Bill Bradley : ailier doublement bagué des Knicks, sénateur triplement mandaté du New Jersey
Le 28 juil. 2016 à 20:09 par Alexandre Martin
Barack Obama, président des Etats-Unis pour encore quelques mois, est notamment connu pour être un basketteur tout à fait correct. Comme quoi le sport et la politique peuvent faire bon ménage. Voire très bon ménage si l’on prend en exemple William Warren Bradley dit “Bill”. Sénateur dans le New Jersey de 1979 à 1997 puis candidat à la présidentielle en 2000, Mister Bradley avait pris le temps de faire une bien belle carrière dans la Grande Ligue avant de se lancer dans une autre fosse aux lions, largement aussi effrayante que la jungle NBA.
Encore étudiant à la célèbre Université de Princeton, Bill Bradley s’était déjà fait remarquer pour ses talents basketballistiques puisqu’il a fait partie en 1964 du contingent américain chargé d’aller représenter le pays dans le tournoi olympique. Tournoi dont “Billou” et ses coéquipiers sont ressortis vainqueurs. Une médaille d’or aux Jeux, il y a pire pour démarrer une carrière de sportif de haut niveau. L’année suivante, il sera drafté par les New York Knicks mais il attendra deux ans avant de faire le grand saut et passera d’abord par la ligue italienne et l’Olympia Milano avec lequel il gagnera la Coupe des Champions de la Fiba en 1966.
A l’aube de la saion 1967-1968, il débarque chez les Knicks. Bradley est un poste 3 de 195 centimètres pas extrêmement athlétique mais assez rapide et capable de participer dans tous les secteurs du jeu. A l’époque, les pensionnaires du Madison Square Garden sont une des escouades montantes de la Ligue. Willis Reed est déjà là et deux autres rookies de renom viennent également d’arriver dans l’effectif : Walt Frazier et Phil Jackson. Il y croisera également Walt Bellamy qui sera échangé la saison suivante à Detroit contre Dave DeBusschere. Et c’est avec ces gars-là qu’en 1970, les Knicks vont aller chercher la première bague de l’histoire de la franchise. Le duo Frazier – Dick Barnett fait du gros boulot sur les lignes arrières pendant que la paire DeBusschere – Reed domine sous les cercles. Au milieu, Bill Bradley fait de tout et le collectif new yorkais est admirable de cohésion et de détermination. Il faut dire que Frazier et Reed sont non seulement très talentueux mais s’avèrent être en plus de fabuleux leaders. Ce qui fera dire d’ailleurs à Bradley quelques années plus tard en parlant de ses deux coéquipiers :
Le leadership consiste à débloquer et à augmenter le potentiel des gens.
Une bonne vieille phrase de politicien mais une phrase tellement vraie dans un milieu aussi exigeant que la NBA. Avec 14,5 points, 4 passes décisives et presque autant de rebonds en moyenne, le futur sénateur a bien contribué au succès de son équipe. Aurait-il pu faire aussi bien dans un autre groupe ? Avec d’autres potes de vestiaires ? Pas si sûr. Mais c’est aussi tout l’intérêt de joueurs comme Bradley dans un roster : on sait ce qu’ils vont apporter. On n’a pas de surprises et on peut compter sur eux. c’est certainement pour ça que Red Holzman – le coach des Knicks à l’époque – a toujours titularisé son ailier Bradley pendant ces années… Oui, ces années, car les Knicks ont été champions en 1970 mais aussi en 1973 et toujours avec ce bon Bill fidèle au poste 3 avec des moyennes intéressantes : 16 points, 4,5 passes décisives et 4 rebonds de moyenne en 36,6 minutes par match sur l’exercice 1972-1973 qui le verra obtenir la seule sélection All-Star de sa carrière et qui verra également les Knicks se faire baguer pour la deuxième fois en quatre saisons.
Très malin, Bill Bradley utilise – déjà pendant sa carrière – sa notoriété de NBAer bagué pour avancer quelques pions dans le domaine la politique. Il rencontre de nombreux journalistes mais aussi des businessmen, des hommes politiques, des activistes. Bref, il construit son réseau et prépare le terrain pour la suite. Car quand il raccroche les sneakers en 1977, Bill a des projets. Et il ne va pas tarder à les mettre en place puisque dès 1979, il se présente à l’élection sénatoriale dans le New Jersey et y est élu. Il n’a alors que 36 ans et il y fera trois mandats de 6 ans de 1979 à 1997. Bill Bradley avait bien compris comment fonctionnait le monde politique. Son sens de la diplomatie, sa culture du travail en équipe et son pragmatisme ont ensuite fait le reste :
Essayer d’enlever l’argent du jeu politique, c’est comme essayer d’enlever le fait de sauter du basketball. — Bill Bradley
C’est d’ailleurs en tant que sénateur qu’il sera intronisé au Hall Of Fame en 1983 et qu’il verra son numéro 24 retiré par les Knicks. Ne doutant de rien, il poussera même sa carrière politique jusqu’à se présenter pour l’élection présidentielle de 2000, faisant face à Al Gore chez les Démocrates. Sans succès cette fois-ci mais on ne peut pas non plus TOUT réussir…
Au final, sans être un joueur exceptionnel, Bill Bradley aura non seulement eu une carrière exceptionnelle en étant le seul basketteur – avec Manu Ginobili – à avoir été champion en Europe, en NBA et aux Jeux Olympiques. Mais en plus, il a su s’appuyer sur ces acquis de sportif de haut niveau pour réussir une autre superbe carrière dans la foulée, occupant le terrain politique avec succès pendant plus de 20 ans. Chapeau bas Monsieur le Sénateur !
Source image : montage via dailyknicks.com