JO Paris 2024 – avis de la rédaction : quel bilan tirer de la prépa de l’Équipe de France ?

Le 22 juil. 2024 à 15:50 par Nicolas Meichel

Vincent Collet
Source image : FIBA

Ça y est, la prépa des Bleus est terminée. C’est donc l’heure de dresser un premier bilan de l’Équipe de France avant le début des choses sérieuses dans moins d’une semaine. En quelques lignes, voici ce qu’on retient : points positifs, négatifs, à améliorer, ce qui nous donne confiance pour les JO, ce qui nous fait flipper… Chaque membre de la rédaction a donné son ressenti. 

Nico M.

Contrairement à la prépa pour le Mondial 2023, les Bleus voulaient du lourd au programme histoire de mieux se préparer aux JO 2024. Résultat : 6 matchs, 4 défaites, et 2 petites victoires contre la Turquie puis une équipe allemande affaiblie. Pas très rassurant sur le bilan purement comptable, mais on sait que les résultats sont presque secondaires en préparation.

Le problème, c’est que le contenu n’est pas très rassurant non plus. Certes, la domination défensive qu’on a pu voir en tout début de préparation – sous l’impulsion du duo Victor Wembanyama / Rudy Gobert – était source d’espoir et laissait présager une vraie identité collective sur laquelle il est possible de se reposer. Mais cette identité, elle s’est un peu effritée en même temps que le niveau de l’opposition montait. En théorie, la défense est le point fort des Bleus. En pratique ? On a vu de grosses séquences défensives mélangées à des passages beaucoup moins convaincants, où l’impact physique et l’intensité n’étaient pas suffisamment élevés. C’est quelque chose que les Bleus ne peuvent pas se permettre au vu de leurs grosses galères offensives.

Parce que oui, l’attaque, il est surtout là le gros chantier. Vous pouvez être la meilleure équipe défensive du monde, c’est dur de gagner un match de basket quand vous perdez 20 ballons par soir. Les turnovers ne sont qu’un exemple, mais elles symbolisent tristement les difficultés françaises dans la moitié de terrain adverse. Manque de fluidité en attaque, difficulté pour mettre en place les systèmes, pas assez de création offensive sur le backcourt, grosses galères dès que la pression défensive adverse monte sur les extérieurs… bref tout est dur. Le déclin affiché par les vétérans Evan Fournier et Nando De Colo fait mal, surtout que le reste des joueurs sélectionnés par Vincent Collet à l’arrière ont des profils surtout défensifs.

Cela nous amène à un point qui s’est vite révélé durant la préparation : la Wembanyama-dépendance. Présent au scoring, au rebond, à la passe et en défense, Victor est déjà indispensable à la réussite des Bleus. Si son duo avec Rudy à l’intérieur est encore un work in progress, si on peut s’interroger sur son utilisation offensive et les shoots qui sont pris, Wemby doit faire beaucoup, sans doute trop à 20 ans. Il a parfois éclaboussé les matchs de son talent en rentrant des 3+1 ou des fadeaways impossibles, mais les Bleus ne peuvent pas survivre s’ils doivent s’appuyer sur ce genre d’exploits en attaque.

Alors que les JO de Paris 2024 démarrent dans six jours, le groupe France de Vincent Collet a beaucoup de boulot pour être prêt le jour J. Certains diront que “c’était que la prépa”, et d’un côté c’est vrai, mais ce n’est pas ça qui va me rassurer au vu de la grosse compétition qui nous attend.

Giovanni

Attention spoiler, paragraphe écrit par plusieurs personnes mais dans une même tête.

L’espoir me fait espérer de grands JO car le talent intrinsèque d’une bonne partie des joueurs de l’Équipe de France peut se suffire à lui-même durant dix jours, si tant est que le mood soit bon. La raison par contre, me fait dire que tant qu’à prendre des anciens pour les récompenser de leurs travaux, autant se marrer un peu et prendre Charles Kahudi, Antoine Diot et Jérôme Schmitt.

L’espoir ? Il est Wembanyamesque, avec un monstre capable de dynamiter n’importe quelle équipe même un soir “sans”. La raison, c’est de se dire que quand Rudy Gobert pose un dribble un chaton meurt quelque part dans le monde. L’espoir, c’est aussi celui qui me fait dire que le Canada et Team USA ne sont pour moi pas aussi favoris que ce qu’on veut nous faire croire. Embiid n’est que le cinquième meilleur pivot français, LeBron est vieux, Curry petit, KD absent, Booker tout nul.

