberwolves en sixième position. À 22 ans, Szczerbiak est NBA ready, et le prouve dès sa première saison. Avec 11,6 points à 51,1% aux tirs, 3,7 rebonds et 2,8 passes en 29,7 minutes par match, il prend déjà position dans le cinq des Wolves, en débutant 53 matchs dans le starting five. Peu à peu, les stats de l’ailier augmentent, il fait trois saisons pleines, et atteint la consécration dès sa troisième année NBA. En 2001-02, Wally n’a que 24 ans et devient All-Star en compagnie de son coéquipier, Kevin Garnett. C’est un fait rare, ça n’est arrivé que trois fois dans l’histoire de la franchise, et à chaque reprise, KG était là. La présence de Szczerbiak dans le match des étoiles est méritée, puisqu’il produit une superbe saison avec 18,7 points à 50,8% aux tirs, 4,8 prises et 3,1 caviars délivrés, le tout en 38 minutes par rencontre. Il va maintenir ce niveau pendant quelques années. Mais les galères commencent pour lui : seulement 52 matchs disputés la saison suivant sa sélection au All-Star Game. Puis 28 la saison d’après, sans aucune titularisation. Ça commence à basculer pour l’ailier, il joue peu, même s’il reste performant lorsqu’il foule les parquets. Il repart sur la bonne voie en 2004-05 tout en étant sur le banc. Il repasse starter la saison d’après, mais se fait trader à Boston au milieu de celle-ci. C’est malheureusement là où le jeu Where’s Wally ? [Où est Charlie, ndlr] va commencer. Une saison et demie aux Celtics, une demi-saison aux Sonics, un an et demi à Cleveland, et… voilà la fin de carrière, à seulement 32 ans. Si tôt, vraiment ? Malheureusement, les blessures l’ont frappé. Celui qui est d’origine ukrainienne (d’où la consonance de son nom de famille) de par ses grands-parents a eu des problèmes aux chevilles, mais surtout trois opérations au genou gauche. C’est ce qui a provoqué la fin de sa carrière, qui aurait pu prendre un essor incroyable chez les Timberwolves de… Kevin Garnett.

Le destin de Wally est particulièrement lié à celui de KG. Lui qui terminera sa carrière avec des moyennes respectables (14,1 points, 4 rebonds et 2,4 passes en 30,8 minutes de moyenne sur ses 651 matchs disputés) aura passé dix saisons dans la Ligue, dont près de sept aux côtés de Garnett. Lorsque Szczerbiak arrive à Minneapolis, le Big Ticket est déjà présent depuis quatre ans dans la franchise, et deux fois All-Star. L’arrivée d’un nouveau rookie, déjà performant, semblait ravir Kevin Garnett, a priori. Alors qu’ils apparaissaient plutôt copains à l’écran et pendant les matchs, il semble que KG n’appréciait pas l’influence que le beau gosse aux yeux bleus était en train de prendre aux Wolves. Il a même été énervé, d’après Steve Aschburner, un journaliste du Minneapolis Star-Tribune à l’époque, par le deal qui a été offert à Wally en 2002 : une prolongation de 65 millions de dollars sur six ans. Pour l’époque, c’était une grosse somme, et surtout un contrat long. Garnett n’a pas semblé apprécier ce move du management de Minnesota. Malgré tout, avec les arrivées de Sprewell et Cassell en 2003, les Wolves de Wally et Kevin sont allés jusqu’en Finale de Conférence Ouest en 2004, perdue seulement 4-2 contre les Lakers de Kobe et Shaq. Szczerbiak continuera à jouer avec les Loups pendant un an et demi, mais son importance décroit. Il est donc envoyé à Boston, avec Michael Olowokandi notamment. Après son départ pour Boston, Wally ne sera plus vraiment le même joueur qu’il a été dans le Minnesota. Pendant son passage à Minneapolis, il aura compilé de belles statistiques, pas si loin du club 50-40-90, qui montrent à quel point c’était un fort shooteur : 15,5 points par match à 50% aux tirs, 40,4% du parking, et 86% de la ligne de réparation. Mais c’était avant son départ vers le Massachusetts. Il recroisera d’ailleurs le chemin de Garnett, lors de l’été 2007. Alors que Wally est envoyé, avec Delonte West et Jeff Green à Seattle, Ray Allen et Big Baby Davis vont à Boston. Et c’est bien KG qui se rend également dans cette ville, pour monter The Three Amigos. Alors que Szczerbiak refait ses valises dans l’année vers Cleveland, il croisera à nouveau le Big Ticket, en Playoffs 2008 cette fois. Lors de la Demi-Finale de Conférence Est, dans laquelle Boston s’imposera 4-3. Les Celtes iront même chercher le titre, après ça. Lors du Game 7, Wally est passé à côté (0 point en 15 minutes), alors que KG a fini en double-double (13 points, 13 rebonds). En faisant un gros match, Szczerbiak aurait pu priver Garnett de son seul titre de champion NBA. Cela n’a pas été le cas, et Wally World a terminé sa carrière tranquillement, sans trop faire de bruit. Cependant, l’histoire ne s’arrête pas là entre les deux anciens joueurs de Minny. En 2012, alors consultant pour CBS, Szczerbiak lance des propos aigres-doux à propos de l’ailier-fort, à la suite du match 2 de la Finale de Conférence Est 2012 entre Boston et Miami.

“KG est un autre de ces joueurs qui n’a pas le gène clutch, et qui ne l’a jamais eu. […] KG ne prend pas les gros shoots pour les Celtics. Il est quatrième, derrière Pierce, Allen et Rondo pour ce qui est de prendre les shoots clutch. Cependant il a été un guerrier pendant tout le match.”

Ce commentaire de Wally résume bien tout ce qu’il ressent pour et envers Kevin Garnett. L’histoire de ces deux joueurs est complexe, entre jalousie, respect mutuel et reconnaissance de l’autre en tant que bon joueur. La carrière de Szczerbiak n’aurait peut-être pas été la même s’il n’avait pas été le lieutenant de Big Ticket, et sans ses nombreuses blessures. Mais profitons de ce jour pour saluer le passage d’un élégant shooteur, efficace, et qui aura pu, à défaut d’une bague, accrocher une étoile à son palmarès. 

Source texte : Complex


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