Le nouveau format des Finales, un détail qui a son importance ?
Le 05 juin 2014 à 12:42 par Nicolas Meichel
A partir de cette année, les Finales NBA se dérouleront sous un nouveau format au niveau des matchs à domicile. Exit le 2-3-2, place au 2-2-1-1-1, format classique des autres séries de PlayOffs. Si ce changement peut sembler n’être qu’un détail, TrashTalk va vous montrer que ce dernier peut avoir son importance.
Un peu d’histoire : l’origine du 2-3-2
Le format 2-3-2 des Finales NBA date de 1985. A l’époque, la NBA avait laissé de côté le 2-2-1-1-1 (existant de 1957 à 1984) pour des raisons de logistique, le but étant de limiter les déplacements entre les deux côtes américaines. C’était d’ailleurs Red Auerbach, président des Boston Celtics à ce moment là, qui avait posé les réclamations. Les longs trajets en plein milieu d’une Finale Boston-Los Angeles ne lui plaisaient pas vraiment.
L’autre raison de ce changement est médiatique. La NBA craignait que le format 2-2-1-1-1 empêcherait les médias de couvrir correctement les Finales, à cause justement du nombre plus élevé de trajets, impliquant des frais et des jours de voyage supplémentaires. A l’époque, la NBA était encore en plein développement et elle ne pouvait donc pas se permettre cela.
Evidemment, aujourd’hui, la plus grande ligue de basket au monde ne connait plus ce genre de soucis. Entre les jets privés et une NBA au top au niveau médiatique, le format 2-3-2 est devenu inutile. C’est même à se demander pourquoi elle l’a gardé si longtemps.
Le format 2-3-2, désavantageux pour l’équipe ayant l’avantage du terrain ?
Avec le format 2-2-1-1-1 classique, l’équipe ayant l’avantage du terrain possède la faveur de jouer les Game 5 et 7 à domicile. On le sait, à 2-2 dans une série, le match 5 est souvent capital. Avec le format 2-3-2, ce match 5 est joué dans la salle de l’équipe ayant le moins bon bilan, leur donnant ainsi un avantage non négligeable pour mettre la main sur une série. Plus généralement, l’équipe jouant trois matchs de suite dans sa salle possède une superbe opportunité pour dominer la Finale. Rien qu’en gagnant à domicile, l’équipe avec le moins bon bilan a l’opportunité de mener 3-2, ce qui est paradoxal quand on est censé ne pas avoir l’avantage du terrain. Autre point à signaler, l’équipe ayant l’avantage du terrain avec le format 2-3-2 est sous pression dès le début des Finales. En cas de défaite dans l’une des deux premières rencontres, il y’a obligation de gagner à l’extérieur pour revenir sur son parquet. Avec trois matchs de suite dans la salle adverse, la situation est plutôt difficile à gérer, sans oublier qu’il faut passer jusqu’à huit jours consécutifs en terre ennemie, ce qui n’est pas forcément la meilleure chose au milieu d’une Finale NBA. Sans parler du momentum, alors clairement dans le camp adverse.
Ce changement de format a donc pour but de véritablement rétablir cet avantage du terrain pour l’équipe ayant le meilleur bilan, comme c’est le cas dans les séries classiques de PlayOffs. De plus, selon Adam Silver, le format 2-2-1-1-1 favoriserait la production d’un Game 7. N’oublions pas que la NBA est avant tout un business, et tout match 7 en Finales NBA est une superbe opportunité pour la ligue, que ce soit au niveau médiatique, symbolique ou économique.
Des statistiques qui ne confirment pas la tendance
Mais est-ce que tout cela est vérifié ? Jetons un oeil aux statistiques :
Pour les propos de Silver :
– de 1957 à 1984 (format 2-2-1-1-1), il y’a eu en tout 8 septième match en Finales NBA (1957, 1960, 1962, 1966, 1969, 1970, 1974, 1984).
– de 1985 à 2013 (format 2-3-2), il y’a eu en tout 5 septième match en Finales NBA (1988, 1994, 2005, 2010, 2013).
Si plein d’autres paramètres rentrent en compte, l’analyse d’Adam Silver est confirmée au niveau des chiffres. Il y’a en effet plus de Game 7 en Finales NBA sous le format 2-2-1-1-1 (8 en 26 séries) que sous le format 2-3-2 (5 en 29 séries).
Une influence sur le vainqueur ?
Bizarrement, au niveau des vainqueurs de série, les chiffres ne confirment pas la tendance générale :
– de 1957 à 1984 : l’équipe avec l’avantage du terrain possède un bilan de 18 séries remportées pour 6 séries perdues (les séries de 1971, 1975 et 1978 avaient un format différent que le 2-2-1-1-1), soit 69,2% de victoire.
– de 1985 à 2013 : l’équipe avec l’avantage du terrain possède un bilan de 21 séries remportées pour 8 séries perdues, soit 72,4% de victoire.
Mathématiquement, le format 2-3-2 n’augmente donc pas les chances de victoire pour l’équipe ne possédant pas l’avantage du terrain, comme on pouvait le croire.
Qui a gagné ses trois matchs à domicile d’affilée ?
Cela est dû au fait qu’il est très difficile de remporter les trois matchs consécutifs à domicile en milieu de série. Depuis 1985, il n’y a que trois équipes qui ont réussi cet exploit :
– Detroit Pistons lors des Finales 2004 : 1-1 après deux matchs, vainqueur 4-1 contre les Los Angeles Lakers.
– Miami Heat lors des Finales 2006 : 0-2 après deux matchs, vainqueur 4-2 contre les Dallas Mavericks.
– Miami Heat lors des Finales 2012 : 1-1 après deux matchs, vainqueur 4-1 contre le Oklahoma City Thunder.
Même si les statistiques ne le montrent pas, ce changement de format peut tout de même être considéré comme une bonne chose pour les San Antonio Spurs. Il pourrait en effet avoir son importance selon le déroulement de la série, sans pour autant être décisif.
source image : ballermindframe.com