Andre Drummond : pas de prolongation mais beaucoup d’ambition pour le nouveau moteur des Pistons

Le 22 oct. 2015 à 19:22 par David Carroz

En débarquant l’an dernier aux Pistons, Stan Van Gundy disposait de 3 intérieurs proches d’un niveau All Star, ou avec le potentiel pour le devenir. 12 mois plus tard, deux d’entre eux ont fait leurs valises, Josh Smith étant tout simplement coupé l’hiver dernier alors que Détroit n’a même pas tenté de re-faire signer l’agent libre Greg Monroe cet été. Le message est clair : Andre Drummond est celui sur lequel SVG veut construire pour ne plus revivre une saison avec un bilan négatif comme l’an dernier (pour la première fois de sa carrière).

Les mouvements de cet été vont clairement en ce sens dans le Michigan, avec un effectif comme Van Gundy les aime. Bienvenue au basket made in Stan qui avait déjà basé sa stratégie sur Dwight Howard à Orlando. On espère pour lui que sa relation avec Andre Drummond se passera mieux qu’avec D12, la fin de leur collaboration ayant laissé un goût amer au coach et terni l’image de celui qui se comparait aux plus grands. Pour l’instant en tout cas, tout roule entre Dre et son boss, le colosse venant d’accepter de prendre le risque de ne pas prolonger avant l’été prochain afin d’offrir plus de marge de manœuvre d’un point de vue financier aux Pistons. Un geste fort qui indique que Drummond est prêt à faire des sacrifices pour son équipe et qui illustre que si Détroit fait confiance à son pivot, la réciproque est vraie. Maintenant, il faut confirmer cela sur le parquet et engranger les victoires, ce qui est loin d’être le cas depuis le début de la carrière d’Andre Drummond. Cette saison, il doit mener les Pistons à un bilan équilibré et aller faire coucou aux All Stars. Objectifs élevés, mais réalistes étant donnée sa situation.

Une équipe sur-mesure

Comme on l’a déjà évoqué un peu plus haut, Stan Van Gundy a décidé de construire son équipe autour d’Andre Drummond. Finis les intérieurs encombrants qui pourraient le gêner dans la raquette, il devra régner seul sur la peinture des Pistons puisque Greg Monroe et Josh Smith foulent dorénavant d’autres parquets. Pourtant, le coach moustachu ne tarissait pas d’éloges sur le premier nommé et il envisageait même de s’appuyer sur une doublette Drummond-Monroe. Simple coup de bluff ou stratégie qui a échoué ? Une chose est sûre, la cohabitation bien que dans un bon esprit entre les deux intérieurs n’a jamais débouché sur des résultats probants. Si tout n’était pas à jeter – ils étaient par exemple le seul duo en double double l’an dernier en NBA – les deux avaient besoin d’être proches du cercle et leurs jeux ne se complétaient pas suffisamment pour envisager un alliance sur le long terme. “Moose” a donc retrouvé sa liberté pour aller brouter avec les Daims du Wisconsin. Maintenant, les autres pivots de l’effectif sont Joel Anthony et Aron Baynes. Pas ce qu’on appelle des menaces pour le poste de titulaires, mais des doublures prêtes à se sacrifier pour soulager Andre Drummond.

Pour remplacer Greg Monroe, Stan Van Gundy cherchait des 4 fuyants. Il faut dire qu’après avoir fait venir Reggie Jackson pour mener le jeu des Pistons, la stratégie était claire dans le Michigan : maximiser l’efficacité du pick’n’roll entre Dre et Jax qui seront l’axe fort de Motor City. Une fois cette base assurée pour l’avenir avec la prolongation onéreuse du meneur cet été, il fallait donc ajouter les gâchettes qui vont attendre sagement que la balle arrive dans leur main pour envoyer du lourd du parking. Attention, pas du Josh Smith style. Ce que SVG veut, c’est ce que la présence d’Anthony Tolliver aux côtés d’Andre Drummond et Reggie Jackson a illustré l’an dernier. Sauf que bon, Tolliver c’est marrant 5 minutes, mais on a du mal à l’imaginer titulaire en NBA. Stan aussi d’ailleurs, c’est pour cela qu’il est allé récupéré Ersan Ilyasova  pour s’écarter du cercle et envoyer du 3 points dans le corner. On change de profil donc, pour trouver un joueur qui rappelle forcément Rashard Lewis au Magic. Puis pour compléter encore la rotation sur ce poste, Marcus Morris pourra rendre des services – même s’il est parti pour jouer à l’aile – et on garde en réserve Danny Granger. On ne sait jamais, si le vétéran retrouve une forme correcte pour assurer une quinzaine de minutes par rencontre, c’est banco.

