Dossier : l’Est peut-il enfin taper l’Ouest ? Cette fois-ci, on va y aller plus doucement …
Le 25 juil. 2014 à 17:56 par Giovanni Marriette
Après la folie de la free agency qui aura tourné cette année autour, évidemment, de la décision de LeBron James, le calme est revenu ces derniers jours et mis à part le cas Kevin Love, les prochains trades devraient n’être que de simples ajustements. L’occasion pour nous de relancer un débat qui fait rage chaque été depuis la retraite de Sa Majesté Jordan, à savoir le rapport de forces entre les 2 conférences. Tentons, une fois de plus, d’y voir un peu plus clair, à l’aube d’une saison qui pourrait bien voir s’inverser la tendance et voir l’Est prendre le pas sur l’Ouest. Ou pas. Ou peut-être bien.
Un éternel recommencement. Chaque année on y a droit et cette été n’y coupera pas, l’une des questions qui nous taraude est de savoir comment cette conférence Est va faire pour rattraper le retard accumulé lors de presque 2 décennies d’après-Jordan. On ne vous cache rien, on s’était déjà prêté à ce petit jeu l’an passé, arguant que le rapport Est/Ouest était en train d’évoluer et que la toute domination venue de Californie et du Texas notamment touchait peut-être à sa fin. Le résultat, grosse disquette pour nous puisqu’on a assisté en 2014 à une démonstration de la « gauche » quand les franchises censées apporter un souffle nouveau à l’Est (Cavs, Pistons notamment) se ramassaient royalement…
2014, rien n’a changé, tout a continué…
Les chiffres sont affligeants. Le plus flippant d’entre eux ? Avec 50 victoires les Suns auraient posé leur fessier sur le podium de l’Est mais ce très bon bilan ne leur aura offert que la place du con (9ème) dans une Conférence Ouest hyper-relevée… Seules 2 teams à l’Est cette saison ont réussi à tenir le rythme effréné imposé par les Spurs, le Thunder, les Clippers ou encore les Rockets et les surprenants Blazers en début de saison.
En effet, derrière un Heat costaud mais ridiculisé en finale par le collectif des Spurs et des Pacers partis comme des sprinters avant de se liquéfier en fin de saison et en PlayOffs, aucune franchise de l’Est n’a réussi une grande saison, à l’exception peut-être de Raptors ou de Bobcats étonnants mais malgré tout limités quand le niveau monte au printemps. Les Wizards sont montés en régime au fil de la saison mais ne sont pas encore une top-team, les Bulls ne se sont pas remis de la rechute de D-Rose, les Knicks ont été ridicules et les Nets n’ont pas réussi à assumer leur statut d’équipe taillée pour les PlayOffs. Plus bas dans le classement, les Cavs et les Pistons étaient attendus en PlayOffs mais le flop Bennett a tiré Cleveland vers le bas alors que le monstre à 3 têtes J-Smoove/Drummond/Monroe s’est avéré, un peu comme prévu finalement, tout sauf complémentaire… Rajoutez à cela les Celtics, les Sixers, le Magic et les Bucks plus intéressés par la course aux dernières places et vous obtenez donc une Conférence Est sans saveur, par manque de cartouches ou d’ambition…
De l’autre côté par contre, et nul besoin d’insister, on a kiffé. On a kiffé ces franchises au top (Grizzlies, Suns, Mavericks et même des Warriors décevants) mais obligées de ne viser qu’un malheureux spot en PlayOffs, la faute à une concurrence féroce. On a kiffé le jeu offensif proposé par les Warriors, les Rockets et les Clippers. On s’est aussi régalé avec la saison du Thunder et de son MVP, peut-être incapables de faire cohabiter leurs 2 re-sta mais proposant une doublette rarement vue au niveau du talent offensif. On a aimé aussi la saison de Blazers au banc renforcé derrière un duo de franchise players à l’unisson et pour finir, on ne sait même plus quoi dire devant la démonstration de collectif et d’intelligence que nous ont offert les Spurs tout au long de l’année et plus encore en finale face à Miami.
