Playoffs Revival : le chef d’œuvre inutile de Rajon Rondo
Le 18 nov. 2013 à 14:50 par David Carroz
La saison régulière, c’est sympa, les matchs se multiplient, mais on ne regarde parfois certaines rencontres que d’un œil discret. Pour vous aider à tenir dans ces instants difficiles, voici un de nos petits retours sur les grands moments de l’histoire des Playoffs. Parce que c’est à cette période de la saison que les légendes naissent et que les fauves sortent les crocs.
Après Allen Iverson la semaine dernière pour débuter cette rubrique, focus sur un autre meneur de moins d’1m85 dont le talent dépasse largement la taille, j’ai nommé Rajon Rondo. En 2012, il réalise une prestation d’exception face au Heat de Miami en finale de conférence, qui malheureusement ne suffira pas à faire tomber le futur champion NBA. Performance qualifiée à l’époque par Magic Johnson “Plus grande qu’il ait vue en Playoffs de la part d’un arrière”. Exégéré ? On sait que Magic peut raconter de la daube, mais là on a du lourd. Remember.
Le contexte : affrontement entre deux Big 3
Après avoir éliminé Boston en demi finale de conférence en 2011, le Heat retrouve les C’s sur sa route vers le premier titre du Big Three James-Wade-Bosh, mais pour la dernière marche avant les Finals cette fois-ci. Miami présente le 2ème bilan à l’Est (46-20), derrière les Bulls, et a disposé de New-York (4-1) puis d’Indiana (4-2) pour atteindre ce stade des Playoffs. Emmenée par un Lebron James qui a remporté son 3ème trophée de MVP, la franchise de Floride semble lancée vers le titre, au moins celui de champion de Conférence. En face des joueurs de Spoelstra donc, les Celtics. Pas toujours brillants, souvent irréguliers, ils ont tout de même fini avec le 4ème bilan à l’Est, et le meilleur de leur division (39-27). Leurs Playoffs sont à l’image de leur saison, laborieux. Après avoir éliminé Atlanta en 6 rencontres, ils doivent attendre le match couperet pour se défaire de vaillants mais limités Sixers. Rajon Rondo, meilleur passeur de la saison régulière (11,7 assists/match) prend doucement le pouvoir au sein d’une équipe vieillissante, mais toujours aussi compétitive lorsque les matchs importants arrivent. Pierce, Garnett et Allen comptent bien mener la vie dure aux Floridiens et s’inviter une dernière fois aux Finales NBA. Miami veut profiter de l’avantage du terrain pour passer l’obstacle Boston le plus rapidement possible. Après une première victoire 93-79, le Heat ne veut pas relâcher la pression lors du Game 2.
La performance : en fait Rajon Rondo sait scorer
Boston prend le match par le bon bout, avec un Rajon Rondo parfait dans son rôle de leader offensif. Il dicte le tempo de l’attaque des C’s et permet à son équipe de compter jusqu’à 15 points d’avance pendant la première mi-temps. Mais ce n’est pas suffisant, puisqu’à la faveur d’un 35-22 au troisième quart, Miami reprend la main sur la rencontre. Un dernier effort des Celtics et un shoot à 3 point de Ray Allen à 34 secondes de la fin amènent les deux équipes en prolongations. Déjà auteur d’une prestation remarquable (32 points, 8 rebonds et 10 passes à ce moment du match), Rajon Rondo prend alors la rencontre à son compte.
La prolongation pourrait être résumée ainsi: Rondo score. Miami répond. Rondo marque. Miami égalise. 12 points, dont deux shoots longue distance pour le Celtic qui porte son équipe.
“Il était absolument phénoménal” reconnaît d’ailleurs Doc Rivers à la fin du match. “Il a pris toute son équipe sur ses épaules […] Il a tout fait de juste.”
Tout juste? Presque, du moins jusqu’à 1 min 37 de la fin de l’overtime. Le meneur des Celtics tente un lay-up et semble être touché à la tête par le bras de D-Wade venu pour tenter de le contrer. No call de la part des arbitres. Hors de lui, il doit être calmé par Doc Rivers. Mais le mal est fait, Boston ne reviendra plus dans le match, malgré les 12 pions de RR lors de cette prolongation, pour porter son bilan à 44 points (16/24 aux tirs, 2/2 à 3 points), 8 rebonds, 10 passes et 3 interceptions sans sortir du terrain (53 minutes). Phénoménal.
“Nous avons perdu. C’est aussi simple que cela” répondait bougon Rajon Rondo lorsque sa performance fût évoquée après le match.
Peu importe, sa prestation appelait une attention particulière. Il s’agit tout simplement d’une des plus grosses performances individuelles de l’histoire des Playoffs. Elle méritait juste une meilleure fin.
“Il a joué avec son cœur, il a sonné la charge pour nous offensivement, il shootait, il a fait tout ce que nous pouvions lui demander,” déclarait Paul Pierce. “Vous détestez juste voir un tel effort gâché.”
La suite : fin de cycle à Boston
Toujours portés par un grand Rajon Rondo – 45,2 minutes, 20,9 points à 49% dont 30% du parking, 6,9 rebonds, 11,3 passes, 1,9 interception – les Celtics vont remporter les trois matchs suivants pour prendre l’avantage dans la série. Malheureusement pour eux, ils n’arrivent pas à conclure et c’est Miami qui passe en 7 matchs, mettant fin par la même occasion à l’histoire du Big Three de Boston, puisque Ray Allen rejoindra la Floride l’été suivant. Lors de ce dernier match, RR sort un triple double, 22 points, 10 rebonds et 14 passes, inutile pour permettre à Boston de se qualifier. Il se blesse l’année suivante. Pierce et Garnett ont été échangés à Brooklyn. Rajon Rondo ne sera jamais le franchise player espéré à Boston et il traine son caractère loin du Massachusetts, avec moins de réussite ou de régularité.
Quand on voit les galères connues par Rajon Rondo après sa blessure, on ne peut que regretter de ne pas avoir connu plus de performances de ce niveau de sa part.