Retour de Thomas Heurtel dans le groupe : concrètement, ça change quoi pour Vincent Collet ?
Le 03 sept. 2015 à 16:53 par Giovanni Marriette
On a tout d’abord été abasourdis par la nouvelle. Car même si cela aurait pu concerner un mec que l’on déteste, voir un joueur quitter un groupe à quelques jours d’une compétition aussi importante est toujours déchirant pour celui en question… Puis est venu le temps des questions, et à ceux qui regrettaient l’absence de Diot se sont succédé les défenseurs de son remplaçant. On fait donc le point sur ce changement soudain, dans le roster de Vincent Collet.
Ce que l’on perd
Avec le forfait d’Antoine Diot, c’est assurément un gage de sérénité et d’expérience qui disparaît en fumée. Car en dépit de son jeune âge (26 ans), le meneur de jeu bressan est plus que jamais une garantie pour les Bleus quand il s’agit de mettre la main sur le ballon ou de rentrer des lancers décisifs, preuves à l’appui lors de ses différentes apparitions dans le groupe France. Vincent Collet devra également revoir ses stratégies et ses rotations, puisque le malheureux partant possédait l’avantage de pouvoir évoluer sur deux postes, tantôt à la mène qui reste son job de prédilection, tantôt sur le poste 2 qu’il aurait pu squatter en compagnie de Tony Parker. Cette année, les retours de Tony Pi et d’un Nando De Colo de plus en plus à l’aise balle en main offraient une belle rotation à trois sur le poste 1, une carte magique dont Collet devra malheureusement se passer…
Ce que l’on gagne
Si vous habitiez en France en septembre dernier, vous ne pouvez pas être passé à côté de “l’affaire” Heurtel… Un shoot démoniaque face aux Espagnols qui l’aura rendu célèbre aux yeux du grand public, même si le petit Thomas avait pourtant depuis longtemps prouvé que son niveau ne se résumait pas qu’à un simple tir culotté… Le meneur est un joueur d’Euroleague aguerri depuis maintenant plusieurs années, en témoignent ses 15 (!) passes décisives face au Real en quarts de finale de la dernière édition. Capable de prendre les choses en main en attaque, il est ce genre de joueur ayant manqué à la France durant un paquet d’années et même si le problème n’en est plus un aujourd’hui, prendre de gros shoots ne va sûrement pas lui poser le moindre problème.
Les problèmes que Collet pourrait rencontrer
Considérant qu’Antoine Diot est l’un des “hommes de Vincent Collet”, ce dernier perd l’un de ses cadres, un joueur avec qui un simple regard peut remplacer de longues phrases. Le retour de Thomas Heurtel va poser certains soucis au niveau de l’équilibre du groupe car son profil de pur poste 1 l’empêche d’ores et déjà de jouer aux côtés de Parker, à part en cas d’extrême small-ball. Heurtel devra donc s’accommoder du temps de jeu qui lui sera offert, peut-être dans la même idée que lors de l’Euro 2013 où il ne rentra en jeu que sur de très courtes séquences. C’est notamment au premier tour que ces minutes données à Thomas seront intéressantes à observer, que ce soit dans la mise en confiance du joueur comme dans le repos important accordé à Tony. Même inquiétude en défense où Diot offrait quelques précieux centimètres de plus pour garder son homme, l’option Heurtel devra être utilisée avec parcimonie au second tour car les meneurs de calibre international aiguiseront leurs couteaux en voyant Tony sur le banc. On a également vu quelques petits soucis de création lorsque les défenses se resserrent et que la patate devient trop chaude aux côtés d’Evan Fournier, à lui de nous prouver le contraire en agressant les défenses adverses. Si Heurtel a souvent paru peu concerné et en manque de confiance durant les matches de préparation, c’est un Thomas du calibre 2014 que l’on devra retrouver dès samedi, en prenant comme un cadeau le coup du sort malheureusement tombé sur la tête de son pote…
Mais du coup Heurtel, c’est mieux ou moins bien ?
C’est tout simplement différent ! En défense, les deux hommes n’ont jamais été unanimement reconnu comme des spécialistes. Antoine Diot part peut-être avec un léger avantage dans la défense du pick-n-roll alors que Thomas est parfois plus agressif sur l’homme. En attaque, comme mentionné plus haut, deux profils différents. Un pur poste 1 côté Thomas, peut-être parfois léger physiquement mais capable d’hériter du feu sacré lorsqu’il est en confiance. Une confiance qui sera d’ailleurs la base de ses performances lors de cet Euro. De l’autre côté, un combo 1/2 qui cochait toutes les cases dans l’alchimie de groupe créée par Vincent Collet, mais deux joueurs très talentueux au final. Reste à voir comment l’entraîneur va distribuer les minutes à la mène derrière Parker, lui qui pouvait y aller les yeux fermés avec Diot mais qui sera peut-être davantage sur un ping-pong entre De Colo et Heurtel à partir du second tour. Thomas tentera de donner raison à son staff, Antoine regardera malheureusement le premier tenter de le remplacer au pied levé…
Comme souvent répété ces derniers jours, ici et ailleurs, l’Hexagone a la chance de posséder un énorme vivier de talents aujourd’hui, permettant de rapidement soigner les coups durs. Seule l’issue de cet Euro nous donnera des indications sur le fait de savoir si, oui ou non, le retour de Thomas Heurtel dans l’EDF était une bénédiction. Une seule chose est sûre : la France du basket sera dès samedi le treizième homme de Vincent Collet, peu importe qui sont les douze autres.
Source image : FFBB