Brook Lopez, nouvelle icône des bobos à Brooklyn

Le 19 oct. 2015 à 12:06 par David Carroz

Alors que les Brooklyn Nets ont mis fin à l’expérience payer plus pour gagner moins, les leaders du vestiaire – ou assimilés comme tels – ne sont plus dans le borough des bobos new-yorkais. C’est ainsi que le nouveau patron de la franchise est le plus discret de l’ancienne équipe, Brook Lopez. C’est en tout cas ce que lui a demandé Billy King. Le pivot peut-il embrasser ce nouveau rôle ?

Oubliée la folie du duo Joe Johnson – Deron Williams qui devait être le backcourt dominant de la Conférence Est portant les Nets vers les sommets. Bien loin les ambitions de titres qui avaient poussé Prokhorov a cassé la tirelire et bousillé l’avenir à moyen terme de la franchise en filant tous ses prospects et tours de Draft afin de récupérer des joueurs expérimentés et réputés. Même Paul Pierce et Kevin Garnett ne sont déjà plus que des souvenirs vagues à Brooklyn, eux qui arrivaient pourtant en grandes pompes avec leur statut de Champion NBA pour former avec JJ, D-Will et Brook Lopez un 5 majeur hors de prix. Aujourd’hui, seul l’ancien Hawk est toujours présent aux côtés du pivot “historique” de la franchise. Car oui, Brook est là depuis 2008, lorsque les Nets le draftaient à 20 ans. Le seul choix au premier tour pris par l’équipe encore présent dans l’effectif, en dehors des picks de cette saison. Une anomalie dans le système du milliardaire russe. Et pourtant, celui sur qui se construit le nouveau projet – s’il existe – à Brooklyn. Prolongé au max pour 3 ans cet été tout comme son désormais compagnon du secteur intérieur Thaddeus Young, il pourrait ainsi rester 10 ans au sein de la franchise s’il va au terme de ce contrat, ce qui serait un record pour les Nets.

Oui, aussi bizarre que cela puisse paraitre, Brook Lopez est le visage de BK. Une consécration d’une certaine façon pour celui arrivé il y a 7 ans en 10ème choix de la Draft. Depuis, il a vu 4 coachs défiler chez les Nets, enduré un déménagement du New Jersey à New York, connu des défaites à la pelle lors de saisons cauchemardesques et vu des décisions prises sans aucune réflexion par le front office. Et malgré cela, il a toujours affirmé son amour des Nets et fait preuve de loyauté envers la franchise, certainement bien aidé par les contrats qui lui ont été proposés… À East Rutherford comme à Brooklyn. C’est donc logiquement que Billy King l’a convoqué en début d’été, pour parler prolongation de contrat et rôle à son seven-footer.

Nous voulons absolument que tu reviennes, mais si nous voulons que tu reviennes c’est pour que tu sois plus un leader. Nous voulons que tu l’ouvres. Tu n’as pas à être enthousiaste et jouer les tourneurs de serviettes. Mais j’ai besoin que tu pousses ce groupe et que tu aides en le guidant où tu veux aller. Tu es là depuis un long moment mais maintenant, si tu dois revenir, tu dois y mettre ta touche personnelle. – Billy King.

Il faut dire qu’à 27 ans, Brook Lopez est maintenant le meilleur joueur des Nets. Joe Johnson ? L’arrière est dorénavant loin du niveau qui faisait de lui un All Star indiscutable à l’Est il y a quelques années. La saison dernière, alors que le pivot passait la seconde après le All Star Game pour poster 19,7 points à 52,5%, 9,2 rebonds et 1,8 contres, son coéquipier alignait seulement 12,6 points à 43,4%, 5,2 rebonds et 3,5 passes. Nul doute donc que si le joueur issu d’Arkansas est toujours le mieux payé, celui venant de Stanford est celui qui apporte le plus de garanties en tant que franchise player.

