Édito : à Chicago, l’espoir est effectivement le pire des maux
Le 06 déc. 2025 à 10:51 par Nicolas Vrignaud

Après un début de saison aussi surprenant que tonitruant sportivement, les Bulls ont retrouvé leurs attributs préférés : l’inconstance et le doute sur le parquet. Cette nuit, ils ont été battus par les Pacers, et il n’y pas eu grand chose à y redire (105-120).
« L’espoir est le pire des maux, car il prolonge les tourments de l’être humain. » – Friedrich Nietzsche
Il paraît infiniment loin, ce temps où les Bulls gagnaient des matchs à la pelle, avec un Josh Giddey impérial et un groupe qui donnait du coeur sur les parquets. Ces Taureaux déchaînés ont laissé place aux Agneaux, innocents incapables d’être sûrs d’eux, multipliant les erreurs et les défaites. Cela pour « retrouver » leur zone de confort, le ventre mou et sans saveur de la ligue.
Sur les réseaux sociaux, les fans de la franchise sont partagés en un mélange de colère, de tristesse mais peut-être pire que tout ça, d’indifférence. Indifférence pour une équipe qui n’est que trop habituée à ne rien jouer, qu’il s’agisse de garanties de recrutement d’un jeune à haut potentiel ou d’une épopée printanière sérieuse.
Les maux dont souffrent les Bulls sont nombreux, et s’ils n’ont pas produit le pire basketball de leur saison cette nuit contre des Pacers guidés par un remarquable Pascal Siakam (36 points), c’est l’accumulation qui achève toujours un peu plus cette franchise. Les six victoires de début de saison comme un nuage enivrant de dopamine, d’adrénaline… mais comme toute utopie, la réalité n’est jamais loin. Et elle frappe ces Bulls avec une violence aussi froide que logique.
L’attitude en jeu, la défense qui s’oublie trop, le caractère très (trop) léger d’un groupe qui ne supporte pas (plus ?) de commettre des erreurs bêtes et qui se punit lui-même en ne s’autorisant plus les efforts de repli. On tente bien de se raccrocher aux quelques branches qui veulent bien tenir : Coby White montre de belles choses de temps en temps, Matas Buzelis aussi.
Nikola Vucevic, avec toute la sympathie qu’on a pour la personne, est aujourd’hui un joueur qu’on pourrait décrire comme extrêmement catalysé par l’ambiance. Remarquable quand tout va bien, oubliable quand le groupe ne produit rien. Un baromètre de l’envie collective, à qui on peut reprocher de ne pas fournir certains efforts, à qui on pardonne bien volontiers d’en avoir marre.
Josh Giddey retient tant bien que mal ce gouvernail défaillant, sans doute partiellement saboté par une direction qui, telle un enfant pourri gâté, n’a jamais su faire de choix quant au futur de cette équipe. À ne pas vouloir se fermer de portes, les Bulls se les verrouillent toutes.
Billy Donovan, un coach sans trop de principes mais bien opportuniste, jouant sans doute d’une direction trop bonne pâte pour se conforter sur un banc où il n’a sans doute plus sa place depuis longtemps.
Les rêves sont permis, mais dans la nuit épaisse et sans lune de Chicago, ils restent simplement des rêves. Pour l’instant ?
