C’était il y a seulement 10 ans – Supersonics : saison pourrie et premiers pas vers le déménagement…

Le 02 août 2016 à 20:02 par Francois M

Seattle Supersonics
Source image : Flickr

2006, ça sonne comme hier mais c’était il y a 10 ans. Avoir un MySpace ou un Skyblog était alors top tendance et Daniel Powter cavalait en tête des charts avec “Bad Day”. Alors imaginez un peu à l’échelle NBA, sachant que les joueurs ne restent en moyenne pas plus de 5 ans dans la Ligue. Des dizaines de journeymen ont écumé les terrains pendant ce laps de temps. Certaines stars d’aujourd’hui étaient encore des petits jeunes à potentiel, d’autres rentraient à peine en high school.

Ben Simmons et Brandon Ingram avaient tout juste 8 ans et les jeunes draftés serraient encore la main de David Stern. La NBA venait d’instaurer le Dress Code pour en terminer avec l’invasion du bling-bling et de la culture street, ce qui donnera naissance à des monstres de style – prenez-le comme vous voulez – comme Russell Westbrook. Même la carte des franchises NBA était différente. TrashTalk revient sur cette saison si proche et si loin à la fois, en faisant le bilan pour chaque franchise.

Aujourd’hui, on lâche une larmichette en parlant des SuperSonics de Seattle…

Bilan : 35-47, 11ème à l’Ouest

Le 5 :  Luke Ridnour – Ray Allen – Rashard Lewis – Chris Wilcox – Johan Petro

Le banc : Damien Wilkins – Earl Watson – Ronald Murray – Robert Swift – Nick Collison

Le MVP : Ray Allen, 25,1 points à 45,5% au tir dont 41% à 3 points, 4,3 rebonds et 4,7 passes. All Star.

A l’été 2005, les Seattle Supersonics viennent de réaliser leur meilleure saison depuis le départ de George Karl en 1998. A la surprise générale, l’équipe de Nate McMillan a remporté le titre de la Division North-West avec un bilan de 52 victoires pour 30 défaites. En Playoffs, ils n’ont pas déçu en battant les Kings au premier tour avant de s’incliner avec les honneurs en demi-finale en arrachant 2 victoires aux futurs champions NBA, les Spurs, tout en forçant Tim Duncan a sortir son meilleur basket. Pour atteindre ce niveau, la franchise de Washington a pu compter son duo de Ray Allen – Rashard Lewis : les deux snipers ont tout deux été sélectionné au All Star Game, RayRay s’incrustant même dans la All NBA 2nd team. D’ailleurs, l’arrière qui était annoncé en partance à la free agency l’été précédent, a finalement resigné pour 80 millions de dollars sur 5 ans. A l’inverse,  le coach McMillan a préféré quant à lui partir vers Portland, qui lui a offert un contrat plus important. C’est Bob Weiss, assistant-coach dans le Washington depuis 9 ans – sous Karl puis McMillan – qui a récupéré son poste avec un contrat de 3 ans. Le reste de l’effectif reste assez stable à l’exception de deux départs significatifs : le sixième homme Antonio Daniels est parti pour D.C. après sa meilleure saison en carrière tandis que le pivot titulaire Jerome James a signé un contrat de 30 millions sur 5 ans aux Knicks. Après avoir eu un rôle très limité toute la saison, l’intérieur a triplé ses stats en Playoffs en posant 12,5 points et 6,8 rebonds : suffisant pour faire disjoncter le cerveau du front office de New York, qui s’en mordra les doigts quand Big Jerome se pointera au training camp en ayant mangé la moitié de son salaire en menus Big Mac. A la Draft, les Sonics sont particulièrement bien inspirés puisqu’ils utilisent leurs deux choix pour ramener deux frenchies en NBA : Johan Petro est sélectionné en 25ème position, et Mike Gelabale est récupéré avec le 48ème pick. Si le second passera une année de plus à Madrid avant de traverser l’océan, le pivot palois préfère quant à lui débarquer dès l’été en NBA, refusant au passage une sélection pour les championnat d’Europe avec l’équipe de France pour se concentrer sur son projet américain.