La principale raison ? Lopez est enfin en bonne santé. Après trois premières saison en NBA pleines et réussies, le pivot a ensuite enchainé les pépins physiques avec des blessures au pied : seulement 5 matchs disputés en 2012, 17 en 2014. Difficile de progresser dans ces conditions et d’être dans une forme optimale. En ayant la possibilité cet été de capitaliser sur sa grosse fin de saison en bossant et non pas en se remettant sur pied, il est prêt à attaquer le nouvel exercice. De quoi impressionner ses entraîneurs et coéquipiers qui le trouvent indéfendable :

Mon rythme et mon toucher sont déjà là. J’avais dû lutter lors des dernières années parce que je ne loupais pas faire quoique ce soit en lien avec le basket durant l’été. C’est super pour construire sa confiance. C’était génial de revenir et jouer avec mes gars cet été. Cela m’a beaucoup aidé également. J’étais de sortie, en jouant librement, juste être là et faire les choses que je fais habituellement, cela m’a aidé – Brook Lopez.

Une bonne nouvelle pour Brooklyn qui devra s’appuyer sur un Brook Lopez au sommet de sa carrière pour avoir une chance de poursuivre son abonnement en Playoffs cette saison. Il est en forme certes, mais c’est un niveau All Star qui lui sera demandé soir après soir pour porter les espoirs des Nets. Pas un maigre effort à fournir. Non seulement il lui faudra briller offensivement, mais il devra également peser en défense et au rebond. Des lacunes souvent soulevées dans le jeu de Brook qui ne tourne qu’à 7,3 prises par rencontre en carrière et dont l’intimidation pour l’accès au cercle n’est pas une force. Alors oui, on va encore sûrement le voir faire danser les pivots adverses. Il faut dire qu’un poste 5 NBA avec ses moves, son footwork et son jump shot est aussi rare qu’un samedi soir sans alcool pour Gérard. Sauf que cette saison, il sera bien plus exposé car les joueurs qui l’entourent n’ont pas la réputation de ses anciens coéquipiers. Même si Deron Williams était source de moqueries l’an dernier, il savait jouer à merveille le pick’n’roll et le pick’n’pop avec son pivot, lui offrant des possibilité de shoot, de lay-up ou même de rebonds offensifs. Brook Lopez devra donc créer une nouvelle alchimie que ce soit avec Shane Larkin, Jarrett Jack ou Donald Sloan. Pas le même pedigree que le meneur mangeur de kebab.

Pour porter une franchise comme il lui est demandé maintenant, il faut aussi savoir peser des deux côtés du parquet. Son intensité défensive devra donc être élevée au niveau supérieur. Parce que bon, se faire balader par Amir Johnson en pré-saison, c’est marrant une fois, mais c’est juste interdit quand on doit être le patron d’une équipe. En mesurant 2m13, il doit être une arme dissuasive dans la raquette des Nets. Surtout que ce n’est pas Andrea Bargnani qui va lui donner un coup de main pour cela, ni Thaddeus Young qui est plus un stretch 4. Sans cela il entendra souvent les railleries qui le compareront à son frère, maintenant présent à Big Apple lui aussi. Si Robin n’a pas les mains de Brook, il est par contre bien plus précieux lorsqu’il s’agit d’effectuer tous les petits “trucs” qu’on ne voit pas sur les feuilles de stats mais qui font un bien fou à une équipe. Plus combatif, meilleur défenseur, il pourrait bien foutre la honte au frérot en étant le plus utile des deux à sa franchise. Surtout si le joueur de Brooklyn trouve le moyen de se blesser. À 20 millions les 60 matchs de Brook parfois en mode danseuse contre 80 rencontres au taquet de Robin pour 12,5 millions, vous prenez qui ? Bon ok, on n’exagère un peu, mais avec Lionel Hollins comme coach, le manque de dureté du numéro 11 peut vite le mettre à l’amende.

En attendant, nous n’en sommes pas encore à ce scénario catastrophe ou presque pour Brook Lopez, le joueur a tout pour être épanoui. En bonne santé, prolongé  pour un gros montant, dans la meilleure forme de sa carrière et à proximité de son frère, il est dans des conditions adéquates pour sortir sa career year comme disent les Américains. Il le faudra car il devra prouver sur les parquets qu’il est le franchise player des Nets car vu son faible entrain devant les médias, ce n’est pas face à eux qu’il cimentera ce statut.

Source image : AP Photo/Matt Slocum via nypost.com


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