Honneur à une vraie brouette : Sam Cassell, le génie qui charriait en montrant ses bourses

Le 18 nov. 2015 à 11:36 par Bastien Fontanieu

Sam Cassell

Certains hommes marquent la NBA pour toujours grâce à leurs moyennes statistiques ou leurs multiples bagues aux doigts. D’autres entrent dans la légende en changeant le jeu ou en brisant des barrières. Sam Cassell aura sa place dans le Hall of Fame pour une bien différente raison…

Et quand on parle de Hall of Fame, il s’agit du notre, bien évidemment. Car aussi solide et exemplaire fût la carrière du ‘Chinois’, le meneur n’aura pas marché sur le reste de la Ligue ou son poste pendant 15 ans. Des piges à Minnesota, Los Angeles, Milwaukee, New Jersey, Phoenix, Boston, Dallas et surtout Houston pour commencer sa longue aventure, environ 16 points et 6 passes de moyenne un poil sous la barre des 1000 rencontres, du matos à la Mike Conley mais avec une exubérance assez détachée de celle du meneur des Grizzlies, pour ne pas dire totalement opposée. Car si ‘Sam I am’ mérite ses louanges aujourd’hui, en ce 18 novembre sacré pour tout danseur incantatoire, c’est bien grâce à cette chorégraphie épique, ce geste probablement emprunté à Pedro Cerrano dans Major League II et qu’il s’est labellisé, à tel point que de nombreux joueurs ont emprunté la gestuelle par la suite, certains pour lui rendre hommage, d’autres pour témoigner leur joie. Kevin Garnett a peut-être poussé les jeunes à contrer les tirs qui ne comptent pas et Tim Duncan a encouragé ses semblables à utiliser la planche comme une caresse printanière, mais Cassell a marqué la Ligue en rentrant régulièrement des tirs bien clutch et en célébrant le tout avec cette scène de liesse : la fameuse Big Balls Dance.

Quand vous vous appelez TrashTalk et que vous avez affaire à ce genre d’initiative, il est évident que les poils des avant-bras vont s’hérisser et le rythme cardiaque s’accélérer instantanément. Oser charrier son adversaire en prenant ses bourses à deux mains, tout en retournant vers son banc ? Du matos aussi historique que le choke de Reggie Miller envers Spike Lee, le Ball Don’t Lie du Sheed ou le Kiss of Death de Mario Ellie. Des célébrations rangées dans les hauteurs de la provocation, la crème de la crème au sein des bavards, Cassell ayant justement fait partie des meilleurs dans le département du blabla tout au long de sa carrière. Pour de nombreux passionnés, le meneur natif de Baltimore était connu pour deux ou trois choses, grand maximum. Son faciès proposant un mélange américano-asiatique, sa réputation dans les montages en référence à E.T, ou sa voix si distincte puisqu’elle a énervé un paquet de joueurs comme d’entraîneurs depuis 1993. Seulement, si vous rencontrez l’assistant actuel de Doc Rivers aux Clippers, un autre copain qui a aussi quelques capacités dans la parlote, vous aurez très certainement droit à un petit défi en un-contre-un, quitte à vous faire botter les fesses au poste.

Car le manque de qualités athlétiques du bonhomme aurait pu lui coûter sa carrière, mais c’est dans certains fondamentaux du jeu que Sam a fait payer des soirées cauchemardesques à ses adversaires. Le jeu dos au panier donc, mais aussi le tir à mi-distance et le money-time. Trois spécificités qui lui ont notamment permis de remporter trois titres (2 à Houston et 1 à Boston), tous en le positionnant dans ce même rôle. Celui de meneur ingrat mais qui vous mènera à la victoire, avec des choix toujours aussi bon dans le dernier quart. Souvenirs de son arrivée chez les Celtics et de son impact immédiat dans un road-trip au Texas, souvenirs de son arrivée en NBA chez les Rockets et de sa confiance instantanée en rentrant des perles en Finales grâce à un Hakeem Olajuwon confiant envers son jeune coéquipier. Des débuts sous le champagne, une fin également, quelques minutes de gloire individuelle en participant au All-Star Game de 2004, mais surtout cette place irréfutable dans les plus grands danseurs de notre génération : oui, c’était tout ça le grand Sam Cassell. Et si Kobe, Caron Butler, J.J Barea, Jameer Nelson, Andre Iguodala, Marco Belinelli, Andray Blatche, Kevin Martin, Shawn Marion, Goran Dragic, Tyreke Evans, Eddie House, Kenneth Faried et compagnie ont reproduit la célébration, malheureusement punie par la NBA de nos jours, ce n’est pas pour rien. Peut-être parce qu’elle est exceptionnelle, peut-être parce qu’elle était interprétée par un seigneur du money-time.

Source image : TrashTalk – BallisLife


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