L’US Airways Arena : il y avait des balles à Washington bien avant Gilbert
A chaque salle NBA son âme, ses anecdotes et ses bannières accrochées au plafond. Toutes les arènes sont uniques et leurs couloirs cachent bien souvent des secrets qui révèlent leur histoire et leur personnalité. Direction le Maryland et plus particulièrement Landover dans la banlieue de Washington D.C., pour une visite guidée de l’US Airways Arena qui accueillait les Bullets entre 1973 et 1997.
La fiche
- Dernier nom : US Airways Arena
- Noms précédents : Capital Centre, USAir Arena
- Adresse : 1 Harry S. Truman Drive
- Ville : Landover, Maryland
- Date d’ouverture : 2 décembre 1973
- Date de fermeture : 1999
- Démolition : 15 décembre 2002
- Capacité : 18 756 personnes
- Propriétaire : Washington Sports & Entertainment (Abe Pollin)
- Surnoms : Cap Centre, The Cap
- Successeur : Capital One Arena depuis 1997
Histoire
Situé dans la banlieue est de Washington D.C., le bâtiment ouvre le 2 décembre 1973 après les travaux réalisés par Shaver Partnership et les ingénieurs de chez Geiger Engineers. Les locataires étaient donc les Bullets, dès l’ouverture, puis un an plus tard en 1974 s’installent les Capitals (hockey sur glace). Le basket universitaire arrive en 1981 avec l’équipe de Georgetown, les Hoyas. Entre 1994 et 1997, une équipe de futsal jouera également dans cette salle, les Warthogs. Précédemment nommée Capital Centre et USAir Arena, ce n’est qu’en 1997 que le nom d’US Airways Arena prend possession de l’enceinte. Abe Pollin, ancien propriétaire de l’équipe, et la ville de Washington ont déboursé 18 millions de dollars pour la construction de ce nouveau complexe.
Pour la première rencontre des Bullets à domicile, le 2 décembre 1973, les SuperSonics se sont inclinés sur le score de 96 à 98. Grâce à un Elvin Hayes absolument monstrueux (36 points, 29 rebonds et 5 contres) l’équipe a su prendre l’avantage dans le dernier quart-temps pour décrocher cette première victoire dans l’US Airways Arena. Avec ce nouvel édifice, les fans de la balle orange possèdent désormais 18 756 places assises et doivent débourser environ 9 dollars dans les années 70 alors que le prix sera de 36 dollars de moyenne dans les années 90. Au niveau du parquet, la raquette était rouge mais le demi-cercle supérieur était rempli de blanc, le centre du terrain était rempli du logo secondaire, une espèce de donut bleu avec le centre blanc, la partie bleue étant ornée d’une multitude d’étoiles. De chaque côté du terrain on retrouvait le nom de la salle, le Capital Centre, à cheval sur les deux moitiés de terrain.
Les organisateurs devant jongler avec les différentes rencontres sportives pour proposer aux habitants autre chose que du basket et du hockey, ce ne sont pas moins de 150 événements qui prenaient place annuellement du côté du Maryland. Entre concerts et events sportifs, les gens de la capitale avaient de quoi s’occuper. Concernant le basket, la salle organisa le tournoi de l’ACC en 1976, 1981 et 1987 mais aussi le NBA All-Star Game de 1980 qui a vu George Gervin décrocher le titre de MVP de la rencontre avec 34 points et 10 rebonds. A propos des records établis sur ce parquet, Bernard King scora 52 pions sur la tête des Nuggets le 29 décembre 1990, Wes Unseld goba 30 rebonds contre le Jazz de la Nouvelle-Orléans le 6 avril 1975 alors que Kevin Porter distribuera 24 passes décisives contre les Pistons le 23 mars 1980.
Meilleur souvenir à l’US Airways Arena
On ne va pas y aller par quatre chemins, le meilleur souvenir est la saison 1977-78, campagne qui aura vu la plus belle équipe all-time Bullets/Wizards confondus, remporter le titre NBA. Tous dans la DeLorean, on part du côté de Washington. Coachée par Dick Motta pour la deuxième saison consécutive, l’équipe ne fera pas un aussi bon bilan que l’exercice précédent mais se qualifie tout de même pour les Playoffs, finissant troisième de la Conférence Est. Ils n’ont pas impressionné tant que ça cette année-là même si Elvin Hayes, Bob Dandridge et Wes Unseld livrent une belle campagne. Le premier tour se passe contre les Hawks, victoire 2 à 0, grâce aux 41 points de Kevin Grevey qui assurera la victoire lors du deuxième match. Le deuxième tour est plus compliqué, les Spurs sont menés par George Gervin, attaquant incroyable qui n’a pas à rougir non plus en défense. The Iceman sera sans doute trop seul pour espérer venir à bout du monstre à trois têtes de la capitale cependant il aura tout de même arraché deux matchs à ses adversaires. Direction Philadelphia pour affronter la meilleure équipe de l’Est composée de Julius Erving, George McGinnis et du sniper mi-distance Doug Collins. La série sera très disputée mais ce sont bien Wes Unseld et compagnie qui repartent avec une qualification en Finale NBA. Leurs adversaires ? Les Sonics, qui ont éliminé le MVP en titre, Bill Walton.
