Star de demain – Michael Porter Jr. : toujours favori malgré une saison blanche ?

Le 10 déc. 2017 à 10:52 par Benoît Carlier

Michael Porter Jr.
Source image : YouTube/SLAM

Chaque année, ils sont plusieurs centaines à s’inscrire à la Draft pour tenter d’y décrocher un spot dans l’une des 30 franchises NBA. Mais au milieu de ce vivier de jeunes talents, quelques joueurs tirent déjà leur épingle du jeu et sont promis à un grand avenir chez les pros. Parmi eux, Michael Porter Jr., annoncé comme le meilleur joueur de sa génération depuis déjà plusieurs années.

Troisième enfant d’une belle fratrie de huit frères et sœurs, Michael Porter Jr. a une relation très fusionnelle avec l’ensemble des membres de sa famille. Jusqu’ici rien d’anormal, sauf que les Porter n’ont pas eu la même enfance que la plupart des gosses de leur âge. Progénitures de deux anciennes gloires de la première division de NCAA, les huit enfants ont été élevés à la maison. Une journée typique commençait à six heures du matin avec un entraînement d’une heure et demie dans un gymnase d’Indianapolis dirigé par le paternel, puis continuait avec des cours préparés par Lisa Porter avant de retourner à la salle pour une nouvelle séance l’après-midi. Les deux parents culminant à plus de 190 centimètres, Senior a tout de même tenu à enseigner le maniement de la balle et la gestuelle du tir à ses enfants au cas où ils cesseraient leur croissance. Aujourd’hui, l’ensemble de la famille pratique le basket et accorde une place très importante à la foi chrétienne dans sa vie quotidienne. Michael Porter Sr. a détaillé ce choix de vie à Dave Matter pour le Saint-Louis Post-Dispatch.

“Nous savions que nous ne pouvions pas nous permettre de scolariser nos enfants jusqu’à l’université avec nos rémunérations en tant que missionnaires. Ayant grandi grâce aux aides sociales et aux timbres alimentaires, j’ai vu où les dettes pouvaient mener et combien cela peut être destructeur. Je voulais faire un cadeau à mes enfants en leur permettant de sortir diplômés de la fac sans aucune dette. Et tout ce que je savais faire à part de la musique, c’était du basket.”

Puis la marmaille a grandi et de nombreux lycées ont commencé à s’intéresser à MPJ. Ce dernier choisit d’abord de rejoindre la Father Tolton Regional Catholic High School, basée à Colombus dans l’état du Missouri où ont déménagé les Porter quelques années plus tôt. Le choix est logique et les universités commencent à scouter ce jeune ailier capable de dribbler et de scorer comme un arrière. Le 29 décembre 2014 restera une date importante dans sa carrière comme le jour où il est devenu une sensation du Web avec un dunk proche de la ligne des lancers-francs qui fera le tour du monde en quelques heures. Jeremy Osborne, son coach de l’époque, n’en revient toujours pas.

“Tout le monde pensait qu’il allait finir en lay-up mais il a continué à monter en l’air. Je ne savais pas quoi dire. Je l’ai regardé, il avait un regard effrayé. Je pense qu’il s’est surpris lui-même sur le moment. C’était bizarre car tout le monde était choqué dans les tribunes.”

Mais le buzz aurait pu ne jamais voir le jour alors que l’entraîneur avait justement oublié d’amener la caméra ce soir-là. Heureusement, un fan a filmé toute l’action sur son portable et la partage à Osborne après le match. Un tweet plus tard, la vidéo deviendra virale au point de faire le Top 1 de la célèbre émission Sports Center sur ESPN. Le début d’une popularité qui ne redescendra jamais jusqu’à aujourd’hui pour la star du Missouri.

“Avant ce dunk, je ne pense pas que beaucoup de monde connaissait le nom de Michael Porter Jr. Ça m’a placé sur la carte.”

