Luol Deng et Royal Ivey déplorent l’arbitrage après l’élimination du Soudan du Sud

C’est incontestablement la plus belle histoire de cette phase préliminaire des Jeux Olympiques de Paris 2024. Le Soudan du Sud a fait une entrée fracassante sur la scène du basketball international. Hier soir, l’équipe de Royal Ivey était même toute proche d’atteindre les quarts de finale pour sa première participation dans la compétition.

Il suffisait d’une victoire voire d’une défaite de deux points au Soudan du Sud face à la Serbie pour se qualifier pour les quarts de finale. Un scénario loin d’être irréalisable puisque les protégés de Luol Deng revenaient à un petit point dès l’entame du dernier quart-temps grâce à l’énorme activité de Wenyen Gabriel. Malheureusement, le chapitre 2024 s’est bel et bien terminé hier soir (défaite 96-85).

En zone mixte, l’entraîneur Royal Ivey ne décolérait pas, pointant du doigt un arbitrage à deux vitesses qui empêcha le Soudan du Sud de pratiquer son jeu dans des propos rapportés par TrashTalk.

“C’est une farce, c’est tout ce que j’ai à dire. Regardez les lancers-francs. Ils ont eu 31 lancers-francs et nous en avons eu 6. Il faut en parler parce que c’est une farce. Comment peuvent-ils avoir 31 et nous 6 ? Comment c’est possible ? Répondez à cette question. Nous avons eu 1 seul lancer en deuxième mi-temps !”

En première mi-temps, l’ancien NBAer reconverti dans le coaching avait reçu une faute technique pour ses coups de pression sur les arbitres.

“J’ai essayé de dialoguer mais ils ne voulaient pas me parler. Ils m’ont donné une technique. Ils étaient plus préoccupés par mes remplaçants qui se levaient du banc et ou le fait que je franchisse la ligne plutôt que d’arbitrer le match. J’ai vraiment besoin de réponses, qu’on m’explique. Je suis déconcerté. Mes joueurs ont joué dur, ils ont fait tout ce que je leur ai demandé de faire. Jokic et Bogdanovic sont de grands joueurs mais deux joueurs ne peuvent pas battre une équipe. Le Joker a été 12 fois sur la ligne des lancers-francs, expliquez moi. […] C’est blessant, vraiment. C’est une honte.”

Après le coach, c’est Luol Deng, le Président de la Fédération sud-soudanaise qui est descendu s’exprimer devant les médias :

“Je suis d’accord avec beaucoup de choses qui ont été dites par Royal. J’ai participé à beaucoup de matchs durant ma carrière. Ce soir, je pense que c’était flagrant. Nous ne pouvions pas être aussi agressifs qu’eux. […] Je ne sais pas pourquoi il n’y a pas d’arbitres africains aux Jeux Olympiques. Nous sommes en 2024. Vous pouvez dire ce que vous voulez. Si nous représentons un continent, nous devons être pleinement représentés. C’est quelque chose sur lequel on va continuer de travailler. Si ces arbitres ne sont pas habitués à notre jeu et à notre style, alors je ne sais pas ce que sont la Coupe du Monde ou les Jeux Olympiques. C’est juste du basket européen et nous ne sommes pas autorisés à être agressifs ?”

Depuis 2020, l’ancien joueur des Bulls s’est pleinement investi dans le développement du basket au Soudan du Sud, payant toutes les dépenses de l’équipe depuis quatre ans.

“Je ne cherche pas d’excuses. Oui, vous pouvez dire que la Serbie est une meilleure équipe que nous. Ils sont mieux classés et je les respecte. Mais si ce match avait été plus juste, nous aurions eu plus de chances. […] Je ne vais pas me retenir parce que je ne suis pas content et je ne suis pas ici pour m’excuser. Nous allons continuer à travailler et je vous assure que nous reviendrons encore meilleurs. C’est un sport qui nécessite beaucoup de travail. Notre programme n’a que 3 ans et demi, nous le savons. Mais nous ne sommes pas là juste en showcase. Nous méritons d’être là. Nous sommes une bonne équipe et je ne pense pas que le match ait été juste ce soir.”

À la Coupe du Monde de la FIBA 2023, le Soudan du Sud avait terminé 17è, un rang devant la France. C’était la première vraie performance de cette équipe sur la scène internationale, avec trois victoires contre la Chine, les Philippines et l’Angola. Ce samedi, on a vu que l’écart avec la Serbie s’était nettement réduit (défaite 115-83 en 2023) mais qu’il restait encore du travail à cette jeune équipe pour s’imposer comme une nation dominante sur le plan mondial. Luol Deng est conscient du chemin qu’il reste à parcourir.

“Je n’invente rien, tout le monde sait qu’il y a un énorme manque de respect envers le basket africain mais d’un autre côté nous devons développer le basket sur le continent. Nous devons construire des équipements et développer nos arbitres, nos entraîneurs et ainsi de suite. Nous le savons. Mais nous avons prouvé que le basketball africain a un vrai état d’esprit et un style qui lui est propre. Je ne cherche pas d’excuse, tout le monde le sait. En tant que continent, en tant qu’Africains, nous devons faire mieux pour développer notre sport et donner une plateforme à nos joueur pour qu’ils continuent d’exceller et c’est ce que nous essayons de faire.”

Le Soudan du Sud quitte ces Jeux Olympiques avec un bilan d’une victoire et deux défaites face aux États-Unis champions olympiques en titre et la Serbie, dernière vice-championne du monde. Il y a fort à parier qu’on les reverra très vite briller dans d’autres compétitions internationales.

“C’est une bonne équipe. Je pense qu’ils vont poser des problèmes lors des Jeux Olympiques 2028. Ils sont bons et c’est encore une équipe jeune. La plupart des joueurs ont 25 ans ou moins.” – Anthony Edwards après avoir affronté le Soudan du Sud.

Chapeau à cette équipe du Soudan du Sud 🇸🇸

La belle histoire de ces JO, des joueurs hyper attachants qui laissent leur coeur sur le terrain. Retenez bien leurs noms parce qu’on le verra très vite.

Carlik Jones, Nuni Omot, Khaman Maluach, Bul Kuol, Kuany Kuany, Wenyen Gabriel,… pic.twitter.com/1NfAL5Co4R

— TrashTalk (@TrashTalk_fr) August 3, 2024