La raison ? Elle prend la phrase précédente et lui urine dessus, car la France n’a pas été capable durant cette prépa de proposer quoi que ce soit de cohérent en attaque l’espace de trois possessions de suite. La raison c’est aussi de se rappeler que les trois joueurs les plus importants du groupe ont quelque chose comme 20, 52 et 61 ans, drôle d’équilibre.

Mais l’espoir c’est aussi de ne pas être dans le groupe de la mort, plutôt de celui qui pue la mort, et de se dire qu’avec un peu de chatte à Dédé un quart abordable nous offrira déjà 75% de chances de médaille. Facile le sport non ?

Robin

Je vais me faire l’avocat du diable. Je ne suis pas rassuré bien sûr, mais toujours plutôt confiant. Les deux premiers matchs ont été extrêmement convaincants et Victor Wembanyama a prouvé qu’en FIBA, il pouvait être une équation sans réponse. L’Allemagne, avec lui, a été complètement dominée et même en son absence, nous avons longtemps réussi à résister aux champions du monde. Je suis donc toujours convaincu que nous finirons premiers de la phase de groupe et que, sauf très mauvais tirage, nous serons favoris pour nous rendre en demi-finale.

Oui, la fin de la préparation a été difficile, mais des séquences ont été positives, en défense cette équipe est capable d’élever son niveau de jeu et même sans le faire contre l’Australie (dernier match de préparation et peur de se blesser très visible), les Bleus auraient dû s’imposer à Orléans contre une équipe avec un back-court en feu. Malgré les autres défaites, le Canada est la seule équipe que j’ai trouvée largement supérieure et ce n’est malheureusement pas une surprise, c’est même plutôt logique sur le papier. Ce n’est pas une équipe que nous devrions croiser avant tard dans la compétition, du moins je l’espère.

Et si nous nous rendons bien dans le dernier carré, les rotations n’auront plus rien à voir avec celles de la prépa. Victor jouera 35 minutes et vu son +/- sur les matchs de préparation, ça change tout. Je ne peux pas m’empêcher de penser que sur une grande performance de sa part, et avec un Evan Fournier game (car il y en aura un), les Français pourraient réaliser un exploit.

Alors bien sûr, les limites de notre secteur extérieur m’inquiètent, le coaching de Vincent Collet encore plus et je ne parierais pas ma maison sur une médaille des Bleus. Ils ne sont pas dans le Top 3 des meilleures équipes de la compétition ! Mais le tirage a été clément et je pense que nous avons les qualités pour en profiter … et pour rêver d’un exploit par la suite, porté par le public français !

Julien

Est-ce que j’ai confiance en cette équipe de France pour faire le boulot pendant la phase de groupe ? Sans doute. Il y a beaucoup trop de talent pour ça. Est-ce que j’ai confiance dans un potentiel quart de finale contre une nation qui a moins bien réussi ses trois premiers matchs ? Sans doute aussi. Alors en ces jours qui précèdent les Jeux, je ne cède pas à la panique.

La panique, non. Mais la frustration, oui. Comment Dyson Daniels peut recevoir une passe sous le cercle à la dernière seconde ? Comment les failles offensives évidentes apparaissent presque de plus en plus béantes au fil des matchs ? Pourquoi Vincent Collet parle de “progrès” quand il n’y en a pas ? Comment notre défense, présentée si dominante, paraît par séquences si friable ? Beaucoup de questions, peu de réponses. Le problème, c’est le risque de se les poser de nouveau dès le 27 juillet, puis dans les gros matchs qui comptent. S’il faut jouer de nouveau l’Australie – dans un quart hypothétique – verra-t-on de nouveau Rudy Gobert poser des dribbles, entouré de quatre joueurs immobiles ?

Rudy Gobert, d’ailleurs, est peut-être ma plus grosse source d’inquiétude de cette préparation. Individuellement, pas grand-chose à lui reprocher. Mais dans le – début – de jeu collectif aperçu, son rôle m’a paru si flou. Entre les entrées de Gerschon Yabusele et Mathias Lessort ou le talent exceptionnel de Victor Wembanyama, que faire de notre Rudy national ? L’impression visuelle comme statistique ne rassure pas. Le banc, pour un joueur de son statut, est-il une solution ? Tout est poussif, et la patience a des limites.

Céleste

Un mot pour résumer toute ma pensée après ces matchs de prépa : patience. Oui, l’Équipe de France n’a pas envoyé une belle image sur ces quatre derniers matchs de prépa, mais selon moi il n’y a pas de quoi s’alarmer dans d’aussi grandes proportions. La France est tombée, quatre fois, mais face à qui ?