Le rookie français est d’ailleurs propulsé dans le 5 de départ dès le début de la saison, puis mis sur le banc après le retour de blessure de Robert Swift. Le pivot de 20 ans a montré des choses intéressantes et aurait pu être utile à l’équipe par sa protection de cercle mais il est régulièrement cloué sur le banc à cause de ses fautes (3 de moyenne en seulement 18 minutes par match). Ces erreurs de rookie lui font perdre petit à petit la confiance du staff, qui préfère de toutes façons aligner des line-up mobiles avec un pivot plus rapide. En effet, Bob Weiss a décidé d’accélérer le jeu des Sonics – parce que bon, une franchise avec un nom basé sur la vitesse qui joue quasi uniquement sur demi-terrain ça le fait moyen – mais cela endommage une défense déjà à la peine plutôt que d’améliorer une attaque qui était déjà très efficace. Avec la pire défense de la Ligue dans quasiment toutes les statistiques, la franchise de Seattle perd 4 de ses 5 premiers matchs et présente un bilan de 13 victoires pour 17 défaites début janvier. Les dirigeants rejettent – comme toujours – la faute sur l’entraîneur, et décident donc de trouver un Bob mieux taillé pour l’effectif. Weiss est ainsi licencié après seulement 30 matchs en récupérant une jolie indemnité pour ses 2 ans et demi de contrat restants, et c’est l’assistant Bob Hill qui prend sa place. Le nouvel entraîneur a certes un C.V. plus étoffé que son prédécesseurs avec notamment une saison à 62-30 avec les Spurs en 95, mais l’équipe continue à s’enfoncer. Bob-le-Second perd 7 de ses 9 premiers matchs à la tête de l’équipe, et les Sonics terminent avec un bilan de 35 victoires et 47 défaites. 

Le duo Allen – Lewis balance à nouveau plus de 45 points, mais puisque la défense prend l’eau, l’équipe n’y arrive pas. Malheureusement, le principal problème de Seattle n’est pas sur le terrain : un groupe d’investisseur d’Oklahoma City rachète les Sonics cet été là, avec l’intention affichée de ramener la franchise chez eux…

Le moment marquant de la saison : 18 juillet 2006, les propriétaires des Sonics, représentés par Howard Schultz, vendent la franchise au groupe de Clay Bennett.

A l’été 2006, Howard Schultz,  proprio des Sonics – et accessoirement président de Starbucks – a décidé de vendre la franchise à la suite de conflits avec la ville de Seattle. Il souhaitait avoir un financement de 220 millions pour agrandir la KeyArena, mais ne l’a pas obtenu : plus petite salle de toute la NBA avec 17072 places, le stade avait en effet déjà été rénové 10 ans plus tôt. Devant l’absence d’investisseurs locaux, Schultz a ouvert son offre aux autres villes, pour finalement arrêter les enchères sur l’offre de 350 millions de dollars d’un groupe d’investisseurs d’Oklahoma City. La ville venait d’accueillir avec grand succès les Hornets en attendant que New Orleans se relève de la catastrophe provoquée par l’ouragan Katrina, et il n’était un secret pour personne qu’elle était enthousiaste à l’idée d’accueillir sa propre franchise. Cependant, une clause dans le contrat de vente requérait que les nouveaux dirigeants tentent de maintenir la franchise dans le Washington. Après le refus d’un projet de construction à 500 millions d’euros dans la banlieue de Seattle – dont le financement aurait été permis par l’argent des taxes -, Clay Bennett décide en avril 2007 de déménager la franchise à OKC. Les Sonics sont toujours liés à la KeyArena jusqu’en 2010, mais le groupe d’investisseurs parvient à négocier un buy-out du contrat pour 26,5 millions d’euros. Désormais nommée Thunder, l’équipe du ROY Kevin Durant joue son premier match dans l’Oklahoma en 2008. Du côté de Seattle, le déménagement est un véritable bouleversement, et les autorité locales sont pointées du doigt après leurs nombreux refus de financement. Les Sonics ont certes été remplacés, mais leur palmarès a été transmis lors du déménagement… et pourrait être partagé s’ils renaissaient de leurs cendres.

10 ans plus tard, le Thunder vient de perdre Kevin Durant, son prodige drafté par les Sonics. Le désormais ex-franchise player a grandement participé au succès du déménagement et à l’accueil de la franchise dans sa nouvelle ville. La Chesapeake Energy Arena est une des salles les plus chaudes de la NBA, et OKC vit pour sa franchise de basketball. Le futur de la franchise est dorénavant entièrement dépendant des choix de Westbrook, qui devrait se décider dès cet été sur son futur. Du côté de Seattle, le maire Kevin Johnson a réussi a regrouper un ensemble d’investisseur prêt à ramener la NBA dans la ville. Le groupe à d’ailleurs raté son projet de rachat des Kings de peu, mais il est quasiment certain que les Sonics feront un jour leur retour dans la grande Ligue.


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