Draft 2014 : Elfrid Payton, à la recherche du nouveau Damian Lillard

Le 29 mai 2014 à 18:17 par David Carroz

À cause du phénomène Damian Lillard qui a explosé en NBA en venant d’une fac peu réputée (Weber State), les scouts lorgnent attentivement sur ses plus petites écoles pour y découvrir le prochain talent caché. Et si le joueur le plus apte à y parvenir cette saison était Elfrid Payton de Louisianna-Lafayette ?

Malgré son nom prometteur, il n’a malheureusement aucun lien avec notre idole Gary Payton. Enfin presque, puisqu’ils ont le même poste de meneur de jeu. Et peut être certaines prédispositions pour défendre.

Profil

> Âge : 20 ans. Gary usait encore ses culottes sur les bancs de la fac à cet âge là. Seulement 3 semaines plus vieux que Joel Embiid, mais 3 ans passés à la fac. Cadeau.

> Position : Meneur. Comme Gary.

> Equipe : Louisiana Lafayette Ragin Cajuns. Petite fac qui n’existe quasiment pas à l’échelle NCAA.

> Taille : 193 centimètres. Idéal pour un meneur.

> Poids : 84 kilos. Peut être un peu léger, mais comme de nombreux joueurs arrivant en NBA.

> Envergure : 203 centimètres. Jamais 2 sans 3Très bien.

> Statistiques 2014 : 19,3 points à 50,0% et 25,9 à 3 points, 6,3 rebonds, 5,8 assists, 2,3 steals, 0,6 block et 3,8 turnover en 36,9 minutes.

> Comparaison : Certains penseront à Rajon Rondo pour l’absence de tir extérieur, mais il se rapproche plus de Jeff Teague. Espérons pour lui qu’il ne finira pas comme le frère du meneur des Hawks Marquis Teague qui coupe les citrons depuis son arrivée en NBA.

> Prévision TrashTalk : deuxième partie du premier tour.

Qualités principales

Avec sa grande taille et son envergure, Elfrid Payton n’a rien à envier aux meneurs NBA. Excellent athlète, il est solide et rapide, quoiqu’un peu sec. Son physique est donc clairement un atout, même s’il pourrait couper ses cheveux. Rebondeur actif pour un meneur, il sait utiliser sa taille et protéger le rebond pour ses intérieurs. Sa vitesse lui permet d’être bon en transition, surtout qu’il sait être agressif balle en main.

Son gros point fort, et la raison pour laquelle les franchises devraient s’intéresser le plus à lui sont ses capacités défensives. Il a d’ailleurs été élu Defensive Player of the Year de la Sun Belt Conference cette saison. Capable de mettre une grosse pression pour gêner le porteur de balle (à l’image d’un Beverley), il se met tout le temps en posture défensive. Il réagit bien aux écrans et les contourne grâce à sa vitesse et à la rapidité de son déplacement latéral. Ses mains agiles et actives lui permettent en plus de provoquer des pertes de balle, son sens de l’anticipation l’aidant à couper les lignes de passe. Avec sa taille, il a le potentiel pour défendre sur les postes 1 et 2 en NBA s’il prend suffisamment de muscle.

De l’autre coté du parquet, Payton peut profiter se son premier pas rapide pour pénétrer dans la raquette. Malheureusement, il est un peu passif et manque d’agressivité, nous le verrons plus tard. Il a le potentiel pour faire mal dans in the paint car il peut driver à gauche ou à droite et possède un excellent crossover. Il peut faire la différence sur pick and roll ou en isolation. Dans le premier cas grâce à de bonnes sensations, un bon rythme et sa vitesse pour déborder les big men en sortie d’écran, et dans le second car il dispose de mouvements et de l’explosivité pour se débarrasser de son défenseur.

