Vivre et mourir avec Tony Parker et Boris Diaw, par Vincent Collet…

Le 19 sept. 2015 à 16:19 par Alexandre Martin

En 2009, quand il devient sélectionneur de l’équipe de France, Vincent Collet a déjà une belle expérience en tant qu’entraîneur et il sait qu’il a dans les mains un noyau de joueurs avec lesquels il va pouvoir accomplir de grandes choses en bleu. La suite lui donnera raison et il est celui qui a fait des Tricolores une des grandes puissances du basket international. Et jeudi soir, coach Collet est tombé avec ses Bleus les plus fidèles, il est tombé avec ceux qui ont été ses hommes de base depuis 6 ans. Il n’est ni le premier, ni le dernier à qui cela arrive…

Ce n’est un secret pour personne, c’est une relation forte, faite de respect mutuel et d’une grande confiance qui unit la triplette magique de l’équipe de France de ces dernières années. Le capitaine Boris Diaw, la légende Tony Parker et le coach Vincent Collet forment un trio qui a emmené dans son sillage tout le basket français plus loin qu’il ne l’avait jamais été. Leur complicité voire leur amitié est évidente mais le problème c’est qu’on a eu l’impression que notre coach – qui est habituellement plutôt inspiré tactiquement – était coincé dans un schéma, dans des rotations qui ont annihilé certaines options dont disposaient les Bleus.

En effet, au moment d’aborder cette demi-finale contre nos meilleurs ennemis espagnols un constat s’imposait : Captain Bobo n’était pas du tout dedans depuis le début de la compétition et Tony Parker était très en-dessous de son niveau même s’il nous avait un tout petit peu rassurés en prenant feu en fin de première mi-temps contre les Lettons. Voici un constat qui aurait certainement dû mettre la puce à l’oreille de notre sélectionneur. Bien sûr, c’est plus facile de tirer des conclusions après coup mais n’est-ce pas justement le rôle d’un entraîneur de savoir où en sont ses joueurs, de sentir sur le moment ce qui va faire du bien à son équipe ? Dans un match aussi intense que celui de jeudi, s’il y a bien une chose qu’on peut reprocher à Vincent Collet, c’est de ne pas avoir su sortir de son moule, de ne pas avoir su s’adapter ou prendre des risques pour donner un coup de fouet à son équipe quand l’Espagne est revenue dans le match alors que nous avions mené de 11 points dans le 4ème quart-temps.

Car franchement, que notre sélectionneur se plaigne de l’arbitrage parce qu’il est frustré d’avoir perdu ou parce qu’il estime que tous les lancers accordés à Pau Gasol n’étaient pas forcément justifiés et ont fait basculer la rencontre, peu importe… Qu’il considère que les arbitres ont empêché la France de “tuer” l’Espagne, peu importe… Vincent Collet connait trop bien le basket et il sait au fond de lui que, dans cette immense désillusion de jeudi, sa part de responsabilité et celle de ses deux leaders est bien plus importante que celle des arbitres. Tony Pi n’a fait que forcer en attaque pendant toute la rencontre pour au final shooter à 4/17 mais on peut encore comprendre que Collet l’ait fait jouer 37 minutes (sur les 45, prolongation incluse) car, les solutions ne sont pas si évidentes et puis, il ne faut pas oublier qu’étant donné son expérience et son talent, espérer que TiPi se réveille à un moment donné n’était pas non plus une idée si farfelue. Le cas de Diaw est vraiment beaucoup plus difficile à saisir et donc à défendre…

Une telle rencontre, ça se gère ! Quand une équipe a compté jusqu’à 11 points d’avance dans le dernier quart mais que l’équipe adverse lui revient dessus comme une balle notamment grâce à une zone 2-3 que les gars n’arrivent pas à attaquer et que de l’autre côté du terrain, un intérieur en feu les martyrise, c’est à l’entraîneur de tenter quelque chose. Pourquoi n’avoir pas fait une seule fois de prise à deux sur Pau Gasol par exemple afin de soulager un peu Gobert ? Mis à part Ribas et … Gasol, les shooteurs espagnols ne se sont pas non plus comportés en tueurs au cours de cet Euro… Boris Diaw est le joueur français qui a le plus joué (39 minutes) dans ce match malgré son faible apport et son engagement suspect ! Et oui… Le sortir pour offrir quelques minutes de temps de jeu à Florent Piétrus histoire de redonner du mordant à une défense qui en a cruellement manqué en fin de match n’aurait pas forcément été une mauvaise idée. Flo a l’expérience de ce genre de rencontre, il les adore, il nous l’a prouvé à maintes reprises et notamment en 2013 face à ces mêmes Espagnols mais il n’a joué que 6 minutes en tout et pour tout jeudi. C’est beaucoup trop peu. Collet aurait pu aussi remettre Joffrey Lauvergne en jeu quitte à ce qu’il fasse sa 5ème faute. Quand on voit d’ailleurs les dégâts que peut faire la paire Gobert – Lauvergne, on se demande pourquoi elle n’a pas été plus utilisée.

Bref, les solutions existaient. Nul ne sait si elles auraient changé l’issue du match mais elles auraient au moins eu le mérite de donner l’impression de tenter quelque chose au lieu de subir en restant enfermé dans des schémas tactiques et des rotations tout aussi prédéfinis que dépassés et prévisibles. Ni Tony Parker, ni Boris Diaw n’ont réussi à tirer l’équipe vers le haut alors que nous étions pourtant habitués à ce que ces deux-là brillent et les Bleus en ont payé le prix. Mais finalement, cette demi-finale ne fut que la suite logique de ce l’équipe de France et ses leaders avaient montré depuis le début de l’Euro.

Une suite logique que Vincent Collet n’a pas voulu su endiguer et pour cela, il est difficile voire impossible de ne pas lui en vouloir mais juste un peu. Car trop lui en vouloir reviendrait à oublier d’où vient cette équipe de France, tout ce qu’elle a réalisé avec ce trio magique et ce qu’elle peut d’ailleurs encore accomplir en transmettant aux générations suivantes la recette de leurs succès. S’il pouvait penser à leur dire de ne pas hésiter à tenter des coups quand rien ne va, ce serait tout simplement parfait… 

Source image : AFP


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