Détermination, fougue et passion : Joffrey place Lauvergne sur la carte du basket français

Le 30 sept. 2015 à 17:57 par Alexandre Martin

Il y a 10 jours, l’équipe de France s’assurait une nouvelle médaille sur la scène internationale en dominant la Serbie pour la 3ème place de l’Eurobasket. Et si certains Bleus ont cruellement déçu – notamment notre capitaine Boris Diaw – d’autres ont montré qu’ils allaient être, sous peu, les nouveaux cadres du basket français.

On pense en premier lieu à Nando de Colo qui, après une excellente saison en Europe avec le CSKA Moscou, a été le meilleur Tricolore de l’Euro. On pense également à Nicolas Batum dont le talent et les qualités athlétiques en font un inévitable pilier du futur bleu, blanc, rouge et, bien évidemment, à Rudy Gobert qui représente une telle menace pour les attaquants adverses qu’il est déjà – à 23 ans – indispensable à l’équipe de France et titulaire indiscutable au poste 5. Mais, lors de cet Eurobasket 2015, un autre joueur a su se mettre en avant même si son utilisation par Vincent Collet a parfois été frustrante pour lui ainsi que pour nous autres, observateurs et supporters du basket bleu. Il s’agit de Joffrey Lauvergne, fils de Stéphane – international français dans les années 90 – et né à Mulhouse il y a 24 ans très exactement aujourd’hui.

Il est comme ça Joffrey…

Pendant l’Euro, logiquement cantonné à un rôle de remplaçant derrière la paire Diaw – Gobert, “JoLau” a néanmoins fait mal à chaque seconde qu’il a passé sur le parquet. Car il est comme ça Joffrey. Dès qu’il met le pied sur un terrain, il se donne à fond, il se bat sur chaque ballon, chaque rebond. Il ne refuse jamais un petit combat au corps à corps pour la prise de position – au rebond ou au poste bas – contre le pivot ou l’ailier-fort adverse. Il faut dire qu’en plus d’être un beau bébé qui s’étend sur 209 centimètres pour environ 109 kilos, Lauvergne est une véritable boule d’énergie capable d’user physiquement la plupart de ses opposants sans jamais sembler baisser de rythme. Ce dynamisme, cette vitalité débordante est une qualité bien sûr mais elle joue parfois un peu contre lui. Comme par exemple quand il met un peu trop de cœur dans certaines situations et qu’il récolte des fautes considérées comme évitables ou comme quand il se fait rappeler sur le banc par son sélectionneur et qu’il montre clairement que cela ne lui plait pas du tout…

Il est comme ça Joffrey. C’est un mec entier, ça se sent. Un mec qui, à 21 ans, n’a pas hésité à claquer la porte du club de Chalon-sur-Saône en novembre 2012 pour filer faire un très court passage en Liga ACB à Valence avant de vraiment se poser pour deux saisons en Serbie, plus précisément à Belgrade sous les couleurs du Partizan. Là-bas, dans ces Balkans où le basket est un sport qui déchaîne les passions, la fougue de notre Joffrey national va tout de suite plaire à ses coéquipiers et au public. Mais il n’en oublie pas pour autant de travailler encore et toujours. A Belgrade, Lauvergne développe d’autres compartiments de son jeu. Il apprend à s’éloigner du cercle en attaque pour devenir une menace de plus en plus crédible derrière l’arc. On le voit même tenter quelques drives, effectuer quelques passes bien senties. Au Partizan, Joffrey est devenu plus polyvalent en attaque et n’a rien perdu de son côté teigneux ou dur sur l’homme en défense.

Vidéo à l’appui…

A l’assaut de la NBA !

Deux nouveaux défis se dressent désormais devant cet intérieur dont le poste de prédilection est ailier-fort mais qui peut tout à fait évoluer pivot. Premièrement : s’installer si possible dans le 5 majeur de l’équipe de France ou au moins faire augmenter sensiblement son temps de jeu en bleu ce qui est très clairement bien engagé tant il a su se rendre essentiel en sortie de banc pendant le dernier Euro. Plus gros temps de jeu des remplaçants tricolores, quatrième marqueur de l’effectif et deuxième rebondeur, l’ami Joffrey a noirci la feuille de stats comme on dit. En plus, son association avec Rudy Gobert est très prometteuse. Il ne s’agit pas ici d’enterrer Boris Diaw qui reste le capitaine et le titulaire du poste 4 chez les Bleus mais tout simplement de constater que la relève est déjà là et elle se prénomme Joffrey. Deuxièmement : continuer à bosser sans relâche pour s’imposer en NBA. Arrivé en février dernier dans la Grande Ligue à Denver, Lauvergne a participé à 24 matchs (1 seule fois titulaire) pour un temps de jeu moyen de 11 minutes. Il n’a pas déçu, son énergie intéresse bien évidemment les Nuggets et le Français fait partie du roster pour la saison à venir mais la concurrence sera rude dans le Colorado car, avec Kenneth Faried, Jusuf Nurkic, J.J. Hickson et Darrell Arthur, ils seront donc 5 intérieurs pour deux places sur le parquet.

Ceci dit, vu le comportement du garçon depuis ses débuts chez les pros, on doute qu’une raquette bien chargée certes, mais pas non plus remplie de All-Stars, suffise à l’effrayer. Il n’y pas de raisons pour que le nouveau coach des Pépites, Mike Malone, n’apprécie pas la polyvalence défensive et les qualités offensives du frenchie. Il est suffisamment mobile pour défendre sur les ailiers-forts tout en étant largement assez costaud pour résister à la plupart des pivots. Et qui peut véritablement prétendre défendre sur les postes 5 dans cette rotation intérieure des Nuggets ? Nurkic ? Pas sûr que la défense soit sa spécialité. Faried ou Arthur ? Ce sont vraiment des ailiers-forts, ils sont trop petits pour les pivots. J.J. Hickson ? Non, il n’est pas question ici de mêler ce bon J.J. à des histoires de défense… Et oui, il y a un coup à jouer là pour Joffrey ! Certainement plus en 5 qu’en 4 mais c’est une vraie opportunité d’autant plus que Jusuf Nurkic sera vraisemblablement encore un peu juste pour le début du training camp.

Bref, l’ascension de Joffrey Lauvergne vers les sommets de la balle orange n’en est encore qu’à ses débuts et nous ne pouvons que nous réjouir pour le basket tricolore de voir un tel spécimen sur les parquets. Alors souhaitons-lui de souffler ses 24 bougies d’un coup et d’enchaîner sur une longue et riche carrière… 

Source image : Icon Sport