Voilà pour un bref résumé, car l’essentiel de ce papier n’est pas là, de la saison écoulée. Un condensé de 6 mois de compétition où l’on se rend compte que notre Madame Irma maison s’était pour une fois bien plantée, la NBA nous offrant une fois de plus un écart conséquent de niveau et surtout, une fois de plus, confirmant l’adage déjà vieux qui fait de l’Ouest une puissance de feu et de l’Est une colonie de franchises vaillantes, défensives mais tellement moins intéressantes à voir évoluer…
2015, l’année du changement ? Vraiment ?
Cette fois on ne nous y prendra pas. Marre de rêver d’une NBA nouvelle et d’être déçu chaque année. On s’en tiendra donc cette fois-ci à du conditionnel, même si une fois de plus les mouvements du mois de juillet devraient sensiblement faire bouger les choses, enfin. Suffisamment pour inverser la tendance et faire des quelques top-teams de l’Est les nouveaux épouvantails de la ligue ? Tout doux quand même…
A l’Ouest, on ne change pas une équipe qui gagne, on la polit…
Citez-moi, à San Antonio, Oklahoma, Los Angeles, Portland, San Francisco ou même Houston, un renfort débarqué durant l’été capable de changer le jeu de sa nouvelle franchise… Ne cherchez plus ce joueur n’existe pas et la raison est simple : pourquoi révolutionner un collectif vainqueur l’an passé de 2/3 de ses matches ? Alors évidemment, on ne peut que louer les arrivées cet été de Spencer Hawes aux Clippers ou des U17 Chris Kaman et Steve Blake à Portland mais ces gars-là ne changeront pas le fonds de commerce de leurs équipes respectives. Ils ne sont que des ajustements qui rendront leur teams meilleures mais en aucun cas on n’assiste là à une quelconque révolution… Idem pour Vince Carter qui arrive à Memphis dans l’esprit d’aider les Grizzlies à poursuivre dans leur délire fait de sérieux, de défense et d’expérience.
C’est plus au niveau des équipes plus bas classées en avril dernier qu’il faut chercher la trace d’une mouvance plus concrète. Ainsi les Suns (arrivée notamment d’Isaiah Thomas), les Mavericks (Felton, Chandler, Parsons et Nelson) ou même les Lakers (Gasol out, Lin, Boozer et Ed Davis in) auront tout le loisir dès octobre de nous montrer que les moves de l’été leur ont été favorables…
A l’Est le renouveau, chapitre 1580
Comme on en a pris l’habitude ces dernières saisons (avec par exemple les années Mayami ou les drafts favorables aux Cavs, aux Bucks ou aux Sixers), on s’attend une fois de plus à une grosse poussée de fièvre de la part des franchises de l’Est des States.
Cleveland : En premier lieu évidemment, les Cavaliers qui, non contents d’avoir en leur sein 3 des derniers first picks, ont mis la main cet été sur le probable meilleur joueur du monde et à peu près tous les joueurs que “sa majesté” désirait. Le gonze ramène peu à peu toutes ses pines-co floridiennes et Ray Allen pourrait d’ailleurs très bien être le suivant. L’été n’est au passage pas terminé puisque l’on attend tous maintenant la conclusion de l’affaire Kevin Love qui pourrait tirer un trait sur la construction de ce roster 5 étoiles…
Autres franchises qui devraient selon toute vraisemblance dépasser allègrement les 50 victoires, les Bulls, le Heat, les Pacers, les Wizards, voire les Raptors et les Bobcats.