Si en plus de ces additions, le rookie Stanley Johnson trouve ses marques et l’arrière Kentavious Caldwell-Pope a suffisamment bossé cet été pour encore améliorer sa menace extérieure, on a tous les ingrédients de la réussite de Van Gundy au Magic : un pivot pour dominer la raquette, un meneur qui jouera le pick’n’roll avec son intérieur et des shooteurs pour les entourer. Andre Drummond, la transformation en Dwight Howard est attendue.

Passage au statut de leader

Enfin si sur certains points, “Big Penguin” peut également s’écarter du chemin tracé par celui qui est considéré comme son prédécesseur, ça ne sera pas plus mal non plus. On pense toujours au premier abord à la propension qu’ont les deux joueurs à sponsoriser les maçons du coeur en envoyant brique sur brique depuis la ligne des lancers-francs. Mais plus que cela, c’est dans le comportement qu’Andre Drummond doit se montrer supérieur à D12, car aujourd’hui il est non seulement l’image de la franchise, mais aussi son leader. En effet, même s’il vient juste de fêter ses 22 ans, le pivot est aujourd’hui le joueur le plus ancien de l’effectif des Pistons. Ca calme. Par conséquent, c’est vers lui que les regards se tournent, aussi bien ceux des fans que des coéquipiers. Cette tendance va s’accélérer à mesure qu’il imposera sa domination dans les raquettes NBA et lorsque l’été prochain il signera ce qui sera le plus gros contrat de l’histoire de Motor City.

Ce qui est rassurant pour la franchise, c’est qu’Andre Drummond semble vouloir embrasser ce rôle. Il y travaille déjà. Cet été, il a maintenu le contact avec Reggie Jackson et KCP, histoire de s’assurer de la bonne alchimie du backcourt titulaire. Il a également pris Stanley Johnson sous son aile en lui proposant de s’installer chez lui.

En étant simplement là, en voyant ce que j’ai vu, mon expérience en tant que Piston, je devais prendre ce rôle et aider les gars. – Andre Drummond.

Je ne le supporte plus, c’est la pire des sensations. Les gens se moquent de notre équipe – ce n’est pas une bonne sensation. Je veux faire rentrer dans la tête des gens que nous sommes une bonne équipe. – Andre Drummond.
Il faudra plus que des mots pour cela, mais l’attitude est la bonne. À lui de communiquer ce dégoût de la défaite à ses partenaires tout en montrant la voie sur le parquet. Le chemin vers la réussite et le statut de star passe par là pour Andre Drummond.

Des progrès à poursuivre

Il passera également par des progrès, encore et toujours, sur le terrain. Depuis sa saison rookie, ses stats sur 36 minutes sont en évolution positive, en dehors bien entendu de son adresse sur la ligne de faute. Mais également son pourcentage au tir qui a diminué l’an dernier. En devenant l’une des deux options prioritaires de l’attaque des Pistons, il sera constamment recherché par ses partenaires et par conséquent plus ciblé par ses adversaires. Il va donc devoir améliorer son efficacité pour peser sur les rencontres. 51% de réussite au tir est un chiffre qu’il doit dépasser pour être crédible parmi les meilleurs pivots de la Ligue. Habitué aux joutes NBA et dans la dernière année de son contrat, c’est le combo idéal pour exploser, surtout quand les conditions du succès – au moins personnel – sont mises en place par le staff. L’effectif est là, la confiance est là, l’envie est là. Reste à se retrousser les manches et bosser, encore et toujours, afin de progresser. Même si à 22 ans Andre Drummond a montré un beau potentiel, les axes d’amélioration restent nombreux.

On a déjà parlé de son efficacité au tir. En prenant plus de 97% de ses shoots à moins de 3 mètres du panier, la ficelle doit être quasi-systématique. Adepte du Ricard ou pas, le 51% de l’an dernier n’est pas convenable pour un intérieur de son profil. Soit il doit faire sa place et se contenter de dunks et se rapprocher de DeAndre Jordan, ce qui est bien mais pas top, soit il doit assimiler quelques moves pour se débarrasser de ses défenseurs. Si Dwight Howard a réussi à en apprendre quelques uns, malgré une mécanique et une fluidité qu’on ne commentera pas par respect pour les coachs qui ont dû galérer pour lui enseigner cela, Andre Drummond doit en être capable lui aussi. En 2016, le pivot des Pistons doit atteindre les 16 points à 55% au tir, c’est un minimum. Et surtout loin d’être impossible.