Dans un affrontement physique et très serré, les victoires s’échangent jour après jour, voyant les Sonics mener avec 3 victoires à 2 lors du buzzer du Game 5. La Maison Blanche est dos au mur et elle compte sur son public pour forcer un septième match. Défensivement monstrueux en n’accordant que 33% des tirs adverses dans cette sixième manche, le duel aura été de courte durée, 12/13 minutes tout au plus, Seattle n’aura jamais vu le jour dans cette rencontre et lâche donc, à contre-cœur, ce duel en s’inclinant 117 à 82. Dennis Johnson aura du mal à supporter la pression de ce dernier match en finissant à 0/14 aux tirs, passer la balle aurait sans doute permis à son équipe de ne pas sombrer, malgré un comeback dans la dernière période, insuffisant pour venir inquiéter Wes Unseld et Elvin Hayes. Ce dernier aura régné sur la postseason en inscrivant le plus de points (457), mais c’est bien son coéquipier, Wes, qui remportera le trophée de MVP des Finales avec 9 points, 11,7 rebonds et 4 passes décisives de moyenne sur l’ensemble des sept matchs. Avant que l’équipe des Wizards gagne un titre, l’équipe de 1977-78 restera la meilleure de l’histoire de la franchise.
Relive the Bullets’ 1978 championship season with this 40th anniversary documentary 🙌https://t.co/1yRdQJbd82 | @WashWizards pic.twitter.com/iahuTBhJ12
— NBA TV (@NBATV) April 2, 2020
Pire souvenir à l’US Airways Arena
L’heure est maintenant venue de se marrer un peu, le pire moment qui reste dans la mémoire des fans est sûrement ce jour où Kenny Walker aura joué 12 minutes pour rendre une feuille de stats… Vierge. Le 11 décembre 1993, l’ailier des Bullets aura réalisé un record de nullité en NBA : il n’a contribué à aucune statistique durant le match. En l’espace de 12 minutes, il n’aura pas inscrit de point, pas pris de rebond, pas réalisé de caviar ni volé de ballon ou contré quelqu’un. Au-delà de n’avoir rien inscrit, il n’aura même rien fait puisqu’il n’aura pas tenté un seul tir ! Pas de faute subie non plus, le gars aura vraiment été sur le terrain pour courir, faire son petit jogging. Tenant du record le plus pété de la Ligue, certains joueurs s’en seront rapprochés, comme Tony Snell contre le Jazz lors du 24 février 2017 où l’ailier n’aura rien fait en 28 minutes de jeu, il aura juste perdu un ballon et récolté 4 fautes. Un vrai plot mais étant donné qu’il inscrit une unité dans deux statistiques, il ne détrône pas le roi de la fainéantise Kenny Walker. Friand de record en tout genre, voilà qui devrait alimenter vos connaissances.
Maillots retirés au plafond de l’US Airways Arena
- #11 : Elvin Hayes, le 20 novembre 1981
- #25 : Gus Johnson, le 13 décembre 1986
- #41 : Wes Unseld, le 3 novembre 1981
Palmarès à l’US Airways Arena
- Champions NBA (1978)
- Champions de Conférence (1975, 1978 et 1979)
- Champions de Division (1974, 1975 et 1979)
- Meilleur bilan : 60-22 (1975)
- Pire bilan : 21-61 (1995)
La suite
L’arène a été détruite par implosion le 15 décembre 2002 pour faire place à un centre commercial, The Boulevard at the Capital Centre. Déménagement au MCI Center (actuel Capital One Arena) pour la saison 1997-98, la franchise en profitera pour changer également de nom, devenant ainsi les Washington Wizards. Le parquet aura vu les sneakers d’une multitude de joueurs pendant ses 24 ans d’existence mais à un moment il faut effectuer des changements, les rénovations ne suffisent plus.
C’est donc en décembre 2002 que tous les souvenirs sont partis en fumée avec la démolition du seul parquet de la franchise ayant assisté aux Finales NBA et au titre suprême. En attendant que John Wall et Bradley Beal amènent à nouveau l’équipe au sommet, les Bullets sont le seul moyen de se réconforter.
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