Chicago : Les Bulls présentent officiellement la raquette la plus monstrueuse de la ligue mais 2 fantômes font actuellement flipper tous les fans de l’Illinois. Le premier est l’arrivée (très peu probable cependant) de Kevin Love contre Gibson, Mirotic et McDermott alors que le deuxième très gros point d’interrogation est, une fois n’est pas coutume, l’état de santé de Derrick Rose. Si le MVP des Bulls réussit à tenir toute la saison, même à 17/18 points de moyenne, les Bulls ont une sacrée gueule de favori à l’Est. Si ça pète, ce sera une énième rebelote en mode mission suicide et arrivée essoufflée en PlayOffs…
Miami : Le Heat a également quelques arguments à faire valoir et si la franchise ne sortait pas de plusieurs années plus que fastes, n’importe qui d’entre nous louerait le roster de Spoelstra, bâti autour de 2 vraies stars et composé de joueurs solides à chaque poste. Luol Deng est un amour de coéquipier, Granger est revanchard et le look de McRoberts est beaucoup plus dégueulasse que son jeu. Autre idée à garder à l’esprit, un squad lesté de son meilleur joueur peut très bien révéler certains joueurs qui seront obligatoirement, et enfin, mis en lumière une fois le Roi parti…
Indiana : Même délire pour les Pacers qui, malgré le départ de Lance Stephenson, peuvent toujours compter sur un effectif plus que costaud avec les arrivées, certes pas très hype mais néanmoins utiles, de CJ Miles et Rodney Stuckey sur les lignes arrières, autour d’un Paul George qui aura enfin tout le loisir de prendre en main son équipe sans la présence flippante de son ancien énergumène de coéquipier…
Charlotte : Un Lancelot parti donc butiner sous le jersey flambant neuf des Hornets pour former avec Kemba Walker un duo d’arrières à faire saliver les bouches les plus sèches. Stephenson/Walker/Jefferson, le Big Three gagnant de la Conférence Est ?
Terminons avec les 2 derniers contenders de la conférence :
Washington : Les Wizards tout d’abord, où John Wall et Bradley Beal (accessoirement l’un des 2/3 duos d’arrières de la ligue) pourront compter cette saison sur une raquette plus que solide (Gortat, Nene, Blair, Gooden, Humphries, Seraphin) mais surtout sur l’arrivée très utile de Paul Pierce qui pourra alterner comme à Brooklyn sur les poste 3 et 4 tout en continuant à nous gratifier de sa clutchitude et de sa classe…
Toronto : Pour les Raptors, autre politique puisque Masai Ujiri mise à présent sur la continuité après avoir reconduit notamment Kyle Lowry à la mène. Propriétaires d’un bon bilan de 50-32 l’an passé, l’objectif est évidemment de faire augmenter le capital victoires, doucement mais sûrement…
On passera poliment sur le reste de la meute de l’Est, même si les Bucks de Giannis, Jabari et Jason seront évidemment à surveiller du coin de l’œil, même si Boston reste une énigme sans nom, même si New York et Brooklyn nous paraissent d’éternels violons dans lesquels on pisse, avec un bémol cependant pour les Knicks, enfin débarrassés de leur gros meneur encombrant, qui auront à cœur de se racheter d’une saison 2014 galère, derrière peut-être l’explosion de Tim Hardaway Jr… Les Nets eux, devront réapprendre à utiliser Brook Lopez, continuer à faire évoluer Garnett prudemment et espérer que Deron Williams retourne à la muscu au lieu de squatter les kebabs de la ville…
On récapitule : Des top-teams à l’Ouest qui rajoutent des forces à leurs déjà lourdes bâtisses et une Conférence Est en perpétuelle évolution avec 2 franchises que l’on attend à un très haut niveau de performances. Un MVP en puissance accolé à un effectif parfait pour aller chercher quelque chose de très très haut et un cocu de service prêt à prouver à son ex qu’il y a une vie après le divorce. L’histoire nous ayant prouvé depuis longtemps que l’expérience est souvent gage de titres, on n’imagine pas franchement à l’heure actuelle les Cavs ou les Bulls en potentiels champions NBA. Pas autant que des Spurs jusqu’à preuve du contraire meilleure équipe NBA, pas autant qu’un Thunder à 2 doigts chaque année d’attraper le pompon. Une seule chose est sûre et le nombre de victoires pour rentrer en PlayOffs sera cette fois là pour nous appuyer, on assistera cette saison à une grosse augmentation du level à l’Est. Mais de là à dire que « l’Est a rattrapé son retard », il y a là un pas que nous ne autoriserons pas à franchir. Pas cette fois.
image de couverture : @artkor7