Tracy McGrady, ce vendeur de rêves des années 2000

Le 24 mai 2015 à 22:29 par Nicolas Meichel

Tracy McGrady

Deux ans, cela fait déjà deux longues années que Tracy McGrady a quitté le paysage de la NBA. Pour les plus jeunes, son nom n’évoque peut-être pas grand chose. En même temps, cela fait un moment que “T-Mac” a disparu de la circulation, lui qui a connu un déclin très rapide à partir de 2008. Mais pour ceux qui suivent la NBA depuis au moins une décennie, McGrady restera avant tout un joueur exceptionnel qui donnait l’impression que le basket était d’une facilité déconcertante. Du coup, TrashTalk profite de son anniversaire pour lui rendre hommage et remémorer à tout le monde quel incroyable artiste il était dans ses meilleures années.

Nous sommes le 20 juin 2013, à l’American Airlines Arena de Miami. Ce jour-là, le Heat remportait son second titre consécutif en battant les San Antonio Spurs au cours d’un Game 7 exceptionnel. Pendant que la fête battait son plein, un joueur du nom de Tracy McGrady vivait ses dernières minutes en NBA, lui qui prendra officiellement sa retraite deux mois plus tard. Et comme un symbole, c’est sur cette défaite cruelle que “T-Mac” quittait la scène, lui qui n’a jamais rien gagné en NBA. Pire, on parle d’un joueur réputé pour son incapacité à guider son équipe au-delà du premier tour des Playoffs, que ce soit à Orlando ou Houston. Comme souvent, on a tendance à définir les joueurs par leur palmarès individuel mais surtout collectif. Cela permet d’établir une hiérarchie entre eux, de les classer en apportant un semblant d’objectivité lors de débats enflammés. En tant qu’analyse ou de fan, on aime se baser sur des faits pour juger un joueur, pour le mettre dans une case, pour le placer quelque part dans l’histoire. “X est meilleur que Y parce qu’il a gagné un titre, untel est supérieur à l’autre car il a brillé en Playoffs” sont des phrases typiques que l’on entend souvent dans les comparaisons entre deux basketteurs. Si le succès collectif fait effectivement la différence entre les bons et les grands joueurs, on a tendance à oublier que le basket reste un sport d’équipe et que beaucoup de facteurs entrent en compte quand il s’agit de remporter un titre ou de faire un beau parcours en postseason. Le but ici n’est pas de chercher des excuses à Tracy McGrady, lui qui n’a jamais été un monstre de travail ni un leader exemplaire. L’objectif, c’est plutôt de rappeler à tout le monde que le palmarès ne fait pas tout, mais que l’impression visuelle et le talent pur d’un joueur devraient peser plus souvent dans la balance. Oui, “T-Mac” n’a pas accompli grand chose en Playoffs. Oui, il restera pour toujours comme un joueur de saison régulière qui a eu tendance à craquer quand ça comptait le plus. Mais McGrady, c’est aussi et surtout un mec qui avait le basket dans le sang et un assemblage de qualités techniques et physiques rarement vu auparavant.

t-macDurant ses meilleures années, Tracy McGrady était tout simplement magique. De 2000 à 2008, il a enflammé les box scores en enchainant les cartons offensifs chez le Magic et les Rockets. Meilleur scoreur de la ligue en 2003 et 2004 avec notamment une pointe à 32 unités de moyenne, “T-Mac” était devenu l’arme ultime en attaque. Et si vous pensez qu’on en rajoute, demandez donc à Kobe Bryant ce qu’il en pense, lui qui considère McGrady comme le “mec posant le plus de problèmes” quand il s’agit de le défendre. Ailier de 2m03, Tracy avait tout (si on se focalise sur l’attaque, parce qu’en défense il choisissait ses moments), que ce soit techniquement ou athlétiquement. Inarrêtable dans l’attaque du panier, capable de prendre feu du parking, intenable en un-contre-un, bon passeur et rebondeur, “Droopy Eyes” (en référence à ses yeux de drogué) mettait la misère à tout le monde. Mais le pire, c’est qu’il donnait l’impression de ne pas forcer, d’en garder sous la semelle. “T-Mac”, c’était le genre de mec qui débarque sur un playground et qui s’amuse tant il est au-dessus des autres. Il était tellement élégant, tellement easy dans son jeu que le basket semblait trop facile pour lui. C’est simple, il envoyait du rêve sur un terrain. Il n’y avait que lui pour réaliser des auto alley-oops avec la planche aussi magnifiques, action qui est devenue sa marque de fabrique durant sa carrière. Il n’y avait que lui pour marquer 13 points en 35 secondes face aux Spurs et donner la victoire à son équipe sur un game-winner. Bref, il était spécial. Et c’est ce qui nous donne encore plus de regrets quand on fait le bilan de sa carrière aujourd’hui. Deux ans après sa retraite, le grand “T-Mac” est un peu passé aux oubliettes, contrairement à un Allen Iverson par exemple qui lui non plus n’a rien gagné (même s’il est vrai qu’il a été élu MVP en 2001 tout en allant en Finale NBA) mais qui aura surtout laissé une empreinte énorme dans la ligue. Parmi toutes les grandes stars des années 2000, que ce soit Kobe Bryant, Tim Duncan, Shaquille O’Neal, Paul Pierce, Kevin Garnett, Allen Iverson ou encore Vince Carter, McGrady est sans doute celui dont l’on se souviendra le moins, mais c’est sûrement celui qui avait le plus de potentiel et de talent. Comme dit auparavant, son manque d’éthique de travail et de killer instinct ainsi que des blessures à répétition l’ont empêché d’atteindre son plein potentiel. Il aurait pu dominer la ligue, il aurait pu être le meilleur joueur de sa génération, mais le basket a toujours été un jeu plutôt qu’une profession pour lui. Mais en fin de compte, il aura tout de même marqué à sa manière ceux qui l’auront suivi durant son prime. Et ça, c’est déjà énorme.

Pendant que des vieux anciens comme Tim Duncan ou Paul Pierce ont encore une fois été très bons en Playoffs cette saison, Tracy McGrady a déjà tourné la page NBA depuis bien longtemps. Et honnêtement, il nous manque beaucoup parce qu’à chaque fois qu’il jouait au basket, il nous rappelait à quel point ce sport pouvait être génial.

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Source couverture : zero4life.deviantart.com