Dennis Johnson : un bonheur pour ses coéquipiers, un cauchemar pour les extérieurs adverses

Le 18 sept. 2016 à 16:27 par Alexandre Martin

Dennis Johnson

Le 22 février 2007, lors d’un entraînement des Austin Toros (D-League) – dont il était le coach – Dennis Johnson s’est effondré sur le parquet, victime d’un arrêt cardiaque. Tout de suite transporté à l’hôpital le plus proche, il ne put être réanimé. Il avait 52 ans… Et sa mort a provoqué un véritable choc aux quatre coins de la Grande Ligue car “D.J.” n’était clairement pas le joueur le plus connu du grand public, mais il a laissé autant de grands souvenirs à ses anciens partenaires que de mauvais à tous ses adversaires.

Dans le genre bon gros souvenir, on a ce 5 juin 1985 où Celtics et Lakers s’affrontaient à Los Angeles pour le Game 4 d’une série de Finales NBA très intense. Menés 2-1, les Celtes n’avaient pas d’autre choix que de repartir avec une victoire. Et cela semblait encore loin d’être fait quand, à moins de 20 secondes de la fin, après un sky hook raté de Kareem Abdul-Jabbar, Magic Johnson se saisit du rebond pour marquer de près et mettre les deux équipes à égalité 105 partout. Explosion du forum d’Inglewood et prolongation en vue. C’était sans compter sur l’autre Johnson, celui qui allait devenir le héros du jour… Ce bon Dennis qui, bien servi par Bird, allait prendre le dernier tir du match et le rentrer alors que le gong final retentissait. 107 – 105. Série à 2-2, ce qui n’empêchera pas les Lakers de gagner la bague cette année-là. Néanmoins, voici un bon exemple du type de compétiteur qu’était Dennis Johnson, le type qui fait ce qu’il faut pour que son équipe gagne sans trembler, sans reculer.

Nous parlons ici d’un Hall of Famer, d’un MVP des Finales, d’un défenseur acharné, d’un compétiteur féroce, d’un basketteur complet dont les 14 saisons en NBA ont laissé de sacrées traces. D’ailleurs, rien qu’à voir certaines réactions à l’annonce de son décès, on appréhende un peu mieux l’impact du bonhomme et le respect qu’il a inspiré :

Dennis était un superbe joueur, l’un des meilleurs coéquipiers que j’ai eu et une magnifique personne. — Larry Bird (coéquipier de Johnson de 1983 à 1990 à Boston)

Même son de cloche chez Danny Ainge qui a également croisé “D.J.” chez les Celtics dans les années 80 :

J’ai eu le grand privilège de jouer aux côtés de D.J. dans les lignes arrières, pendant six saisons dont deux titres de champion. Il est l’un des joueurs les plus sous-estimés de l’histoire du jeu à mon avis et l’une des meilleures acquisitions des Celtics de tous les temps.

Effectivement connu et reconnu pour sa défense de pitbull ainsi que son goût du combat et de la victoire, ce bon Johnson a gagné le respect de la plupart de ses adversaires, certains parmi les plus avares en compliments comme Bill Laimbeer :

Il fut un superbe joueur dans un superbe club (Bill fait ici allusion aux Celtics). Il jouait avec passion et courage.

“Passion et courage”… Le grand Bill ne s’y est pas trompé et ces deux qualités font bien partie de la panoplie de Dennis Johnson. Mais elles n’étaient pas les seules, loin de là. Car si le monsieur a figuré pendant neuf saisons d’affilée dans les All-NBA Defensive Teams (6 fois en first), il n’en était pas moins un joueur complet, certainement pas un gars dont on peut limiter l’impact à un rôle de chien de garde du meilleur extérieur adverse. Johnson était un joueur très polyvalent et ce, des deux côtés du terrain. Capable de scorer grâce à un bon sens de l’attaque de cercle et un jumpshot plutôt propre, il a également toujours pris soin de bien nourrir ses partenaires, surtout à partir de son passage chez les Suns où il a vraiment commencé à se poser sur le poste 1. Du haut de ses 194 centimètres, il aimait beaucoup prêter main forte à ses intérieurs au rebond et en en a ramassé 4 par soir en carrière. En défense, il représentait chaque soir un véritable calvaire, un dur au mal très collant que le meneur ou l’arrière d’en face allait devoir se coltiner tout au long d’une rencontre.

Il a débarqué en NBA en 1976 à Seattle, chez les Supersonics. Il a dû attendre un peu, dans l’ombre du duo Slick Watts – Fred Brown, l’arrivée de Lenny Wilkens sur le banc pour devenir titulaire en cours de saison 1997-1978 qui verra d’ailleurs les pensionnaires de la Key Arena aller jusqu’en Finales où les Bullets les battront en 7 matchs. L’année suivante, Dennis et ses Sonics auront leur revanche puisqu’ils ne feront qu’une bouchée de ces mêmes Bullets pour s’adjuger le seule titre de l’histoire de la franchise dans le sillage d’un Johnson absolument injouable lors des Finales remportées 4-1. 22,6 points de moyenne à 45% au tir accompagnés de 6 rebonds, 6 passes décisives, 1,8 interception et 2,2 contres par rencontre. Gus Williams (meneur) et Jack Sikma (pivot) pesèrent aussi très lourd mais c’est bien Dennis Johnson qui reçut le trophée de MVP des Finales en 1979. Cependant, rapidement après ça, le gros caractère de Johnson et son aversion viscérale de la défaite ont rendu les relations avec son coach tendues et les dirigeants choisirent de l’envoyer à Phoenix à l’été 1980. En Arizona, Johnson envoya ses plus grosses saisons statistiques au niveau scoring alors qu’il s’installait de plus en plus au poste de meneur.

Trois années plus tard, il débarqua dans le Massachusetts, à Boston où une grosse équipe de gagneurs l’attend. Et le moins qu’on puisse dire est que la mayonnaise va prendre instantanément. L’exercice 1983-1984 vit les Celtics enfiler 62 victoires puis dominer la Conférence Est en Playoffs avant de remporter le titre au termes de Finales intenses (7 matchs). Titulaire tout au long de la saison et deuxième meilleur marqueur celte des Finales, Dennis Johnson apporta son énergie, sa dureté et son volume défensif à une équipe de Boston qui ajouta donc une bague à son immense palmarès. Sous la houlette de K.C. Jones et au sein de ces Celtics très complets, l’ami Dennis devint plus playmaker tout en gardant son rôle défensif primordial. Il fut l’un des grands piliers de ces Celtes monstrueux qui ont roulé sur la saison 1985-1986, gagnant 67 fois en régulière avant d’aller jusqu’au bout en post-season. A partir de là et ayant allègrement dépassé la trentaine, Dennis continua de tenir sa place, assurant la distribution du caviar et le rationnement drastique des extérieurs qu’il croisait.

Il jouera jusqu’en 1990, année où il raccrocha définitivement ses sneakers en tant que Celtic. Danny Ainge n’a pas tort quand il met en avant le côté sous-estimé de ce joueur. Pour autant, s’il n’a peut-être pas eu toute la reconnaissance qu’il aurait mérité, Dennis Johnson et son esprit de compétiteur ne seront jamais oubliés. Le jersey floqué de son nom et du numéro 3 qui trône au plafond du TD Garden est là pour nous le rappeler…

Le game winner de 1985 (Game 4 des Finales)

Source : YouTube / NBA TV