John Stockton en chiffres : Aussi monstrueux que discret
Le 26 mars 2014 à 20:24 par Alexandre Martin
Un véritable look de comptable, 1m85, 78 kg, toujours bien coiffé et jamais un mot plus haut que l’autre. Voilà à quoi ressemble John Stockton, un physique de monsieur tout le monde et pas un égo surdimensionné ce qui est très rare dans la Grande Ligue ! Et pourtant, lorsqu’il s’agit de se lancer dans une discussion (interminable) ayant pour but d’établir un top 5 des meilleurs meneurs dans l’histoire NBA, ce bon vieux Stock’ devient vite incontournable.
Et oui ! Car John Stockton n’a pas que le look d’un comptable, il a aussi la même propension à aligner les chiffres même si ces derniers sont complètement dingues. On le sait tous l’ex-jazzman est le passeur le plus prolifique de l’histoire avec ses 15 806 caviars délivrés en carrière et il est également l’intercepteur le plus prolifique avec ses 3 205 ballons volés. Deux records absolument monstrueux qui ne sont pas près d’être battus tant les rivaux potentiels sont loin. Evidemment, il y a parfois des mauvaises langues pour nous rappeler que ces deux records sont avant tout le fruit d’une grande longévité sur les parquets et de la présence de Karl Malone en tant que grand finisseur aux côté du meneur…
Utiliser des arguments aussi peu solides c’est oublier beaucoup d’éléments. Premièrement, jouer 1 504 matchs de NBA dans une carrière, ce n’est pas donné à tout le monde. La longévité n’est pas un défaut. La preuve étant que seuls deux joueurs ont participé à plus de rencontres au cours de leurs carrières (Robert Parish avec plus de 1 600 et Kareem Abdul-Jabbar avec 1560). Deuxièmement, ces chiffres de passes et d’interceptions représentent quand même des moyennes en carrière tout simplement énormes : 10,51 passes décisives en moyenne par rencontre et 2,2 interceptions soit la deuxième meilleure moyenne de caviars distribués de tous les temps et la 7ème au niveau des ballons volés ! Donc Stockton avait bien une longévité hors normes mais ce qui l’était encore plus ce fut sa capacité à être régulier depuis ses premiers pas en NBA jusqu’à sa retraite ce qui témoigne de la qualité de l’hygiène de vie et de la préparation du bonhomme.
Très régulier et extrêmement efficace donc l’ami John. Il était aussi infatigable et jamais blessé. Sur 19 saisons, toutes passées sous le maillot du Jazz, Stockton a disputé la totalité des matchs de 17 d’entre elles ! Bon il était remplaçant sur ses trois premières saisons donc il jouait moins de minutes mais, par la suite, ce sont bien 82 matchs en tant que titulaire que disputait le comptable tous les ans, sans broncher, sans un mot plus que haut que l’autre mais toujours en dirigeant parfaitement le jeu de son équipe. Et une fois cette période de “rodage” effectuée sur le banc, Stockton a envoyé 10 saisons d’affilée (de 1987 à 1997) en double double (points et passes) dont les 9 premières où il a été meilleur passeur de la ligue tout en étant également meilleur intercepteur sur deux d’entre elles (89 et 92) !!
Statistiquement, ses deux saisons les plus prolifiques sont 89/90 et 90/91 avec un peu plus de 17 points de moyenne tout en distribuant 14,5 passes par matchs. Oui, ça fait des lignes statistiques très sérieuses. Des lignes statistiques qui, compilées à celles de son copain Karl, ont souvent permis d’emmener le Jazz assez loin en post-season.
Surtout qu’en plus, notre camarade comptable était tout à fait capable de scorer. Avec son shoot très fiable aussi bien à mi-distance (54% en carrière) que derrière l’arc (38,5% en carrière) et une belle vitesse de drive, ce sont presque 20 000 points (19 711) que Stock’ a empilé en 19 saisons. Ce qui fait 13,1 points en moyenne par rencontre et donc une carrière en double double points/passes de moyenne. A part Magic Johnson, aucun autre joueur n’a réalisé cet exploit dans l’histoire de la NBA. D’autant qu’il n’est pas anodin de noter que le fameux n°12 ne perdait qu’à peine 3 ballons (2,8) par match. Bonjour le ratio Caviars/Shaqtin de dingue !!
Par deux fois, en 1997 et en 1998, Stockton et son Jazz disputèrent les Finales NBA sans pouvoir les gagner car ils ont buté, à chaque fois, sur les Bulls de la triplette Jordan-Pippen-Rodman. Pourtant, en 1997, le Jazz sortait d’une saison fabuleuse (64-18), Malone venait d’être élu MVP et Stockton assurait toujours autant. Le Jazz a effectué un superbe parcours en playoffs avant de craquer face aux taureaux. C’est même John Stockton qui a envoyé son Jazz en finale pour la première fois de son histoire avec ce game winner plein de sang-froid au Game 6 des finales de Conférence face aux Rockets ! Comme quoi le comptable savait se transformer en assassin au bon moment, quand son équipe en avait le plus besoin. Le Jazz était mené de 13 points avec moins de 7 minutes à jouer mais l’ami Stockton planta 15 de ses 25 points dans ce laps de temps y compris cet énorme 3 points que les texans ne sont pas prêts d’oublier…
Ah John Stockton… Un monstre statistique, 10 fois All Star, dont les qualités de gestionnaire n’ont eu d’égal que sa régularité au plus haut niveau jusqu’à 40 ans. Un des meilleurs meneurs de l’histoire NBA qui n’aura jamais été champion, jamais été MVP mais qui aura marqué la franchise du Jazz et la planète basket dans son ensemble ! En toute discrétion bien sûr…
Le fameux Game Winner face aux Rockets en 1997
Mix Highlights en Carrière
Source images : Sports Illustrated / USA Today /ESPN