En 2016, il remporte le titre de son état avec son jeune frère Jontay. En plus d’une belle performance au scoring, il termine avec 19 rebonds lors de la finale. Mais l’été suivant, la petite famille décide de suivre Michael Porter Sr. à Seattle où il devient assistant à l’Université de Washington. Avant son année senior, le jeune prospect s’engage logiquement à rejoindre les Huskies l’année suivante à l’instar de son frère cadet. Mais avant de rejoindre les parquets universitaires, il réalise une saison parfaite avec le lycée de Nathan Hale sous les ordres d’un certain Brandon Roy qui effectue ses premiers pas dans le coaching au sein de sa ville natale. Il tourne à 37 points et 15 rebonds par match alors que les Raiders font un sans-faute (22-0) et remportent le premier titre de l’établissement depuis 1992. Entre temps, Washington a fait le ménage dans son staff et Porter Sr. décide de rejoindre l’équipe dirigeante des Tigers de l’Université du Missouri. Un retour à la maison logique pour le père… et ses deux fils qui suivront le mouvement en revenant sur leur promesse pour s’engager avec Mizzou à leur tour. A l’été 2017, le père s’apprête donc à retrouver son fils dans un cadre bien plus officiel que le petit gymnase où il entraînait ses enfants quelques années plus tôt. Avant que Michael Porter ne franchisse cet étape, Senior est conscient des forces et des faiblesses de son fils et s’empresse de les partager à l’entraîneur, Cuonzo Martin.

“Ce que j’ai vu jusqu’ici c’est qu’il peut déclencher son tir quand il le souhaite. Que ce soit un bon ou un mauvais tir, c’est une toute autre question. Ce n’est plus aussi facile que ça l’été [au lycée]. C’est la plus grande différence. Il va aussi devoir être plus régulier en défense pour montrer qu’il peut être un bon défenseur.”

Sa plus grande force reste sa polyvalence en attaque. MPJ peut scorer dans toutes les positions, de loin ou en drivant vers le cercle avec des moves peu fréquents pour des joueurs de sa taille (2 mètres 08). Lors des championnats des Amériques U18, il seconde Markelle Fultz au scoring avec Team USA et plante 15,8 points par rencontre en 21 minutes de moyenne. A l’image de Brandon Ingram, il est constamment avantagé sur son adversaire direct en attaque et peu même évoluer stretch-four. Malheureusement, tous ces premiers reportings vont rester en l’état cette saison suite à sa blessure au dos contractée au bout de deux petites minutes de jeu lors du premier match officiel des Tigers cette saison. Opéré dans la foulée, Porter Jr. ne devrait pas être de retour suffisamment tôt pour accompagner son équipe en March Madness en cas de qualification même si Missouri n’est plus convié à la fête depuis cinq ans. Les scouts ont suffisamment d’images sur lui pour vouloir le sélectionner très haut dès la Draft de 2018, mais le prospect pourrait décider de rester à Colombus pour réaliser une saison complète en NCAA avant de franchir le pas. Avec son père comme assistant et son frère au sein de l’équipe, les arguments sont nombreux pour le pousser à prolonger l’aventure d’un an à l’Université du Missouri. Il avait d’ailleurs évoqué cette possibilité avant même sa blessure à Ricky O’Donnell de SB Nation.

“Personne ne pense que je suis séreux en disant ça mais je pourrais vraiment passer plus qu’une année à la fac.”

Cette blessure pourrait l’inciter à tenir parole alors qu’il souhaite laisser un véritable héritage à Mizzou. Un scénario qui fait écho aux récentes déclarations de Luka Doncic qui ne sait pas encore s’il se présentera à la Draft 2018 ou s’il attendra un an de plus, lui aussi. Mais les deux derniers premiers choix de Draft ne sont pas de bons exemples pour Michael Porter Jr. alors que ni Ben Simmons, ni Markelle Fultz n’ont participé à la March Madness avant de s’envoler vers la NBA. Il va donc falloir que ses coéquipiers des Tigers soient vraiment convaincants pour le motiver à rester une saison de plus sur le campus. Terrence Phillips a déjà commencé.

“Personne dans ce pays ne peut l’arrêter sans faire faute.”

Bercé aux crissements de chaussures sur les parquets, Michael Porter Jr. a grandi dans une famille de basketteurs comme il en existe plein sur la planète. Sauf que celle-ci est peut-être un peu plus douée que les autres. Si bien qu’avec cette blessure, il pourrait être tenté de rester une année de plus à Mizzou pour profiter un peu plus de ce cadre familial avant de venir défoncer la concurrence en NBA. Toujours est-il que sa décision n’est pas prise et qu’il fait bien figure de favori pour être numéro 1 de la prochaine Draft si tant est qu’il s’y inscrive. Surprise…

 

Sources texte : Saint-Louis Post-Dispatch et SB Nation