Bilan 2015, version Thunder : du gâchis, qui veut du gâchis ?
Le 16 avr. 2015 à 20:29 par Alexandre Martin
Dans sa très courte histoire, la franchise du Thunder – qui n’existe que depuis la saison 2008/2009 – n’avait raté les Playoffs que lors de son premier exercice dans la ligue avant d’enchaîner 5 participations d’affilée dont une fois jusqu’en Finales NBA (2012) et deux autres jusqu’en finale de conférence (2011 et 2014). Cette année, c’est la douche froide. Westbrook, Durant et consorts sont officiellement en vacances depuis la nuit dernière et auront le plaisir de regarder les Playoffs confortablement installés dans un fauteuil moelleux mais qui leur fera certainement bien mal au c** quand même !
Ce que TrashTalk avait annoncé
Malgré la blessure annoncée de Kevin Durant pour les 6 premières semaines de saison régulière, nous avions tout de même envisagé (preview ici) une saison avec un nombre de victoires très confortable pour le Thunder et une qualification sans trop de problèmes pour les Playoffs. Voici ce qu’on peut appeler se planter en beauté ! Pour nous, Russell Westbrook – avec l’aide de Serge Ibaka notamment – allait pouvoir porter Oklahoma sur ses épaules jusqu’au retour de Kevin Durant à partir duquel l’équipe se mettrait réellement en route pour devenir la belle machine à victoires qu’elle était depuis 5 ans. Il faut dire qu’ils sont rares ceux qui avaient prévu une année aussi catastrophique pour Oklahoma avec une telle kyrielle de blessures en plus de celle de KD…
Ce qui s’est vraiment passé
Non seulement Kevin Durant a manqué les 17 premières rencontres de la saison mais il n’a jamais réussi à se mettre véritablement dans le rythme. Enchaînant les petites rechutes et peinant à se débarrasser de son souci au pied droit, le MVP 2014 n’a plus disputé le moindre match depuis le 19 février, soit seulement quatre jours après le All-Star Game. Au final, KD n’aura joué que 27 matches dans cette saison régulière et n’aura jamais réellement pesé. Serge Ibaka a également subi quelques petits bobos ainsi qu’Anthony Morrow… Comme en plus Russell Westbrook s’est blessé à la main après deux petites sorties ce qui lui a valu de ne pas participer à 14 rencontres d’affilée, ratant ainsi presque tout le mois de novembre, le Thunder a démarré la saison au rythme d’une équipe qui vise le premier choix de draft : 3 victoires pour 12 défaites en date du 23 novembre dernier. Avec le retour de son meneur (et le passage rapide de son ailier star), le moteur du Thunder s’est enfin mis à tourner décemment et l’équipe a pu entamer sa remontée sereinement pour très vite se positionner autour de la neuvième place de l’Ouest à la mi-février. Dans le sillage d’un Westbrook stratosphérique de fin janvier à mi-avril et bien aidé par les transferts malins effectués à la deadline (Enes Kanter, D.J. Augustin), Oklahoma City a alors enfilé plusieurs belles séries de victoires mais aussi pas mal de défaites très largement évitables par manque d’organisation, manque de rigueur ou manque tactique. L’ami Russell aura beau finir la saison meilleur marqueur avec 28,1 points de moyenne – accompagnés de 8,6 passes décisives, 7,3 rebonds et plus de 2 interceptions !! – le Thunder (45 – 37) est bel et bien 9ème aujourd’hui derrière les Pelicans (45 – 37 également mais tie-breaker en leur faveur) qui y ont cru jusqu’au bout, n’ont rien lâché et qu’on ne peut que féliciter tout en se disant que ce Thunder est un grand gâchis.
L’image de la saison
On ne l’attendait pas, il a cartonné : Enes Kanter
Débarqué à Oklahoma City à la deadline, le pivot turc s’est parfaitement (et instantanément) adapté au jeu léché du Thunder au jeu de Russell Westbrook. En 26 matches à OKC, l’ex Jazzman a envoyé presque 19 points de moyenne et ramassé 11 rebonds à chacune de ses sorties. L’ami Enes n’est pas un monstre en défense, c’est le moins que l’on puisse dire mais de l’autre côté du terrain, il est plutôt doué techniquement et surtout très intelligent dans son placement et ses déplacements. Si bien que son association avec Westbrook en pick-and-roll est vite devenue très compliquée à défendre. De bon augure pour la suite, il y a de quoi construire quelques systèmes autour de ce “one-two punch”.
On l’attendait au taquet, il a abusé : Scott Brooks
Il est clair que les nombreuses blessures qui ont jalonné la saison de son équipe ne lui ont pas simplifié la tâche. Il est clair que Russell Westbrook n’est pas le joueur le plus évident à coacher en NBA. Mais il est également indéniable que c’est dans ce genre de situation qu’on reconnait les grands coachs et Scott Brooks n’appartient pas à ce club. Point Barre ! Le jeu du Thunder est pauvre et ce n’est pas nouveau, c’est depuis toujours en fait. Brooks est certainement un bon développeur de jeunes qui ferait un excellent assistant mais il n’a pas la carrure pour diriger un roster tel que celui d’Oklahoma. Westbrook, Durant, Ibaka, Kanter, Adams, Augustin, Morrow, Collison, le rookie McGary, des jeunes comme Roberson ou Lamb : cet effectif du Thunder – même avec les blessés – doit aller en Playoffs surtout dans une saison comme celle-ci où le “seuil” n’est finalement qu’à 45 victoires comparativement à l’an passé où les Mavs avaient fini 8ème de l’Ouest avec 49 victoires ! Brooks est trop limité tactiquement et ne possède pas plus de charisme qu’un comptable en retraite. Le Thunder va devoir se poser de vraies questions cet été…
La vidéo de la saison
Avec la défaite au bout, tout un symbole…
Ce qui va bientôt se passer
Le boss du Thunder, Sam Presti, a de quoi se fracasser la tête contre les murs tant les dilemnes et autres décisions difficiles qui l’attendent dans les prochaines semaines vont l’empêcher de dormir pendant des siècles et des siècles si jamais il se plante. Kevin Durant entre dans sa dernière année de contrat, que faire ? Comment gérer au mieux cette situation pour éviter de voir l’un des meilleurs joueurs de sa génération partir sans aucune contrepartie à l’été 2016 ? Russell Westbrook est un grand malade qui a besoin d’avoir les clés d’une franchise. Peut-on imaginer un alliage qui fonctionne avec Durant ? C’est sûrement possible mais pour cela, il va falloir trancher dans le vif et amputer sans aucune pitié. Un conseil avisé pour ce chirurgien qui va devoir opérer le Thunder : coupe la “tête”, change le coach et tente – au moins sur une saison – de montrer à tous les sceptiques que ce duo Westbrook-Durant est viable et qu’il peut véritablement devenir un monstre à deux têtes qui, intelligemment guidé, va chercher une bague ! Oklahoma City a l’un des plus beaux rosters de NBA, prions pour avoir l’occasion de le voir avec un VRAI coach aux commandes. Presti est peut-être d’ailleurs en train de prendre ce chemin. Allez Sam, juste une fois, histoire de voir si on ne peut pas arrêter ce gâchis…
Source image : Stephen Dunn – Getty Images