[Débat] Un virage à l’Est en NBA ?

Le 01 août 2013 à 13:03 par Alexandre Martin

Depuis 1998 et la deuxième retraite de Michael Jordan qui a mis fin à la domination des Chicago Bulls, 15 titres de champion ont été distribués. 10 d’entre eux ont été remportés par des équipes de la Conférence Ouest. On le dit, on le rabâche depuis des années maintenant : la Conférence Ouest domine la NBA, l’Ouest c’est pour les grands, la Conférence Est semble faible, etc, etc…

Malgré cela, ces deux dernières années, c’est une équipe de l’Est qui allé chercher le titre suprême en battant donc, lors des Finales, le vainqueur de l’Ouest sauvage. Oui, je sais. Le fait que Miami soit champion ne veut pas dire que l’Est rattrape l’Ouest encore moins que l’Est est plus compétitif mais ce constat ne va pas non plus dans le sens d’une domination outrageuse de la Conférence Ouest. J’entends d’ici les détracteurs de l’Est m’expliquer que les Knicks, qui ont fini 2ème à l’Est avec un bilan de 54 victoires pour 28 défaites, seraient seulement 6ème à l’Ouest.

Est-ce réellement plus dur à l’Ouest ?

C’est vrai mais, là encore et comme souvent, les chiffres ne disent pas tout. Ces chiffres nous donne une indication assez claire : pour se qualifier en playoffs à l’Ouest, il faut gagner plus de matchs que pour le faire à l’Est. Mais est-ce plus difficile ensuite ? Cette tendance va-t-elle durer ? Aller en playoffs, c’est bien mais peut-on considérer qu’une équipe – qui a gagné plus de 50 matchs en saison régulière et qui se fait sortir au premier tour en montrant de grosses lacunes tactiques et mentales – est un véritable outsider pour le titre ? Être une grosse écurie c’est se battre pour le titre, pas seulement faire le show pendant la saison ! Les Clippers et les Nuggets les équipes concernées se reconnaîtront… Le style de jeu des grosses cylindrées de l’Est est très différent de celles de l’Ouest. Ces équipes, comme les Pacers ou les Bulls, ont une culture défensive très prononcée. D’ailleurs, la défense est l’une des armes qui a permis au Heat de remporter les deux derniers titres. Une philosophie défensive n’est pas forcément la plus efficace en saison régulière par rapport au jeu rapide et très offensif prôné par plusieurs outsiders de l’Ouest (les Nuggets, les Warriors ou les Clippers). Ceci peut en partie expliquer les moins bons bilans des équipes de l’Est par rapport à celles de l’Ouest lors de la saison dernière, du moins tout autant que la qualité globale de la Conférence.

Ensuite, à ceux qui clament que Miami s’est baladé à l’Est durant les derniers playoffs, ceux qui clament qu’à l’Est personne ne peut rivaliser avec Lebron James et son équipe, j’ai envie de leur répondre que les Spurs se sont tout autant baladés à l’Ouest. Ces deux équipes ont dominé leurs conférences respectives. De mon point de vue, les Spurs se sont même plus promenés que le Heat qui a certes écrasé les pauvres Bucks au premier tour mais qui a ensuite trouvé plus de résistance face à des Bulls qui se sont très bien battus malgré l’absence de Derrick Rose, le MVP de 2011. Face aux Pacers, les Floridiens ont du s’employer et arracher leur place en Finales lors d’un match 7. L’équipe des Pacers est jeune, athlétique, talentueuse et rugueuse défensivement. C’est une équipe dont il est très difficile de se débarrasser sur une série de playoffs.
Pendant ce temps, San Antonio «sweepait» des Lakers pathétiques, se faisait un peu accrocher par des Warriors plein d’avenir et enfin, infligeait un 4-0 cinglant à des Grizzlies surcotés et incapables de se mettre au niveau d’un événement comme une Finale de Conférence. Je pense pas pour autant que l’Ouest était trop faible pour les hommes de Gregg Popovich, ils ont bénéficié de circonstances favorables comme la déconfiture des Angelinos, la blessure de Russell Westbrook ou le manque flagrant d’expérience de Golden State ou de Memphis. Il n’en reste pas moins le résultat : la bande de Tony Parker et Tim Duncan n’a pas eu à beaucoup forcer son talent pour se hisser en Finales NBA.

Un éternel recommencement

Au final, il me semble que l’Ouest a toujours une petite avance sur l’Est mais ce n’est plus du tout aussi flagrant qu’à la fin des années 90 ou au début des années 2000. A cette époque, l’Ouest était une jungle dans laquelle des monstres tels que les Lakers, les Spurs, les Kings, les Blazers voire les Wolves s’affrontaient pour gagner le droit de jouer les Finales et de remporter le titre la plupart du temps. C’est bien simple, de 1999 à 2005, Detroit est la seule équipe de l’Est à avoir pu battre le vainqueur de l’Ouest lors de Finales NBA. Cependant, sur les 6 derniers championnats, c’est du 50/50. 3 titres pour l’Est (1 pour Boston, 2 pour Miami) et 3 titres pour l’Ouest (1 pour Dallas et 2 pour Los Angeles). Des équipes comme les Pacers, les Bulls, les Knicks voire bientôt les Cavaliers ou les Pistons et bien sûr le Heat sont en train de tirer vers le haut la Conférence Est.
Le vent tourne, les places fortes de l’Est se renforcent. De nouvelles franchises sont donc promises à un bel avenir au sein de cette Conférence Est qui va devenir de plus en plus compétitive. Ce phénomène est le fruit de la politique «égalitaire» menée par la NBA. Les moins bonnes équipes de la saison régulière récoltant les meilleurs tours de draft, certaines franchises comme les Cavaliers, les Bulls ou le Magic ont bénéficié de l’arrivée de très bons jeunes ces dernières années. Ces apports permettent à ces équipes de se reconstruire et de lutter au plus haut niveau. Un très bon exemple lors de la draft de juin dernier : les quatre premiers choix ont été faits par des franchises de la Conférence Est.

C’est ainsi, la NBA est un éternel recommencement. Les années 90 ont été dominées par l’Est, les années 2000 par l’Ouest, les années 2010 pourraient être marquées, à nouveau, par le sceau de la Conférence Est. Les grosses cylindrées de l’Ouest, comme les Lakers ou les Spurs, sont très vieillissantes. Quelques nouvelles places fortes émergent, comme Golden State (construit à coups de tours de draft) ou peut-être les Clippers mais feront elles le poids face au Heat, face à des Pacers qui se sont encore renforcés en Juillet ou face à des Bulls qui vont enregistrer le retour d’un des meilleurs joueurs de la ligue ? Avec en plus l’émergence d’équipes bourrées de joueurs talentueux comme les Cavaliers ou les Pistons, le retour de Knicks très efficaces en saison régulières, l’Est a certainement de beaux jours devant lui.