Chicago Bulls : et si elle était là, la belle surprise de ce début de saison ?
Le 01 nov. 2024 à 16:50 par Thibault Mairesse
Les Chicago Bulls font un bon début de saison grâce notamment à un joli collectif et une équipe qui joue sans complexe. Et si – pour une fois – les fans des Taureaux pouvaient avoir un peu d’espoir ? C’est tout le mal qu’on leur souhaite.
Un style de jeu bien identifié (pour une fois)
Grande nouveauté à Chicago, l’équipe a quelque chose qui ressemble à une identité. Les fans tout comme les joueurs ne doivent pas être habitués, tant depuis quelques années le jeu proposé ne ressemblait pas à grand-chose.
Cette saison, les Bulls semblent faire front commun derrière un triptyque : jeu très rapide, tir à 3-points, et défense pas dégueu.
Après 5 matchs – l’échantillon est faible, mais on fait avec ce qu’on a – les Taureaux possèdent la 7e meilleure défense de NBA. En comparaison, l’an passé, ils avaient la 9e pire défense de toute la Ligue. Chicago a particulièrement étouffé Orlando en deuxième mi-temps l’autre jour (37 points encaissés à peine), ce qui booste leur rating global (108,4 points encaissés pour 100 possessions). Tenez, petite séquence sympa d’Ayo Dosunmu qui lockdown Jalen Suggs dans le money-time :
Jalen Suggs vs Ayo Dosunmu to try to tie the game on the final possession
Bulls win pic.twitter.com/QaY8dN6l8M
— Hoop Informatics (@HoopInformatics) October 31, 2024
Deuxième point, les Taureaux galopent. Dit comme ça, la phrase ressemble à un pléonasme. Alors oui, si on était en pleine nature, il serait logique de voir un tel animal courir. En NBA, les choses sont différentes, mais Chicago est l’équipe qui joue le plus vite avec la pace la plus élevée, et de loin (107,5). En plus de ça, les Bulls sont la troisième équipe NBA qui tente le plus de tirs à 3-points, avec plus de 44 tentatives par soir à 38% de réussite !
Troisième point et on ne serait expliquer d’où ça sort tant on a été déçus les saisons précédentes, mais les Bulls ne lâchent rien cette année comme en témoignent leurs deux dernières victoires. Ils ont remonté un retard de 20 points contre les Grizzlies, pour s’imposer. Le scénario s’est répété contre Orlando, avec un obstacle en plus à savoir la blessure de Zach LaVine. Dans ce cas de figure, personne n’aurait rien dit si les hommes de Billy Donovan s’étaient inclinés. Pourtant, il n’en fut rien. Chi-Town a peu à peu remonté son retard pour se défaire du Magic dans les derniers instants avec une victoire 102 à 99. Le bilan après cinq matchs ? Trois victoires pour deux défaites.
“Nous avons beaucoup de compétiteurs dans ce vestiaire. Des gars qui n’aiment pas perdre et qui aiment gagner. Je pense que cela se ressent dans la manière dont nous jouons. Nous devons nous concentrer sur les raisons qui entraînent ces déficits. Contre les meilleures équipes, on ne pourra pas remonter 20 points de retard.” – Patrick Williams
En bref, les Bulls se donnent, jouent vite, n’hésitent plus à dégainer et montrent qu’ils ont du répondant. Tous ces éléments font de Chicago une équipe kiffante à voir jouer. Et personne – en pleine possession de ses moyens – n’osait prononcer cette phrase il y a encore deux semaines.
Des joueurs qui performent dans un bon collectif
Pour qu’un groupe fonctionne, il faut des individualités qui performent. C’est d’autant plus vrai en NBA.
Chicago dispose d’un fort trio de tête qui réussit son début de saison. Le premier, c’est Zach LaVine. Le numéro 8 était membre du gros dossier de l’été dans l’Illinois. Partira ? Ne partira pas ?
Le dunkeur devait proposer ses services ailleurs – au hasard à Los Angeles – mais les offres ne sont jamais arrivées sur le bureau de Marc Eversley. Face à l’absence d’options, Billy Donovan et Zach LaVine ont mis les choses à plat pour repartir sur des bases nouvelles. Une méthode qui fonctionne si on se fie à son début de saison à 23 points et 6 rebonds de moyenne (51% au tir, plus de 43% de loin). Deux lectures face à cette ligne de stats : soit l’ex-All-Star a réellement fait le deuil de son transfert et se dédie entièrement à Chicago, soit il cherche à faire monter sa cote pour justement obtenir un trade.