L’Allemagne, championne du monde en titre, quand l’EDF était sans son meilleur joueur.

La Serbie du MVP en titre, dauphine de l’Allemagne à la dernière Coupe du Monde, et qui est toujours une énorme menace en compétition intercontinentale.

Le Canada et son effectif ultra complet, qui va sûrement aller tout droit vers la Finale des Jeux.

Bref, on ne parle pas de défaites face au Brésil ou contre Porto Rico.

A la rigueur, la défaite la plus inquiétante à mon goût a été celle contre l’Australie, à mon sens, l’équipe la plus faible des quatre contre qui on a perdu, mais qui ne va pas venir à Paname pour faire de la figuration. C’est surtout la physionomie de ce match en particulier que j’ai trouvée inquiétante. Incapables de protéger l’avance de huit points qu’ils avaient accumulée en seconde mi-temps, les Bleus ont perdu en encaissant un panier dans la raquette sur remise en jeu en moins de deux secondes. Un niveau de défense collective absolument indigne d’une équipe qui est médaillée d’argent aux derniers Jeux olympiques. Ce genre d’erreurs se paiera au centuple pendant les matchs des Jeux. D’où mon analyse : les tauliers de nos lignes extérieures sont trop vieux et représentent aujourd’hui une faiblesse, un point que les équipes adverses pourront cibler.

En défense, comment ne pas penser à un bain de sang quand les Bleus croiseront un Stephen Curry ou feront face à nouveau à un Bogdan Bogdanovic ou à un Shai Gilgeous-Alexander ? Et comment justifier la présence d’un Evan Fournier ou d’un Nando De Colo quand on constate une grave baisse d’efficacité en attaque en plus de leur faible niveau défensif ? Les années ont passé, nous n’avons plus affaire à un MVP d’EuroLeague accompagné d’un joueur tournant à 20 points par match en NBA.

Malgré tout cela… patience. Patience, car la France n’a pas encore exploité à fond sa carte la plus puissante, sa carte Victor Wembanyama. Wemby n’a pas joué tous les matchs, et sur ceux qu’il a joués, il est resté sur des moyennes d’à peine 30 minutes jouées. Attention au monstre quand il va être déchaîné sur 32 minutes par soir. Son association avec Rudy Gobert marche. La raquette est hermétique. En attaque, il a progressé ces quatre derniers mois et il pourra sans problème faire office de première option. Guerschon Yabusele et Mathias Lessort sont de bonnes options en sortie de banc. Le secteur intérieur m’a donné entière satisfaction. Je pense toujours que la France sera l’une des trois meilleures équipes de ces Jeux. Et pour peu que nos arrières rentrent un minimum de tirs et ne perdent pas des ballons par cageots, les Bleus représenteront un problème pour n’importe quelle équipe qui les affrontera.

Clément

Bon, par où commencer ? L’envie de rester positif va quand même prendre le dessus pour cette préparation qui ne m’a pas rassuré, mais pour laquelle il ne faut pas non plus tout jeter.

En soi, les défaites ne sont pas forcément dramatiques, surtout quand on sait quand même qui les Bleus ont rencontré durant cette prépa. Toutefois, le jeu proposé à quelques jours de l’échéance et certaines rotations ont dû faire rétrécir pas mal de slibards depuis le début, dont le mien.

Perdre contre l’Allemagne, championne du monde en titre, contre la Serbie d’un triple MVP en NBA ou encore contre l’Australie d’un Allen Iverson déguisé en Patty Mills, ou encore le Canada qui a une sacrée gueule d’outsider pouvant gêner Team USA, n’a rien de scandaleux en soi. Par contre, la forme reste assez flippante.

A part les traditionnelles dingueries de Wemby et les coups d’éclat de Guerschon Yabusele, pas grand-chose à se mettre sous la dent en attaque et il sera tout simplement impossible de survivre ainsi pendant les Jeux Olympiques. Nos lignes arrières sont bien moins fournies que notre secteur intérieur qui tient la baraque tant bien que mal, mais les faits sont malheureusement sous nos yeux.

On le sait, les Bleus peuvent se transcender pour la plus grande compétition internationale et c’est tout ce que je souhaite. Devant leur public, eux qui ont été finalistes lors de la dernière édition, ne peuvent que positivement nous surprendre dans le contenu. Toutefois, le spectre de la dernière Coupe du Monde est encore présent et il faudra laver cet affront. On reste optimiste et on sera derrière l’Equipe de France quoi qu’il arrive, mais on sera aussi prêts à tirer à nouveau la sonnette d’alarme en cas de nouvelle déconvenue.