Crossé mais pas coulé, Nikola Mirotic s’affirme chez les Bulls
Le 06 déc. 2014 à 12:28 par David Carroz
S’il a mangé lors du dernier match sur le crossover de Kemba Walker, Nikola Mirotic laisse une impression bien plus agréable que cette humiliation depuis quelques rencontres. Il faut dire qu’après les soucis physiques de Joakim Noah et Pau Gasol, c’est au tour de Taj Gibson de squatter l’infirmerie. Et le rookie espagnol des Bulls en profite.
Alors que comme tout débutant sous les ordres de Thibodeau il devait se contenter de miettes, la malédiction qui plane sur les Bulls au Moda Center de Portland (blessure au genou pour Rose l’an dernier, blessure à la cheville pour Taj Gibson cette année) offre au numéro 44 une opportunité rare, surtout quand on voit à quel point Doug McDermott tarde à se faire une place au soleil et à bousculer Mike Dunleavy à l’aile. Tout heureux de récupérer du temps de jeu, Mirotic l’exploite et se montre. Si ses stats depuis le début de saison n’ont rien d’exceptionnel (7,3 points à 44,8% dont 38,6% de loin, 5,2 rebonds et 0,8 contre en 18,1 minutes), les 7 derniers matches ont montré une nette amélioration. Il faut dire que sur ces rencontres, l’ailier fort a passé un total de 194 minutes sur le parquet, soit plus que lors des 12 précédentes (149 minutes). Par conséquent, sa production s’en est ressentie, et sur cette période, il tourne à 12,0 points (49%, 47,6% à 3 points), 8,4 rebonds et 2,7 contres en 27,4 minutes. Des statistiques dignes d’un prétendant au titre de meilleur sixième homme. À l’instar de Taj Gibson qu’il supplée en ce moment.
Sur ses dernières prestations, Nikola Mirotic rappelle à quel point son potentiel offensif est intéressant, pouvant devenir un vrai cauchemar pour son défenseur. Capable de shooter derrière l’arc avec réussite, il sait également dribbler pour s’approcher du cercle, des talents rares pour un joueur de sa taille 2m08.
J’aime prendre ces tirs (après dribble), en particulier en pénétration. je ne suis pas qu’un shooteur. Je sais que je peux dribbler, courir, pas seulement être bon qu’aux tirs; essayer de faire plein de choses. – Nikola Mirotic.
Être altruiste également. Ce qui lui a posé quelques soucis en début de saison sur lesquels Thibodeau le fait travailler. En effet, il abusait de feintes de tirs en recevant le ballon, même en bonne position, pour chercher derrière un coéquipier. Ses adversaires ont vite compris cela, l’obligeant à prendre finalement un shoot moins bon ou en coupant les lignes de passes.
Dans cette ligue, il est crucial de savoir quand shooter et quand passer. Nikola est un joueur qui n’est absolument pas égoïste. Cela dit, lorsque vous refusez des tirs, vous vous retrouvez souvent dans une situation plus complexe. On travaille ça avec lui pour faire les ajustements nécessaires. – Tom Thibodeau.
Mais défensivement aussi, alors qu’il existe souvent des doutes quand un joueur européen arrive en NBA, l’impression est bonne. Avec des limites bien sûr. Comme beaucoup de joueurs qui débutent, il souffre de problèmes de fautes qu’il doit corriger. Il manque également encore de répondant physiquement. Il le sait, et là encore le staff des Bulls l’accompagne dans son développement. Face aux intérieurs plus costauds, difficile pour lui de tenir la comparaison. Mais Joakim Noah lui-même avait connu ces soucis en début de carrière avant de devenir l’un des meilleurs défenseurs de la ligue. Certes, Mirotic n’a sûrement pas le potentiel de Jooks de ce côté du parquet, mais il fait preuve de beaucoup d’abnégation et d’envie pour être efficace pour protéger son cercle. Son timing est d’ailleurs bon au contre, comme le prouvent ses 5 blocks en 27 minutes face aux Celtics. Plutôt rapide dans ses déplacements latéraux, il n’hésite pas à switcher sur les pick-and-roll. Ce qui lui a valu de se retrouver face à Kemba Walker et une belle gamelle lors du dernier match. Qu’il a acceptée avec le sourire.
Don’t worry guys, my ankles are okay. Just need a little ice. Good play by Walker.
— Nikola Mirotic (@nikolamirotic44) 4 Décembre 2014
Ne vous inquiétez pas les gars, mes chevilles vont bien. Juste besoin d’un peu de glace. Bien joué de la part de Walker.
Pour autant, il ne se satisfait pas de cela. Nikola veut progresser, et même si les observateurs sont agréablement surpris par ses qualités défensives, il sait qu’il lui reste du boulot.
Bien sûr, ma défense doit s’améliorer. je dois communiquer plus avec mes coéquipiers, en particulier sur les pick-and-rolls. je dois être plus fort. je dois travailler sur mon corps. je travaille réellement; chaque jour je soulève (des pics) et je sais que tout cela va venir. La chose la plus importante, rester positif et travailler dur et je dois prendre plus de rebonds. Je suis un grand. Je sais que plusieurs fois le coach m’a dit “Niko, nous avons besoin de rebonds.” Je sais que je dois progresser là dessus. – Nikola Mirotic.
On voit là tout ce qui fait la force et la faiblesse du néo-Bull. Un mec qui veut progresser et qui est à l’écoute. Mais un gars qui vient juste d’arriver aux USA et qui doit s’adapter non seulement à un nouveau style de jeu sur les parquets, mais aussi à un mode de vie différent en dehors des terrains. À commencer par une nouvelle langue. Là aussi, Mirotic progresse. C’est un chemin à parcourir pour être à l’aise, dans lequel il s’engage complètement.
Difficile vraiment (de s’adapter). En particulier maintenant, le début. Tout pour moi est nouveau, nouvelle vie, nouvelle ville. je suis venu ici avec ma famille. J’aime déjà la ville. Je pense que Chicago est une ville parfaite. je suis dans une équipe parfaite, dans une situation parfaite. je sais que je grandis en tant que joueur tous les jours. je travaille dur. Mes coéquipiers, ils m’aident chaque jour. Le coach aussi. Je dois juste être patient et travailler dur pour essayer d’aider mes coéquipiers à gagner plus de matches.- Nikola Mirotic.
Un discours qui sied à merveille à la franchise de Chicago, axé sur le collectif et la progression personnelle pour le objectifs de l’équipe.
Nikola Mirotic a tout pour plaire aux Bulls et pour avoir un véritable impact dans leurs résultats. S’il profite actuellement des blessures pour gagner du temps de jeu, il ne l’a pas volé et il prouve qu’il le mérite. Ce qui va provoquer des maux de tête à Thibodeau lorsque Taj Gibson reviendra de blessure.
Mais une chose est sûre, le rookie espagnol ans fait son trou dans cet effectif talentueux et ambitieux. Ce qui lui arrive accélère son adaptation. Mais ouvre également de nouvelles perspectives à Chi-town, surtout d’un point de vue offensif. Intéressant pour une franchise qui a souffert pour marquer des points lors des saisons précédentes.
Source image : www.nba.com