Pour gonfler sa moyenne de points, outre une amélioration de son efficacité, Dre va devoir être capable de passer 34 minutes sur les paquets sans être handicapé par les fautes personnelles. L’an dernier, il prenait 3,5 coups de sifflets dans les oreilles en 30,5 minutes. Ramené sur 36 minutes, ce chiffre correspond à 4,1 fautes, soit la 10ème pire moyenne de la Ligue parmi les joueurs ayant disputé plus de 1500 minutes. En dehors de DeMarcus Cousins (4ème), aucun des membres de ce Top 10 des bourrins n’a un rôle majeur en attaque pour son équipe, que Steven Adams, Mason Plumlee ou Amir Johnson nous excusent de les dénigrer. Il faut donc que l’ancien de Connecticut soit plus discipliné.

Surtout que ces fautes ne sont pas forcément accompagnées d’une bonne défense. Alors Certes, avec 1,9 contre et 0,9 interception par rencontre, la présence d’Andre Drummond se fait sentir. Mais cela ne se ressent pas assez sur le jeu des Pistons. Par exemple, Motor City encaisse 108,2 points par possession quand Dre est sur le parquet contre 104,8 quand il pose ses fesses sur le banc. Pas normal. Les pourcentages de ses adversaires face à lui ne jouent pas non plus en sa faveur puisqu’il est les pivots rentrent 60,7% de leurs tirs dans la “restricted area” (51ème pourcentage le plus élevé sur 113), 38,4% dans la peinture (66ème) et 42,1% à mi distance (28ème) quand ils se coltinent Drummond. Autant dire que cela ne fait pas de lui un défenseur de top niveau puisqu’au mieux il se situe dans le milieu du panier, au pire parmi les moins bons à son poste. Pourtant, le numéro 0 des Pistons est un bon protecteur de cercle, il n’est juste pas – encore ? – au top niveau et surtout il pâtit de la faiblesse de sa franchise dans ce secteur du jeu. Mais quand on veut être un leader, c’est à soi-même de tirer l’équipe vers le haut. Encore un nouveau challenge pour Andre Drummond.

Enfin, il est impossible de passer sous silence sa nullité aux lancers-francs. Un joueur aussi limité offensivement ne peut pas se permettre de laisser filer autant de points sur la ligne. 39,7% en carrière, même Gilbert Montagné ferait mieux. 70% est un minimum en NBA. En dessous de 60, on devient un boulet pour son équipe et à moins de 50, on peut envisager une reconversion dans la maçonnerie. Andre Drummond n’approche même pas ces paliers là. Alors Certes, le Shaq est considéré comme l’un des joueurs les plus dominants de l’histoire avec son pauvre 52,7% dans cet exercice, mais il avait tout de même beaucoup plus à proposer que le pivot des Pistons. Il faut donc remédier à cette catastrophe, car les équipes adverses n’hésiteront pas un instant à étendre le Hack-a-Dédé de DeAndre Jordan à Dre Drummond. Et là ce ne sera plus 2 points par rencontre que l’intérieur laissera filer, mais facilement le double. De quoi le priver de parquet lors des instants décisifs des matchs serrés. Un peu problématique quand on veut être le leader de l’équipe.

A l’aube de cette saison 2015-16, Andre Drummond fait face à un gros challenge qui peut le propulser au sommet des pivots NBA. Les Pistons ont tout mis en œuvre pour que cette ascension ait lieu pour leur joueur en adaptant l’effectif à ses qualités  et en dosant savamment pression sur ses épaules et mise en confiance sur la volonté de miser sur lui. Il a donc la chance d’être dans d’excellentes conditions pour progresser avec un coach qui a déjà su faire briller un joueur de son profil.

Mais une question reste ouverte : les pivots physiques et athlétiques peuvent-ils être plus que des supers lieutenants et s’affirmer comme de véritables franchise players ? Dwight Howard s’y est cassé les dents avant d’épauler James Harden et DeAndre Jordan ne peut pas vivre sans Blake Griffin et Chris Paul. Andre Drummond  peut-il faire mieux ou devrail espérer que Reggie Jackson – ou un autre – devienne le moteur des Pistons ?

 Source image : http://isportsweb.com