Dave DeBusschere : ailier bagarreur, mais aussi auteur et manager, pour finir Hall of Famer
Le 16 oct. 2016 à 15:43 par Alexandre Martin
Le 14 mai 2003, Dave DeBusschere s’est effondré dans une rue de Manhattan. Son décès sera prononcé quelques heures plus tard à l’hôpital de l’Université de New York. Il avait 62 ans. Et, comme un symbole, c’est donc à quelques centaines de mètres du Madison Square Garden – cette enceinte dans laquelle il connut des succès aussi monumentaux qu’inoubliables – que Mister DeBusschere a respiré sa dernière bouffée d’air. Il y a des signes qui ne trompent pas : l’arène new-yorkaise et ce Hall of Famer devaient rester liés à tout jamais…
David Albert DeBusschere, ce pur produit du Michigan, est arrivé dans la Big Apple en décembre 1968 dans le cadre d’un échange entre Pistons et Knicks qui vit le pivot Walt Bellamy faire le chemin inverse et rejoindre la Mo-Town. A cette date, l’ami Dave n’avait jamais quitté Detroit. Il y était né, y avait passé son enfance, le lycée et était allé à l’Université de Detroit Mercy avant de se faire drafter en 1962 par les Pistons donc. Voilà ce qu’on peut appeler un parcours tout tracé ! Pour vous donner une idée de la confiance que les dirigeants lui ont voué d’entrée, notez par exemple qu’après seulement deux saisons, ils firent de leur jeune ailier (24 ans) l’entraîneur-joueur de l’équipe. Il restera à l’aile et à la tête de l’équipe pendant trois saisons mais devant les mauvais résultats affichés (35,6% de victoires en 222 matchs), les Pistons finiront par se lasser et arrivera le fameux trade de décembre 1968.
Chez les Knicks, DeBusschere repassera sur un “simple” rôle de joueur. Alors qu’il venait de passer ses six premières saisons au poste 3, Red Holzman – en bon tacticien qu’il était – le plaça tout de suite en ailier-fort. Car, même si DeBussch’ n’était long que de 198 centimètres, son sens du placement, ses longs bras et son goût pour les batailles sous les cercles faisaient de lui un ailier qui tournait déjà à largement plus de 10 rebonds par soir depuis quatre ans. D’ailleurs, cet exercice 1968-69 ne dérogera pas à la règle et Dave le finira en double-double points/rebonds. C’est bien simple, après ses deux saisons initiales, l’ailier a enchaîné 10 années consécutives en double-double jusqu’à ce qu’il raccroche.
Je n’avais pas réalisé qu’il état aussi bon que ça jusuq’à ce que nous le fassions venir. J’ai toujours su qu’il était un joueur impressionnant mais pas aussi bon. C’est souvent comme ça je suppose. On ne réalise pas à quel point un gars est bon tant qu’on ne le voit pas jouer tous les soirs. — Red Holzman (coach des Knicks double champions)
Régulier, solide, gros défenseur, collectif, intelligent. Voici des termes qui définissent plutôt bien celui qui va faire partie intégrante – titulaire au poste 4 – de la plus grande équipe de l’histoire des Knicks, les fameux invincibles de 1970 d’abord puis de 1973. Aux côtés des Walt Frazier, Willis Reed, Bill Bradley avec ensuite Earl Monroe pour ne citer qu’eux, Dave DeBusschere va vivre une aventure sportive et humaine des plus trépidantes et des plus magiques. Oui, pour Dave, le Garden était le paradis… Encore un signe sûrement.
Un signe évident pour ce col bleu par excellence, l’un des premiers vrais intérieurs de petite taille dans une équipe dominante. Un type pour qui éthique de travail et grosse défense étaient des bases immuables. Certains l’ont même parfois surnommé “The Big D” et, soyez-en sûrs, le D n’était là ni pour Dave, ni pour DeBusschere mais bien pour Défense. Et, soyez-en sûrs également, ce n’est pas un hasard si, à partir du moment où les All-NBA Defensive Teams firent leur apparition (1969), il fut élu dans la première tous les ans (de 1969 à 1974) jusqu’à ce qu’il quitte les parquets. Mais une fois sa carrière de joueur terminée, l’ami DeBusschere resta le même. Pas question pour lui de se reposer ou de regarder le temps passé. Il prit tout de suite un poste dans le front office des New York… Nets et même si cela ne dura qu’un an, cela a clairement bien retardé le retrait de son jersey au numéro 22 chez les Knicks. Forcément. L’année suivante, il se retrouva commissionner d’une ABA complètement sur le déclin et qu’il aida à fusionner avec la NBA. Le temps d’écrire un bouquin sur l’épopée new-yorkaise de 1969-1970 – “The Open Man” et le moment fut venu pour lui de revenir chez les Knickerbockers en tant qu’assistant coach mais surtout en tant que Président des opérations Basket au cours des années 80.
C’est à lui qu’incombera la lourde pression d’aller à la loterie de 1985 pour y récupérer le premier choix – sur tirage au sort – afin de pouvoir drafter un certain Pat Ewing. S’il était encore de ce monde, nous pourrions lui demander si l’enveloppe des Knicks était vraiment très refroidie comme le racontent certaines mauvaises langues…
Joueur, entraîneur-joueur, manager, auteur et même patron de presse (magazine “The Ring”) avant d’être intronisé au Hall of Fame en 1983 puis de faire partie de la All-Time Team NBA de 1996, Dave DeBusschere a dévoré chaque instant, chaque match, chaque défi sans la moindre appréhension. Comme l’a dit un jour son ancien coéquipier, l’ex-sénateur Bill Bradley : “on ne remplace pas un Dave DeBusschere”.