Mais plus que sa finition, c’est sa capacité à devenir un vrai meneur, un playmaker pour impliquer ses coéquipiers qui plait. Elfrid Payton est un joueur collectif (ce qui est bien pour un point guard), mais il doit faire attention aux balles perdues lorsqu’il distribue le jeu. Comme dit au dessus, il profite de sa vitesse pour pénétrer. Mais pas forcément pour aller au cercle, puisqu’il sait très bien ressortir la balle pour un shooteur derrière l’arc ou régaler un intérieur sous le panier. Sa bonne vision du jeu couplée à sa taille lui permet également de donner de bonnes passes sur pick and roll.

En plus de toutes ses qualités, Elfrid Payon présente l’avantage d’être encore jeune (20 ans) tout en ayant évoluant un bon moment en NCAA (3 ans, il est junior). Il a en effet intégré Louisiana-Lafayette à seulement 17 ans, ce qui signifie qu’il a eu le temps de progresser et de polir son jeu (ses stats sont et son jeu ont progressé chaque saison) tout en ayant toujours de la marge et la jeunesse pour viser encore plus haut. Mec calme et posé qui ne fait pas d’histoire, il pourrait prendre une nouvelle dimension en NBA en bossant dur.

Défauts majeurs

Elfrid Payton est atteint du syndrome Rajon Rondo : il n’a aucun shoot extérieur. Catch and shoot, en sortie de dribble… rien n’y fait, il ne peut pas tirer à mi distance et encore moins à 3 points. Son tir est moche, avec un ballon qu’il conserve trop longtemps entre ses mains avant de le relâcher et des trajectoires plates. Sa mécanique est mauvaise, même au lancer franc, où son pourcentage est médiocre (65%).

En outre, le shoot n’est pas son seul calvaire en attaque et au scoring, car s’il a les capacités pour être bon en pénétration, son pourcentage d’adresse sous le cercle est loin d’être impressionnant, surtout pour la faible division dans laquelle il évoluait. Il doit être plus costaud pour s’imposer. Pour l’instant, il craint le contact et il le fuit, à l’image d’un Chris Bosh. Il préfère donc tenter des flotteurs plutôt que d’aller se frotter aux intérieurs pour un layup. Il n’utilise pas ses capacités athlétiques comme il le pourrait – et le devrait – en manquant clairement d’agressivité. De plus, il ne sait pas se servir de sa main gauche pour finir. Sans un shoot fiable, il doit progresser dans ce domaine. Il lui faudra trouver un moyen de scorer sans shooter ni attaquer le cercle.

Un autre de ses points faibles, et pas le moindre, est son comportement désinvolte et nonchalant pour réaliser les gestes les plus simples. Il ne prend pas soin du ballon, et fait trop trop d’erreurs sans pression de la part de l’adversaire, multipliant les pertes de balle non forcées. S’il est un bon manieur de ballon, il se laisse parfois aller et dribble loin de son corps, laissant l’opportunité à ses adversaires de lui piquer la balle.

Toujours d’un point de vue du comportement, Elfrid Payton peut paraitre apathique en manquant clairement d’agressivité sur le terrain.

Conclusion

Si Elfrid Payton était un freshman (1ère année) dans une grand fac, il serait assurément un lottery pick avec son potentiel. Malheureusement, il est un junior (3ème année) sorti de nulle part. Donc moins de hype et moins d’intérêt autour de lui. Avec ses capacités défensives, il devrait trouver un rôle dans une franchise. Reste à s’améliorer offensivement (et s’acheter un shoot en particulier) pour que ce rôle soit le plus important possible, mais aussi faire preuve de moins de nonchalance. En ayant joué que peu de matchs face aux meilleurs meneurs NCAA, il devra faire ses preuves lors des workouts privés en affrontant ses adversaires de la Draft devant les staffs NBA. À lui d’assurer pour progresser dans la hiérarchie, car il devrait passer après Dante Exum, Marcus Smart, Tyler Ennis, Shabazz Napier ou encore Zach LaVine. Quoique, avec ses qualités qui peuvent intriguer (et malgré des imperfections certaines), il est difficile de dire aujourd’hui quand sera sélectionné Elfrid Payton. 

 Source image de couverture : ESPN