Jerry West : immense scoreur, grand playmaker, logo tout en splendeur

Le 28 mai 2016 à 18:08 par Alexandre Martin

Jerry West

Le 29 avril 1970, Knicks et Lakers s’affrontaient pour le match 3 des Finales NBA. Alors que Dave DeBusschere venait de planter froidement un jumper à mi-distance pour donner 2 points d’avance aux siens (102-100) avec trois secondes à jouer, les hommes de la Big Apple pensaient clairement avoir fait le plus dur d’autant que leurs adversaires n’avaient plus de temps mort. Et pourtant, la rencontre était loin d’être finie…

Wilt Chamberlain a remis en jeu pour Jerry West qui a mis un coup d’accélérateur vers le milieu du terrain en évitant facilement Walt Frazier et a pris un tir qui semblait tout aussi désespéré que maîtrisé finalement. Un tir pris d’une vingtaine de mètres du cercle adverse… et qui fit mouche. 102 – 102. Prolongation. Oui car à l’époque, la ligne à 3-points n’existait pas encore et ce panier, tout aussi incroyable qu’il fut, ne valait que deux petits points.Il n’empêche que ce bon Jerry venait de marquer les esprits par sa justesse technique et son sang-froid, ce que Frazier ne manqua pas d’exprimer un peu plus tard :

Ce gars est fou. Il avait l’air déterminé (au moment de prendre le tir égalisateur). Il pensait vraiment que ça allait rentrer !!

Effectivement, cette action est un parfait résumé du joueur qu’était Jerry West : un combo guard au jumpshot létal et dont l’obsession perfectionniste ou la confiance sans limite l’ont poussé et porté tout au long d’une carrière riche de lignes statistiques hallucinantes, étoffant un palmarès très sérieux mais pas si fourni au final pour un joueur de sa trempe. Dans la riche histoire NBA, beaucoup de joueurs ont été qualifiés de “clutch” mais aucun n’a aussi bien représenté cet adjectif que Jerry West, et ce shoot assez fou pour arracher une overtime en Finales NBA est une raison de plus – la principale sûrement – pour se dire que le surnom de “Mr Clutch” allait comme un gant à celui qui est devenu ensuite “The Logo”… Parce que, pour ceux qui ne le sauraient pas, le joueur qui figure sur le logo de la NBA – l’un des emblèmes les plus connus du sport – n’est autre que l’ami Jerry. Pas mal pour un gars long de seulement 190 centimètres, pas très musculeux ni très athlétique mais plutôt rapide sans être un dragster – loin de là – comme les meneurs qui peuplent aujourd’hui le poste 1 en NBA.

Il faut dire que nous parlons ici d’un tueur à la classe incomparable. Toujours bien coiffé, toujours droit dans ses Converses et toujours prêt à porter le coup fatal. L’un des premiers vrais assassins, un joueur tellement prolifique au scoring, tellement capable de dérouter n’importe quelle défense d’un éclair de génie qu’il a terrorisé bon nombre d’équipes pendant les 14 saisons qu’il a passées sur les parquets d’une Grande Ligue dont il est donc maintenant le symbole partout à travers le monde. Il a été le premier MVP des Finales (en 1969, réussissant d’ailleurs l’exploit d’obtenir ce trophée sans être champion (Lakers battus par les Celtics cette année-là). Il est le seul et il y a fort à parier que cela restera unique dans les annales NBA vu que depuis, le Bill Russell Award n’a été décerné qu’à des joueurs de l’équipe titrée.

Quatorze saisons – toutes aux Lakers et au cours desquelles il sera à chaque fois All-Star – ont permis à Jerry West de participer à 932 matchs de saisons régulières et à 153 en post-season. En regulière, West a toujours régalé avec 27 points de moyenne en carrière et une pointe à plus de 31 unités par soir lors de l’exercice 1969/70 justement (meilleur marqueur cette saison-là). Mais le monsieur était complet, il distribuait le caviar en grande quantité et a su s’appuyer là-dessus pour continuer de peser quand l’âge a commencé à se faire sentir sur son scoring. Sans oublier que son QI très au-dessus de la moyenne lui permettait de gratter du rebond dans des proportions très sérieuses pour un arrière aux moyens physiques somme toute limités. Et puis alors en Playoffs… Jerry se transformait en arme de destruction massive. Il augmentait toutes ses statistiques. En 64/65, il y a posé plus de 40 points par match par exemple et à cinq autres reprises, il a terminé une campagne à plus de 30 unités par soir. Pour autant, il ne se retrouvera bagué qu’une seule fois – en 1972 – aux côtés de son pote Gail Goodrich et d’un Wilt Chamberlain qui sera élu MVP de ces Finales.

Au total, Jerry West sera allé 9 fois en Finales NBA pour une seule bague. La faute à des Celtics absolument injouable et à des Knicks trop forts au meilleur moment (1970 et 1973). Mais il a fini par réussir à couronner cette splendide carrière d’un titre de champion et bon nombre de légendes NBA ne peuvent aujourd’hui en dire autant. Il n’a jamais lâché, il est resté fidèle aux Lakers, il a attendu que ce chat noir d’Elgin Baylor s’en aille et cela a fini par payer.

Il a une bague au doigt, il fait partie des quatre seuls joueurs (Chamberlain, Baylor et Jordan dans le club) ayant fini leurs carrières à pouvoir se targuer d’une moyenne d’au moins 27 points par match, il a laissé dans nos mémoires des actions phénoménales et continue aujourd’hui de peser partout où il passe en tant que manager. “Mr Clutch”, “Mr Outside” ou “The Logo”, appelez-le comme vous le voulez, Jerry West est et restera l’un des plus fabuleux emblèmes de notre Grande Ligue. 

Le fameux tir du 29 avril 1970

Source image : NBA Photos


Tags : Jerry West