L’équipe de France et les dessous de Rio : toucher le fond de la piscine pour mieux remonter ?
Le 30 sept. 2016 à 19:55 par Alexandre Martin
Les traces sombres de l’échec des Bleus à Rio sont encore bien présentes dans toutes les mémoires. Nous n’avons pas reconnu notre équipe de France lors de ces Jeux Olympiques et les questions sont nombreuses quant à la gestion du groupe, son osmose parfois douteuse, une envie qui a semblé absente et forcément des résultats qui se sont avérés décevants. Hier, dans un dossier détaillé, L’Equipe est revenu sur ce fiasco en étayant son propos de plusieurs déclarations qui ne font pas plaisir à lire mais qui sont réelles et nous poussent à nous interroger sur la suite, sur l’avenir de notre sélection nationale dans les prochaines années…
Quand nous avons vu cette escouade bleue se déliter collectivement contre l’Espagne le 17 août dernier en quart de finale du tournoi olympique, nous avons bien saisi l’étendue du malaise au sein du groupe. Car quand des professionnels semblent si loin les uns des autres sur le parquet, quand la seule véritable dépense d’énergie se fait en direction de l’arbitre, quand les rotations défensives sont aussi molles, c’est bien qu’un problème de fond pourrit l’équipe , au moins de manière ponctuelle. En effet, il ne s’agit pas ici de remettre en cause ou de renier tout ce que ces Bleus ont pu accomplir ces dernières années. Il s’agit simplement d’essayer de comprendre, d’en parler pour éviter que cela ne se reproduise dans le futur.
Et ce que l’on entrevoit d’entrée – dès le début juillet – c’est que la non sélection d’Evan Fournier a tout de suite créé de véritables soucis au sein du groupe, des joueurs au staff. On apprend que Rudy Nelhomme n’était pas d’accord avec Vincent Collet sur ce point mais que l’adjoint n’a pas pu convaincre son “boss”. On apprend que certains joueurs ont également été surpris par cette décision, conscients que cela pouvait peser sur la suite comme le dit Nicolas Batum :
Je savais qu’on allait le regretter à la fin.
Cette déclaration de l’ailier tricolore a même été appuyée par un membre (anonyme) de l’entourage des Bleus qui va encore plus loin en expliquant comment coach Collet a perdu de son emprise sur l’équipe avc ce choix :
Cet été on a sacrifié la performance pour privilégier la tournée d’adieux d’une génération.
Pour autant, malgré tout le bien qu’on peut penser de l’arrière du Magic, sa présence n’aurait pas suffi à elle seule à éviter le naufrage contre nos amis espagnols, loin de là. Il nous aurait fallu beaucoup plus. Un groupe soudé par exemple pour commencer. Et si on en juge par certaines déclarations faites aussi sous couvert d’anonymat toujours dans l’entourage du groupe, certains passe-droits ont justement eu du mal à “passer” :
Tu peux partir quelques jours, pas trois semaines. Et cela a été d’autant plus mal vécu que sportivement TP est moins dominateur qu’avant. Avec ce système de passe-droits comment se faire respecter du groupe.
Effectivement, la gestion du cas Tony Parker n’a clairement pas été optimale tout comme comme la gestion du groupe dans son ensemble. Du coup, entre l’absence du patron, du coach aussi un peu et de quelques autres, les différents niveaux de forme des joueurs, les histoires de sélection ou de non sélection, il ne fallait pas se faire d’illusions, la préparation ne pouvait pas être bonne. Et lorsque la préparation est mauvaise, il ne faut pas être surpris de voir ensuite l’équipe rater sa compétition… C’est malheureusement assez inévitable. On ne se pointe pas à des Jeux Olympiques en méforme, avec un collectif pas prêt tout en espérant y faire un bon résultat. Il s’agissait d’aller gagner sur les parquets pas de prendre des vacances à Copacabana.
Pour autant, l’équipe de France n’a pas dégagé d’impression de mauvaise entente. Elle a tout bonnement complètement manqué son été. Elle s’est vue trop belle alors qu’elle ne savait pas réellement où elle allait et ce qu’elle devait faire comme par exemple lors de ce match contre la Serbie où elle ne savait clairement pas s’il fallait vraiment s’adjuger la victoire. Les consignes de Vincent Collet étaient-elles au moins claires sur le sujet ? Le staff des Bleus a-t-il fait le nécessaire pour mettre ses joueurs dans les conditions d’une grande compétition ? Les joueurs eux-mêmes (ce sont des professionnels pas des minimes) ont-ils eu la bonne attitude, celle qui permet d’aller loin dans un tournoi ? Pour Nico Batum, la réponse est simple :
On était sans doute un peu dans la suffisance, trop de confiance, plus la même vigilance.
Et quand on en arrive là c’est que tout le monde est fautif. Joueurs, coachs, dirigeants, tout le monde. Peu après le tournoi, Tony Parker s’est exprimé puis Evan Fournier est sorti de son silence avant que Nicolas Batum et Nando De Colo ne posent eux aussi quelques déclarations concernant les Bleus et ce voyage à Rio sous forme de fiasco. Maintenant que c’est fait, que chacun a dit ce qu’il avait à dire, que les maux ont été identifiés, espérons que la sélection tricolore va pouvoir repartir du bon pied et tout de suite redresser la barre en vue des prochaines échéances internationales.
Car l’équipe de France a bien trop de talents à disposition pour en rester là et se laisser aller à cause d’un échec aussi cuisant soit-il. Il va falloir relever la tête, relancer un nouveau cycle, gérer l’après Tony Parker en faisant confiance aux jeunes afin de construire un groupe capable de remettre le drapeau bleu-blanc-rouge le plus haut possible dans la hiérarchie du basket mondial. On en a les moyens, le vivier de joueurs est là…