Dans les deux cas, ses performances font le bonheur de Chicago.
Deuxième élément, c’est le duo Coby White – Josh Giddey. L’Australien a été la recrue phare de l’été, mais le fit avec son nouveau coéquipier du backcourt posait question. Sur les cinq premiers matchs, tout a l’air de bien se passer. La vie est tellement rose sur les lignes arrières de Chicago que le sosie de Troy Bolton part sur des bases solides de 15 points, 8 rebonds et 6 passes de moyenne. Le nouveau meneur est, en plus de ça, adroit derrière l’arc où il flirte avec les… 60% de réussite (10/17, on vous jure). Un pourcentage qui contraste avec ses dernières heures à OKC, où il avait été relégué sur le banc en grande partie à cause de son inefficacité à longue distance. Un séjour par l’Australie et voilà Josh Giddey réglé comme du papier à musique.
À ses côtés, Coby White se régale. Ses moyennes n’ont pas chuté depuis sa saison calibre MIP l’an passé (19 points de moyenne) et il est toujours capable de coups de chaud, à l’image de ce match à 35 points contre Milwaukee. Si on pensait qu’il allait devoir cohabiter avec Giddey, dans les faits, Billy Donovan semble composer une belle partition avec ses deux jeunes extérieurs.
Derrière les trois mousquetaires, Nikola Vucevic fait une saison dans ses standards d’Orlando à 20 points et 11 rebonds de moyenne. Que demande le peuple ?
Est-ce que ça peut durer ?
Comme chez toutes les équipes que personne n’attend, tout n’est pas rose pour autant. Cela commence par l’attaque.
Les Bulls veulent jouer vite et tirer beaucoup à 3-points. Une tactique qui facilite le retour défensif et qui peut expliquer leurs bonnes moyennes quand il s’agit de défendre le panier. Mais dans les faits, cette méthode est assez bancale. Si les Bulls se placent parmi le top 5 des équipes derrière l’arc, ils sont parmi les dernières à l’adresse au tir globale (7e équipe la plus maladroite en ce début de saison, moins de 44% au tir). Logiquement, avec une adresse à 3-points plutôt bonne mais une maladresse une fois la zone à 2-points pénétrée, Chicago a une attaque moyenne, la 16e de la Ligue. Tout ça pour dire que les soirs où les tirs de loin ne vont pas rentrer dedans, on ne donne pas cher de la peau des Taureaux (surtout que DeMar DeRozan n’est plus là pour jouer les pompiers à mi-distance). Attention à ne pas retomber trop vite du nuage sur lequel ils se trouvent.
Autre point qui suscite des interrogations : les rotations ou plutôt le manque de rotation. Tous les ans, avant la saison, on espère que Patrick Williams passera un cap. Tous les ans, on est déçus. Cette année, on ne va pas se faire berner. Non, Patoche ne va pas s’améliorer. Oui, il va jouer justement parce que Chicago n’a rien de mieux à proposer derrière lui. Encore 28 minutes à son compteur parce que la principale option disponible – et la seule vu les choix de Billy Donovan – c’est Jalen Smith (voire Julian Phillips). L’ailier fait un bon démarrage en sortie de banc avec plus de dix points de moyenne.
Matas Buzelis, le jeune drafté, ne devait pas forcément avoir beaucoup de minutes cette saison. Dans les faits, il n’en a pas et sa situation ne risque pas de s’améliorer. Cet été, il a déclaré vouloir s’imposer dans la rotation de Chicago grâce à sa défense pour combler ses lacunes offensives. Mais Chicago tourne bien sans lui et la défense montre déjà de belles choses sur certaines séquences, ce qui explique peut-être sa position en bout de banc.
Dernier élément à surveiller, les blessures. Lonzo Ball et Zach LaVine ont déjà rejoint l’infirmerie pour des périodes certes pas trop importantes, mais attention à ne pas voir ce joli tableau être terni par les pépins physiques.
Chicago fait une belle entame de saison. Maintenant, on sait que tous les ans, une équipe démarre fort avant d’exploser en plein vol. Espérons simplement que les Bulls ne seront pas le pétard mouillé annuel.